Sujet: Please leave me alone [Emman ♥] Mar 1 Nov - 23:39
Leave me alone Emman ♥
I
l y avait des jours où dès le réveil on savait qu’on n’aurait jamais dû se lever. Où faire la larve dans son lit nous paraissait une option tellement plus alléchante que d’aller voir ses collègues ventripotents au commissariat. Bon j’aurai préféré aussi passer la journée avec Ollie. Depuis qu’il était arrivé, on n’avait pas encore pu passer une vraie journée que tous les deux. Certes, on avait nos soirées ensembles mais j’avais besoin d’une journée avec mon frère. Passer nos soirées à discuter ou même juste regarder un film étaient supers mais cela limitait un peu nos options. Mais avoir Ollie ici avait aussi ces avantages. Notre chère mère ne passait plus son temps à me laisser des messages sur mon répondeur. Enfin si. Mais je n’étais plus le seul objet de ses plaintes. Apparemment, mon frère d’amour ne l’appelait pas assez souvent non plus. Cela nous faisait rire. Généralement le premier arrivé accueillait l’autre avec des phrases du genre « Ta mère t’a appelé » ou encore « Tu as oublié de rappeler maman ». Oui avoir Ollie ici était top. Mon bougre de frère m’avait plus manqué que je ne le lui avouerai jamais.
Après avoir éteint une bonne dizaine de fois mon réveil, je finis par m’extirper de mon lit. Complètement échevelée, je pris la direction de ma salle de bain en mode automatique pour faire une rapide toilette. J’avais besoin de ma dose de café et à en croire l’odeur alléchante qui sortait de la cuisine, mon frère l’avait aussi deviné. Je me versai une tasse fumante et vit qu’il m’avait laissé des viennoiseries sur la table ainsi qu’un verre de jus d’orange fraîchement pressé. Je souris à cette attention. C’était tout Ollie ça. Il pouvait se montrer aussi attentionné que me faire tourner en bourrique avec ses blagues vaseuses.
Ce fut donc avec un ventre bien rempli et de bien meilleure humeur que je pénétrai dans l’enceinte du commissariat. Mais bonne humeur s’envola bien vite au vu de mes collègues. Tous réunis, ils me regardèrent en ricanant. Me demandant vaguement si j’avais un morceau de croissant coincé entre les dents, je m’assis derrière mon bureau et sorti discrètement mon miroir pour vérifier mon visage. Rien à signaler. Levant les yeux au ciel, je me concentrai sur un des dossiers que j’avais en attente.
« Rosebury ! Homicide dans le Nord. Prends une équipe et Trapper avec toi. »
Je ne pus même pas protester sur le choix de mon partenaire que le chef disparu dans son bureau. Je soupirai et regarda Trapper avant de l’apostropher
« T’as entendu le chef Trap ? On y va ! »
A le voir, il était aussi ravi que moi de notre association. Nous nous rendîmes donc sur les lieux et le spectacle qui s’offrit à nos yeux fut l’une des pires scènes que j’avais vues jusqu’à aujourd’hui. Je ressorti précipitamment pour rendre tout ce que j’avais mangé ce matin. Trapper m’avait suivi et alors que je m’attendais à devoir subir ses moqueries, je vis qu’il était aussi blême que moi je devais l’être. Sans un mot, nous sommes restés cinq minutes dehors avant d’y retourner. Ce furent l’heure la plus pénible de ma vie et lorsque nous rentrâmes au commissariat, le chef nous renvoya chez nous avant de dire que le psychologue serait là pour notre entretien. Génial… Non seulement, j’allais devoir rentrer seule mais en plus j’allais devoir parler à un toubib… Mais je devais avouer que je ne me sentais pas de rester là toute la journée comme je ne me sentais pas de rentrer chez moi et de voir Ollie qui allait certainement s’inquiéter…
Alors je commençai à errer dans la ville. Je n’avais pas les idées claires ça c’était sur. Je bousculai un homme sans y prêter la moindre attention. Levant alors les yeux pour m’excuser, je vis que l’inconnu n’était pas si inconnu que ça. Damian. Evidemment que c’était Damian. C’était toujours Damian. Soupirant, je lui dis alors
« Bonjour Monsieur Wright, excusez-moi je ne vous avais pas vu. Au revoir »
Tant pis pour la politesse, je le plantai là sans autre forme de procès. Je n’étais pas d’humeur à subir les sarcasmes de l’antiquaire voleur. Les images de ce matin tournaient en boucle dans mon esprit m’empêchant de penser à autre chose, de voir autre chose… Je ne remarquai même pas la voiture qui fit une embardée pour éviter de me rentrer dedans pas plus que je n’entendis le klaxon et la flopée d’injures qui s’ensuivirent… Non, j’étais vraiment dans un autre monde… Mes pas se dirigèrent vers le petit parc et par automatisme je grimpai sur le pont pour m’asseoir sur la rambarde pour y laisser mon regard dans le vide…
WILDBIRD
lieutenant
Shin Lee
INSCRIT DEPUIS LE : 05/08/2014 MESSAGES : 2335 POINTS : 10664
Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Sam 19 Nov - 22:09
Leave me alone Emman ♥
Q
uelle est la chose la plus puissante en ce monde ? Plus influente encore que la cocaïne. Que le sexe. Les manigances politiques. Quelque chose qui trace le chemin de bon nombre d'êtres humains tout au long de leur misérable vie. Quelque chose d'assez fort et habilement manié, pour décider aussi bien du bonheur, comme de la mort. Et pourtant d'apparence si inoffensive.
La religion, bien évidemment. Combien d'entre nous s'imagine réellement la taille du compte bancaire du Vatican, humble secouriste des plus pauvres ? Sans parler des mille et unes merveilles conservées dans leurs locaux empreints d'or et d'eau bénite.
Je suis probablement l'une des nombreuses victimes de cette institution, autant que ces vieilles dames avec leur crucifix au-dessus du lit. Peut-être bien parce qu'il y avait énormément d'objets de ce genre dans l'orphelinat où j'ai grandi. L’Italie est bercée par la religion chrétienne, aussi sûrement que les pâtes fraîches font sa réputation. Combien de fois ai-je vu la grosse Marta presser ses doigts dodues ensemble, adressant une petite prière au ciel sans même en prendre réellement conscience ? Combien de fois ai-je aperçu les bancs étroits de l'église du coin remplis de bonnes familles ? Et combien de fois ai-je admiré les reflets hypnotisant des trésors exposés autour de l'hôtel de la chapelle ? Les pierres incrustées, les reliques sans âge, l'or polie et soigneusement conservé …
C'est un fait. J'ai toujours trouvé un charme irrésistible à ce dogme plein de bonté et de richesses. Et c'est ce qui a mené mes pas jusqu'ici aujourd'hui. Mains dans les poches, un discret sourire satisfait aux lèvres, j'admire sur le trottoir d'en face la somptueuse cathédrale de Manchester. Sa tour unique surplombe la rue avec impériosité. Les passants, pourtant, ne prennent pas la peine comme moi de lever les yeux vers la beauté de ce bâtiment.
Un courant d'air de couloir s'est glissé jusqu'à mon oreille, l'autre soir. Par un événement tout aussi malencontreux que hasardeux, j'ai appris la réception de cierges et autres objets inestimables par cette église dans les jours à venir. Croyez en mon talent, ou en celui particulièrement efficace de la croyance religieuse, plusieurs riches acheteurs de l'autre bout du globe attendent déjà que je leur ramène de si précieux présents.
J'étudie la bâtisse sans broncher. Les habitants de Manchester se déversent autour de moi, m’entourent comme une même et unique masse, mais jamais ne font réellement attention à ma personne. Je ne suis qu'un badaud. Un touriste un peu encombrant, encore un, mais rien qui ne vaille plus la peine que de le contourner sans une once d'intérêt. Mentalement, je prends note de tout détail aussi infime mais important soit-il. Il me faut connaître les lieux de mon méfait sur les bouts de doigts, et bien plus encore. Mes principaux et premiers repérages s'opéreront à l'intérieur de la cathédrale, entre ses alcôves plongées dans la pénombre, et ses hautes colonnes de pierre. Néanmoins j'aime prendre le temps de m'imprégner de l'endroit, et surtout d'en repérer tous les chemins de fuite.
Une épaule vient abruptement heurter mon bras et troubler mon silencieux manège. Une étrange surprise mêlée d'une légère pointe d'appréhension se peint sur mes traits, alors que les yeux de l'inspectrice Rosebury rencontrent les miens. Ma chère fliquette, venue justement traîner autour de mon futur lieu de crime ? Si je crois aux coïncidences, celle-ci est bien trop dérangeante pour que je laisse cette histoire entre les doigts capricieux du destin. Mais, plus étonnant encore, la demoiselle s'excuse et s’esquive en quelques mots à peine audibles. Je hausse un sourcil sceptique, et tourne sur mes talons en même temps qu'elle pour la suivre du regard. Son teint est livide, ses iris ternes, et ses pieds traînants. La Emma d'aujourd'hui me rappelle celle qui a débarqué dans ma boutique l'autre jour, brandissant des débuts de preuve à mon encontre, avant de s'écrouler de fatigue à mes pieds. À la différence près, qu'à présent la flamme dévorante au fond de ses pupilles semble avoir été mise en sourdine.
Mon attention file à nouveau vers la haute silhouette de la cathédrale, avant de retombe sur celle, bien plus fétiche et déplorable, de la Rêveuse. Une voiture klaxonne furieusement en l'évitant de peu. Un vrombissement furieux de moteur retentit dans la rue, laissant derrière une jeune femme complètement imperméable au reste du monde. Mes épaules s'affaissent légèrement alors qu'un léger soupir m'échappe. L'église peut attendre. Elle ne bougera pas de là. C'est sur ce raisonnement que j'abandonne mon poste pour finalement emboîter le pas à cette femme qui ne désire rien de plus que de me voir croupir en prison.
Le décor change. Le vert se fait une place, tandis que les passants se font de moins en moins nombreux. Emma continue son chemin sans même s'apercevoir un seul instant que je la suis à légère distance. Mes pas s'arrêtent lorsqu'elle grimpe sur un pont. Sans un mot, je l'observe s'approcher de la rambarde. En dessous, l'eau poisseuse de la rivière pleine de végétaux aquatiques clapote discrètement. Si je pensais qu'elle allait s'accouder là pour se perdre dans le spectacle pourtant fort peu captivant du courant, je me fige de haut en bas en découvrant qu'il en est tout autre. Ma fliquette se hisse sur la barrière et s'y perche fermement en regardant résolument vers le bas.
Je fronce les sourcils. Pourquoi Emma fait-elle toujours ça ? Me mettre dans de grandes situations de remise en question, je veux dire. Comme ce fameux jour où elle a mis le doigt sur un élément de mon passé, juste avant de faire un malaise devant moi. Comme cette nuit catastrophique où plusieurs Cauchemars se sont mis en tête de se régaler de ses banals petits songes. Comme aujourd'hui, alors qu'elle semble à deux doigts de sauter pour faire le grand plongeon, avec sa mine de dépressive au bord du suicide.
Que c'est agaçant. N'y a-t-il donc personne d'autre dans le coin pour s'occuper d'elle et de ses problèmes existentiels ? Ce ne sont vraiment pas mes affaires. J'ai des choses bien plus importantes à régler. Où est donc passé ce Gardien prétentieux présenté comme étant son frère ?
Pestant intérieurement contre elle, contre la planète entière, et contre moi-même, je romps la distance et la rejoins au milieu du pont. Sans autre forme d'introduction, ma main vient enserrer son bras et la tirer un peu en arrière.
- Qu'est-ce que vous fichez, idiote ? Descendez de là. Et laissez ces pauvres poissons en dehors de vos idées suicidaires.
WILDBIRD
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Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Mar 20 Déc - 22:48
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F
ixant le cours d’eau sans vraiment le voir, je laissai vagabonder mon esprit. Combien de fois ai-je fait cela dans mon petit village natal ? Beaucoup de fois. Bien trop de fois diraient mes proches. Je ne savais pas pourquoi mais quand je ne me sentais pas bien ou encore que j’avais besoin de me vider l’esprit et que je savais ne pouvoir me concentrer sur rien, je trouvai le premier cours d’eau venu pour m’y perdre. Grimper sur des rambardes, je l’ai toujours fait. C’était donc un automatisme. En fait, je fonctionnais en mode automatique. Mon esprit était tourné vers la scène de ce matin. J’avais beau essayé de toutes mes forces de ne pas y penser c’était tout bonnement impossible. Durant toute ma courte carrière, je n’avais rien vu de tels. Oh, je n’étais pas naïve au point de croire que cela n’existait pas. A l’école de police, on nous avait fait travailler sur des cas réels et certains étaient terribles psychologiquement parlant. Mais vous savez ce que l’on dit. Entre la théorie et la pratique…. Et je peux vous dire que toute la théorie du monde ne vous prépare en rien à cette scène. Je sais que j’ai choisi ce métier en connaissances de cause mais parfois c’était dur. Très dur même.
Je ne pouvais en parler à personne. Il fallait bien avouer que je ne m’étais pas beaucoup liée à mes collègues. Ces derniers étaient bien trop occupés à me railler. Ma condition de provinciale et le fait de n’être qu’une pauvre femme selon eux étaient deux critères qui ne passaient pas à leurs yeux. Et je ne pouvais certainement pas parler à ma famille. J’imaginais déjà la tête de ma mère en apprenant qu’une histoire pareille se produisait dans la ville où ses deux plus jeunes enfants habitaient. Un petit sourire vint étirer mes lèvres à cette pensée. J’hésitai entre la syncope et le débarquement immédiat. Mais la petite éclaircie parmi les sombres pensées qui m’habitaient fut vite troublée par une poigne sur mon bras.
Me sentant tirée légèrement en arrière, je me retournai et vis ce cher Monsieur Wright. Je le dévisageai avec surprise. M’avait-il suivi jusqu’ici ? Dans quel but ? Pour une fois que je le laissai tranquille ne pouvait-il en faire autant ? Mais aux mots qu’il prononça, j’en restai un instant la bouchée bée. Mais quelles conneries racontait-il ? Idées suicidaires ? Moi ? Mais pour qui il me prenait ?
« Vous me croyez vraiment stupide au point de croire que tomber de ce pont ridicule allait me tuer ?! Si c’est ça, c’est vous qui êtes un sombre idiot Damian ! Maintenant lâchez moi ! »
En même temps que je lui assénai cette dernière phrase, je retirai violemment mon bras de son emprise. Mal m’en prit car je perdis l’équilibre. Moulinant des bras d’une manière tout sauf élégante j’en étais sure, je finis néanmoins ma course au fond de la rivière. Je refis surface crachant l’eau infâme. Nageant vers la rive, je me remis sur la terre ferme. Maudissant Damian à voix haute sans crainte d’être entendue, je fixai le jeune homme, qui m’avait rejoint, avec colère.
« Félicitations ! A cause de vous, je dégouline de partout ! Nan mais pour qui vous vous êtes pris hein ?! »
J’étais furieuse. Ça c’était le moins qu’on puisse dire. Je ne détestais pas me baigner mais j’aurais préféré choisir le moment et surtout le lieu pour le faire ! Bon Dieu, si je pouvais je lui en collerai une à lui et à son petit sourire moqueur ! Et évidemment, une petite bise vint à ce moment-là nous caresser provoquant des tremblements de ma part. Je n’étais pas spécialement frileuse mais vous avez déjà eu affaire à un souffle de vent glacial alors que vous êtes mouillée jusqu’à la moelle ?
Merci Damian Wright !
WILDBIRD
lieutenant
Shin Lee
INSCRIT DEPUIS LE : 05/08/2014 MESSAGES : 2335 POINTS : 10664
Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Jeu 29 Déc - 22:01
Leave me alone Emman ♥
L
a situation pris une tournure toute particulière, lorsque l'inspectrice Rosebury piqua directement du nez au fond de la rivière poisseuse de vase. Ma première pensée fut de me dire que, cette fois, elle allait utiliser ce motif pour m'emmener de force au poste de police, pour violence sur agent de l'ordre public. Puis finalement, le ridicule de la situation l'emporta. Emma émergea de l'eau, une vieille algue verdâtre en travers des cheveux, pestant de rage en rejoignant péniblement la rive. C'en est décemment trop. Il me fut totalement impossible de contrôler mon hilarité. Plié en deux, j'explose de rire en m'appuyant à la rambarde du petit pont de bois pour ne pas me rouler par terre. Oh, ce que je vais regretter par la suite de ne pas avoir pris de quoi la photographier sur l'instant … Ma chère inspectrice, les quatre fers en l'air au fond d'un bac d'eau plein de bourbe. C'est pire que magique. Je jubile. Deux grosses larmes aux coins des yeux, je me redresse en prenant durement sur moi pour cesser de rire. Santo cielo, j'en avais mal au ventre !
Les jurons de ma fliquette montent jusqu'à mes oreilles, me prouvant que – effectivement ! – elle n'est pas assez cruche pour se noyer dans une si petite quantité d'eau. Comme quoi, les désespérés finissent toujours par tenter leur chance. Même en sachant pertinemment que leur tentative de noyade est voué d'avance à l'échec. J'inspire une grande goulée d'air pour reprendre un sérieux d'apparence, et quitte le pont pour descendre la petite pente douce jusqu'aux berges de la rivière. Emma m'apparaît trempée, et plus piteuse que jamais. Un bref éclat de rire fou m'échappe. Je porte mon poing à mes lèvres et tousse pour rattraper les apparences. Malgré tout, je ne parviens pas à lutter contre le sourire qui s'incruste inexorablement sur mes joues rasées de prêt.
- Mademoiselle Rosebury, déclarais-je alors.
Je baisse à nouveau la tête et me racle la gorge, avant de croiser les bras sur ma poitrine d'un air grave. Plein de bonnes volontés, j'essaye de froncer les sourcils au-dessus de mes yeux, et de pincer des lèvres pour cacher mon amusement incontrôlable.
- Avouez-le, je n'y suis absolument pour rien. C'est vous qui … Hm …
N'y tenant plus, je lève le bras et lui retire l'algue qui s'est emmêlée dans une mèche de cheveux. Du bout des doigts, je la jette plus loin. Je me mords la lèvre inférieure et plisse les yeux.
- C'est vous qui vous vous êtes agitée comme une hystérique et qui avez fini par perdre l'équilibre … Allons un peu de bonne foi, inspectrice.
Je hausse les épaules d'une mine légère, pas le moins du monde affecté par sa fureur sombre. Fureur qui se marie tout compte fait plutôt mal avec les grelottements qui la saisissent soudain. Le regard d'Emma ne quitte pourtant pas le mien, plein de reproches sourds et de promesses de vengeances futures. L'espace d'une seconde, j'ai envie de balayer sa colère d'un revers de la main, en lui avouant que j'ai déjà très bien conscience du récit que ses prunelles miroitantes de rage me racontent. Elle ne me porte pas bien haut dans son cœur, et oui, elle finira par me balancer au fond d'une cellule encore plus miteuse que ces frusques dégoulinantes. Blablabla. Je connais la chanson. Mais tout à coup, le regard appuyé qu'elle me lance prend un tout autre aspect. J'ignore lequel est le bon, mais l'instinct me fait prendre la parole sans y réfléchir plus longtemps.
- Ooohhh, n'y pensez même pas. Cette veste coûte une fortune, expliquais-je en désignant mon manteau. Quelle idée d'aller se promener au parc en plein hiver aussi ! Et d'aller s'asseoir sur la barrière d'un pont. Sérieusement ! Ce n'est pas de ma faute si vous êtes tombée, ce n'est pas non plus de la mienne si vous claquez des dents maintenant. Je préfère encore vous payez un taxi plutôt que de … hm …
Je désigne vaguement les traces de vase sur ses vêtements qui ruineraient à coup sûr ma veste si je la lui collais sur les épaules, peu désireux de m'en approcher, mais tout de même bien conscient d'être en train de m'enfoncer. Et ce, sans le moindre petit scrupule.
e salaud ! Ce mec méritait une place en enfer ! Pire ! Une salle de torture rien que pour lui ! Je trépignais tellement je rageais. Et il osait rire ! Se foutre de moi ! Jamais auparavant, il n’avait osé le faire d’une manière aussi ouverte. Si j’étais de bonne foi – et je ne l’étais pas, vous pouvez le demander à ma famille – ou si j’avais été dans de meilleures dispositions, j’aurais peut-être admis que si la situation avait été inversée, j’aurais ris franchement devant lui. Je n’aurai pas pris les pincettes que Damian prenait. Et c’était justement ces pincettes qui me mettaient hors de moi ! Furieuse moi ? Oh que oui ! Fureur qui grimpa encore plus lorsque Monsieur Wright s’approcha un peu de moi et d’un geste enleva une algue posée tranquillement sur le sommet de mon crâne… Grinçant des dents, je sifflai à sa stupide remarque
« Un peu de bonne foi ?! Vous vous fichez de moi ! C’est à cause de vous que je suis dans cet état ! A. CAUSE. DE. VOUS ! »
A chaque mot qui sortait de ma bouche, je martelais de mon doigt accusateur son torse.
« J’étais bien tranquille et c’est VOUS qui êtes venu ! VOUS qui vous êtes pris pour le preux chevalier que vous n’êtes pas ! C’est VOUS et vos stupidités qui m’ont fait perdre l’équilibre ! C’est VOUS qui m’avez foutu à l’eau Damian Wright ! »
Quand je disais que je pouvais être de mauvaise foi quand je le voulais, vous me croyez maintenant ? Et même si j’avais raison, ce n’était pas que de la faute de Damian si j’étais dans cet état. J’avais encore tendance à oublier que je n’étais plus dans mon petit village. Là où mes habitudes étaient connues.
Et comble du comble, je me mis à trembler sous le vent qui s’était subitement levé. Un regain de fureur revint en moi contre cet homme. Je le fixai du regard avec une telle hargne qu’il devait certainement le voir. Avec le métier qu’il faisait, Monsieur Damian Wright se devait d’être observateur. Alors que dans ma tête tout pleins de scénarii de vengeance prenaient place, la voix de l’antiquaire résonna à nouveau et ce qu’il me dit me laissa sans voix. Il croyait que j’allais lui quémander sa veste ? L’espace d’un instant, je le fixai sans rien dire, hésitant entre lui rire au nez pour cette énième connerie ou bien lui flanquer ma main au visage pour tant de goujaterie. Mais petit à petit, une toute autre idée vint supplanter les autres.
« Vous tenez tant que ça à cette… chose ? »
Murmurée d’un ton suave qui en disait long sur mon état d’esprit, je le regardai avec un brin de dédain tout de même au fond des yeux.
« Je vous pensais homme de goût Damian… Je suis un brin déçue… »
Je m’approchai légèrement du brun ce qui le fit reculer un peu. Je laissai alors échapper un petit rire moqueur
« Ne craignez rien Damian… Je ne vais pas vous jeter à l’eau. Je ne suis pas aussi vile. Par contre laissez-moi vous aider avec… »
D’un mouvement preste, je lui enlevai sa veste qui finit dans le cours d’eau verdâtre. Aurais-je des compétences de voleuse que j’ignorais ? Ou bien avais-je profité de la surprise de Damian ? Un mélange des deux sans doute. Je suis une femme pleine de ressources qui adorait me retrouver là où on ne l’attendait pas. Mes frères avaient bien souvent fait les frais de mes vengeances peu communes. J’aurais pu le foutre à l’eau. J’aurai pu le frapper pour décharger ma rage. Mais non. Ce genre de comportement était bien trop commun, trop prévisible. Je m’étais déjà faite avoir une fois, je n’allais pas le laisser recommencer une seconde fois. Voir le manteau si précieux du brun à l’eau me fit sourire.
Ce qui me fit moins sourire fut la subite averse qui intervint à ce moment-là. Enfin moi je m’en fichais un peu. Trempée pour trempée même si me prendre la flotte une seconde fois n’était pas ce dont je rêvais tout de suite. Mais voir la tête de Damian… Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Il y avait une justice sur terre ! Je n’avais même pas eu besoin de le punir que le ciel s’en était chargé pour moi. Voilà l’Honorable Wright aussi dégoulinant que je pouvais l’être.
« Et bien Monsieur Wright ? Quel effet cela fait-il de se retrouver dans le même état ? »
Mais ma joie fut de courte durée. Les tremblements se firent plus violents et je commençais même à claquer des dents. Si je ne me réchauffais pas au plus vite je risquais de finir congelée sur place. Mas peut-être était-ce le but de mon voleur… Refusant de m’attarder davantage, je voulu prendre mon téléphone dans mon manteau pour appeler Ollie mais j’eus beau fouiller, mes poches étaient désespérément vides… Regardant Damian comme si il en était responsable, je me tournai ensuite vers la rivière. Rivière qui abritait mon téléphone…
Et merde !
WILDBIRD
lieutenant
Shin Lee
INSCRIT DEPUIS LE : 05/08/2014 MESSAGES : 2335 POINTS : 10664
ne grosse goutte de pluie s'abattit sur ma joue. Puis une autre. Et encore une autre. Le temps était désormais à l'effigie de mon humeur. Au loin, le ciel gronda sourdement. Un orage approchait, et la petite averse qui s'annonçait n'était de toute évidence qu'un amuse-bouche des caprices météorologiques. Toute once d'hilarité m'avait désormais quitté. Le regard sombre, les lèvres sévères, je regardai Rosebury minauder devant moi. Dire que j'étais exaspéré au possible par son comportement était peu dire. Il n'y avait probablement plus de terme assez fort pour exprimer à quel point son idiotie avait atteint dans mon esprit le comble du comble. La voir finalement découvrir que ses papiers, cellulaire et tout autre clé ou effets personnels gisaient au fond de la rivière m'arracha un début de sourire noir. Le coin de ma lèvre inférieure se souleva d'un air critique, sans la moindre joie, mais toutefois avec la satisfaction de la voir perdre son air inutilement vainqueur.
- Vous êtes une enfant, Rosebury, arguais-je pour commencer suite à son long monologue jubilatoire et ridicule. J'ignorais que la police de Manchester volait aussi bas. Vous faites des concours de « prout » entre collègues aussi ?
Peu enclin à m'énerver pour son bon plaisir, j'étais plutôt lancé dans l'optique de l'enfoncer tout en gardant un calme à tout épreuve. Après tout, j'avais passé assez d'interrogatoires avec miss casse-pieds ici présente pour devenir un expert dans ce domaine. La voyant prête à me rembarrer, je coupai court à la manœuvre en reprenant la parole avant même que sa bouche ne frémisse.
- Et je ne pense pas révéler un scoop en affirmant à haute voix que vous êtes une imbécile. Une imbécile qui vient de perdre son insigne et tout moyen de communication. Dommage que vous aillez balancé mes affaires à l'eau. J'aurais pu vous aidez à rentrer chez vous, éventuellement. Mais l'honneur est sauf, vous avez toujours votre arme. Qui tire de l'eau. Dieu merci.
D'un geste un peu trop vif pour ne pas paraître irrité, je passai une main dans mes cheveux pour repousser les mèches humides et lourdes qui commençaient à me voiler les yeux. Je croisai alors les bras sur ma chemise mouillée.
- Vous n'avez plus qu'à aller replonger au fond pour récupérer de quoi rentrer chez nous. Vous conviendrez que cette fois, sans le moindre doute, c'est bien de votre faute. Alors allez-y. Je vous regarde.
L'autorité et l'air supérieur que j'affichais allait probablement lui donner envie de m'arracher les yeux et de me brûler vif. Malheureusement, Emma avait fait la stupide erreur de se mettre au service de la défense et de la sécurité des citoyens. Les droits de l'Homme, tout ça … Décidément, elle était vouée à jeter mes vêtements à l'eau pour toute vengeance. Quelle tristesse.
Je mis néanmoins fin à ce petit jeu en affichant un nouveau sourire narquois. Je quittai ma position pour glisser une main au fond de la poche de mon pantalon, avant d'en sortir un portefeuille sec et indemne.
- Néanmoins, vous avez de la chance. Je ne laisse jamais mes papiers dans les poches de mon manteau. On ne se méfie jamais assez des voleurs du coin.
Une vile étincelle s'alluma au fond de mes yeux pour mieux la narguer, et appuyer cette inconfortable situation dans laquelle elle se trouvait. C'était bien simple, si mademoiselle criait un peu trop fort, elle pourrait toujours faire à pied le trajet jusqu'à chez elle. Et au vu de l'orage qui s'annonçait, Emma n'était tout bonnement pas au bout de ses peines.
- Quant au dit manteau … Sachez que j'ai les moyens d'acheter et de me faire livrer ce même vêtement, en dix fois si ça me chantait, dès ce soir. C'est vous qui m'avez pris à tort pour un preux chevalier.
J'avouais sans la moindre gêne que j'avais refusé de lui donner ma veste par simple moquerie perfide. En vérité, je n'étais attaché à cet habit que pour le temps de retrouver la chaleur sèche de mon appartement. Pour le reste du temps, je possédais un dressing hors de prix pour combler cette minuscule perte qui ne se verrait même pas dans mes comptes en fin de mois.
- Avez vous fini de vous agiter devant moi avec cet air charmeur et satisfait ? Demandais-je alors d'un air pincé, presque écœuré. Si vous trouvez mes goûts pour le moins décevant, sachez que je ne suis pas désespéré au point de trouver le moindre attrait à une femme déguisée en algue.
Fier de ma contre-attaque, je levai un doigt pensif devant moi, comme pour retenir le suspens et son attention.
- Et qui sent l'algue, ajoutais-je sournoisement, pour placer la cerise sur le gâteau.
Elle allait véritablement me sauter au visage, toutes griffes sorties. Et rien d'autre ne pouvait plus me ravir en cet instant présent. Je perdis alors soudainement mon masque moqueur pour lui saisir le poignet. D'un geste déterminé, je l'entraînais vers la sortie du parc sans lui demander un quelconque avis.
- Venez, ou vous allez attraper une pneumonie. Il nous faut un taxi.
WILDBIRD
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Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Lun 1 Mai - 18:27
Leave me alone Emman ♥
P
ourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’à chaque fois que quelque chose m’arrivait, Damian devait se trouver dans les parages ? Quelle karma était-ce que ça ? Franchement, avais-je offensé le mec là-haut pour qu’il me le fasse payer ainsi ? En mettant sur mon chemin cet énergumène ? Je ne savais que penser. Je n’arrivais pas à comprendre le pourquoi de tout cela. Mais il fallait être honnête, c’était à cause de Damian que j’étais dans cet état aujourd’hui. Quelle idée lui avait-elle traversé la tête pour croire que je voulais me suicider ? J’avais beau chercher, je n’arrivais pas à comprendre. Je savais qu’il pouvait être idiot mais pas à ce point. Sauf que voilà… J’avais perdu aussi bien mes affaires que ma dignité aujourd’hui. Loin de s’énerver, il commença à me traiter d’imbécile et si je convenais en mon for intérieur qu’il n’avait pas tort sur le coup, jamais je ne l’admettrais devant lui. Je n’avais que faire de ce qu’il pensait de moi. Mais bordel, à cause de lui mon téléphone gisait au fond de l’eau tout comme mon portefeuille…
Refusant de me laisser abattre, je lui répondis sur un ton où perçait une sourde colère
« Détrompez-vous. Je n’ai pas perdu mon insigne ni mon arme. »
Ce faisant je lui montrais l’insigne qui trônait fièrement accroché à mon pantalon. Quant à l’arme, il était encore derrière moi sous ma veste. Je pouvais la sentir contre mon dos. Si il y avait bien une, non deux, choses que j’accrochais avec moi c’était bien ces deux choses. Je n’avais aucune envie de perdre les symboles de ce pour quoi j’ai tant travaillé et me suis opposée à ma famille. J’étais fière de mon insigne et fière de ce qu’elle représentait aux yeux des personnes. Justice, loi… Oui, j’aimais mon métier et surtout je voulais rendre les rues plus sures pour toutes les honnêtes personnes. Les protéger contre ceux qui sans vergogne violaient et bafouaient les règles les plus élémentaires de civilité. Des personnes comme celui qui se trouvait actuellement en face de moi. Des personnes comme Damian James Wright.
Le voir aussi calme me rendait folle mais pourtant quand il fourragea sa main dans ses cheveux il se dévoila un peu plus. Geste trop nerveux pour appuyer ce calme qu’il affichait. Tiens tiens où était donc passé son flegme légendaire ? Son flegme britannique ? Aurais-je le don de lui mettre les nerfs en pelote comme lui avait ce don ? Rien que cette idée me rasséréna. Je lui fis donc un petit sourire moqueur lui montrant ainsi que je n’étais pas dupe de ce qu’il me disait. Sourire que je perdis lorsqu’il me montra son portefeuille. Merde !
« De voleurs tels que vous… » bougonnai-je trop bas pourtant pour qu’il ne m’entende.
J’avais horreur de ça. D’avoir l’impression d’être à sa merci. Mais ce qu’il finit par dire fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase
« Qui sent l’algue ?! Nan mais tout ça c’est à cause de vous Damian ! Qui vous a demandé de venir jouer les sauveurs de pacotille ? hein ?! »
J'avais conscience de me répéter mais sérieux je ne lui avais rien demandé à ce que je sache. Je ne lui avais pas demandé de me suivre ni de me tenir comme il l’avait fait. Je n’allais certainement pas le laisser me traiter de la sorte. Je n’allais pas le laisser avoir le dessus et je comptais bien rentrer par mes propres moyens. Quitte à replonger au fond de l’eau verdâtre pour aller récupérer ne serait-ce que mon portefeuille. Le téléphone, je pourrais toujours m’en racheter un ce n’était pas un problème. Mais le portefeuille contenait de l’argent et j’avais intérêt à en avoir pour pouvoir rentrer chez moi et me débarrasser de tout ça. Je tentai alors un pas vers l’eau sans un mot lorsqu’une poigne m’attrapa le poignet m’empêchant de faire tout mouvement. Je levai un regard surpris sur l’homme qui un instant auparavant affichait un masque moqueur sur son visage. Damian avait repris son air supérieur affligeant et tellement sérieux. Je n’avais donc d’autre choix que de le suivre. Il ‘était bien plus fort que moi à mon plus grand désespoir. Je ne dis un mot dans le taxi et nous nous retrouvâmes bientôt dans un appartement luxueux. Son appartement d’après ce que je compris.
Me tournant vers lui, je lâchais d’une voix froide
« Pourquoi m’avoir emmené ici ? Pour… »
Je ne pus finir ma phrase qu’un éternuement dénué de toute séduction retentit. Evidemment… Je crevais de froid.
WILDBIRD
lieutenant
Shin Lee
INSCRIT DEPUIS LE : 05/08/2014 MESSAGES : 2335 POINTS : 10664
Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Lun 8 Mai - 17:38
Leave me alone Emman ♥
D
'un geste de la main, je fais mine de dégager les paroles d'Emma. C'est qu'elle commence véritablement à radoter. Je lève les yeux au ciel et ne m'arrête pas pour autant de remonter la petite pente du parc pour rejoindre la rue. Mes doigts tiennent fermement son bras, de sorte à ne pas la laisser n'en faire qu'à sa tête une nouvelle fois. La pluie s'intensifie. Les grondements paresseux de l'orage se rapprochent doucement. Je m'arrête sur le trottoir, forçant ainsi Emma à rester plantée à côté de moi. Je n'ai pas besoin de lui jeter un coup d’œil pour avoir l'impression que mademoiselle … boude purement et simplement. Si nous n'étions pas réellement en train de prendre la sauce, j'aurais probablement pris deux minutes pour me moquer encore un peu d'elle. Après tout, j'aime que les choses soient bien faites. Autant enfoncer le couteau jusqu'à la garde, plutôt que de le planter qu'à moitié.
Je lève un bras pour héler un taxi. Coup de chance, le véhicule s'arrête devant nous. J'ouvre la porte jaune poussin et pousse l'inspectrice à l'intérieur avant de l'y rejoindre. Le chauffeur se retourne alors sur son siège, étudie la jeune femme de haut en bas, puis fronça les sourcils. Elle est clairement en piteux état, et plus particulièrement en train de goutter sur le cuir de sa voiture. Il ouvre la bouche, mais n'a pas vraiment le temps de protester. Je lui brandis quelques billets pour qu'il nous foute la paix. Avec ça, il pourra sans peine refaire l'intérieur de sa poubelle roulante.
Je me cale ensuite contre le dossier, laissant le taxi nous emmener à l'adresser indiquée. Sans m'en empêcher, je jette un regard à mon algue ambulante et tourne la manivelle en plastique pour faire descendre la fenêtre de la portière. Moi, personne ne m'a payé pour supporter l'odeur de vase. Un sourire narquois aux coins des lèvres, je laisse mon attention se porter au dehors. Rosebury n'a de toute évidence pas l'intention de lâcher le moindre mot, et je ne peux que m'en réjouir. Il est rare que je puisse écouter et savourer la douce mélodie du silence en sa compagnie. Toutefois, je me sens d'humeur joueuse. Remporter cette manche contre elle ne me suffit pas, encore faut-il que je l'achève correctement pour bien marquer ma victoire.
- Ne faites pas cette tête. Je vous paye le trajet, alors pourquoi ne pas profiter du paysage ? Je suis certain que vous n'avez jamais réellement pris le temps d'explorer Manchester. Tenez, par exemple … Avez déjà visité la Cathédrale ? Demandais-je alors que nous passions justement devant l'immense bâtisse que j'avais quitté à regret un peu plus tôt.
Je quitte la vitre des yeux pour regarder Emma sans détour.
- C'est une visite que je ne louperai pour rien au monde, ajoutais-je sur un mystérieux timbre de confidence, avant de me détourner à nouveau vers le paysage défilant. J'ai entendu dire que l'entrée sera gratuite mercredi prochain. Si jamais vous êtes intéressée par l'architecture gothique, bien entendu.
Mes lèvres sourient à nouveau. J'ai conscience de jouer un jeu stupide et dangereux. Mais peut-être Emma sera-t-elle trop idiote pour comprendre la subtile invitation que je viens de lui lancer.
La voiture s'arrête un peu trop vivement devant l'immeuble luxueux que je lui avais indiqué. Je grimace et lance un regard sombre au chauffeur. C'est sans regret que je quitte le confort minable de son taudis, laissant entre ses mains avides une somme ronde pour payer la course. Je ne me fatigue pas à lui dire de garder la monnaie, je claque la porte et le laisse à son triste sort.
Ma main attrape à nouveau le bras d'Emma, que je mène à l'intérieur du bâtiment. Nous traversons le hall sans nous attarder. Dans l'ascenseur, je recule contre un coin et plisse le nez.
- Dommage qu'il n'y ait pas de fenêtre ici.
Je me demande quand l'inspectrice va réellement essayer de m'assassiner, mais peut-être a-t-elle pour l'heure trop peur de tâcher le beau tapis. La discrète sonnette retentit, juste avant que les lourdes portes ne s'ouvrent sur le couloir vide et calme. Je ne prends plus la peine de la traîner derrière moi, ce serait bien stupide de sa part de vouloir rebrousser chemin maintenant. J'ouvre la porte de mon appartement et entre à l'intérieur sans un regard en arrière. Mes pas foulent rapidement le grand salon où Sookie et moi-même définissions ensemble un plan pour faire tomber Emma l'autre soir. J'entre dans la salle de bain et essuie rapidement mes cheveux trempés d'eau de pluie. D'un geste nerveux, je me débarrasse de ma chemise tout aussi mouillée et quitte avec joie la sensation du tissu collant contre ma peau. Lorsque je ressors de la pièce, je balance une serviette ainsi qu'un ensemble de sweet et de jogging gris sur l'inspectrice.
- Pourquoi vous avoir emmené ici ? Pour vous découper en morceaux et vous enfermer dans mon congélateur, bien sûr. Ça me semble évident.
Je roule des yeux et tourne les talons sans un regard de plus.
- Prenez une douche si vous le désirez. Et faites moi plaisir, ne fouillez pas partout. C'est foutrement mal élevé.
Je disparais alors derrière la porte de ma chambre. L'idée qu'elle puisse chercher la moindre preuve contre moi dans mon propre appartement ne m'effraie pas plus que ça. Je sais pertinemment qu'il n'y a rien ici qui puisse la satisfaire, et je suis presque aussi certain qu'elle s'en doute depuis qu'elle est entrée chez moi. Je ne tarde pourtant pas à enfiler un t-shirt sec, peu enclin à la laisser gambader seule trop longtemps.
WILDBIRD
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Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Ven 9 Juin - 21:49
Leave me alone Emman ♥
N
on mais quelle guigne !! Trempée, collante, puante… Je m’étais transformée en véritable putois à cause de ce malotru ! J’avais beau le regarder d’un air mauvais, je savais pertinemment et lui aussi d’ailleurs que je n’avais d’autre choix que de le suivre. Aussi me laissai-je entrainer plutôt facilement jusqu’au taxi. Embarrassée de me montrer de la sorte, j’essayai de rester la plus discrète possible dans le véhicule mais ça c’était sans compter sur l’adorable Monsieur Wright. Il devait jubiler de voir dans quel état j’étais et ne comptais pas en rester là. Sans rien répondre, je lui jetais un regard noir me murant dans le silence. Mais cela ne découragea pas le moins du monde le brun puisqu’il continua sur sa lancée et me décrivit la beauté de Manchester. J’allais rétorquer que j’avais déjà eu le temps de visiter bon nombres de recoins de la ville et que mon ordinateur était rempli de photos que j’envoyais régulièrement à ma famille. Nous étions des amoureux de l’architecture et des voyages dans la famille. Mais ce qu’il me dit retint mon attention. Mercredi vraiment ? Ne voulant pas lui donner le moindre doute sur ce que je comprenais ou non, je fis mine de lui dire
« J’ai déjà visité la cathédrale plusieurs fois mais merci pour cette info Monsieur Wright dont je ne sais que faire. Je vous souhaite une bonne visite. »
Je lui avais dit cela sur un ton bougon tel l’enfant boudeur qui n’avait pas encore avalé la pilule. Je n’avais aucune envie qu’il soit sur la défensive et qu’il ne vienne pas le jour dit à cet endroit. Moi en tout cas, j’allais l’y attendre de pied ferme. Seule parce que je ne pensais pas qu’on me croirait de toute façon. Ma fixette comme l’appelaient si gracieusement mes chers collègues, ma fixette sur Damian ne me rendait pas justice selon Lily. Oui peut-être mais quand j’avais une certitude, je ne la lâchais pas facilement. Mes frères ne m’appelaient pas Médor pour rien… Je le laissais continuer à babiller sans vergogne tandis que mes yeux erraient sur le paysage qui défilait vite. Trop vite. A croire que le chauffeur n’avait qu’une hâte, que je descende de voiture le plus rapidement possible. Il n’avait pas tort le pauvre. Il s’arrêta alors brusquement devant un immeuble. Un peu trop brusquement peut-être mais j’émis un petit gloussement en voyant mon compagnon se faire happer par cet arrêt. Gamine ? Oui et je l’assumais parfaitement à cet instant ! Nous pénétrâmes dans l’établissement et je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel de le voir me trainer comme si j’allais m’enfuir d’un moment à l’autre. De toute façon, je n’avais pas le choix donc bon. Mais quand il fit une énième allusion à mon odeur dans l’ascenseur, je m’approchais alors de lui et lui dit d’un ton mielleux
« Mais oui… J’avais oublié que vous étiez un expert dans les petites ouvertures… Mais ne soyez pas trop impatient Damian. Nous arrivons bientôt… »
Et comme pour me donner raison, les portes s’ouvrirent après un petit ding discret.
« Qu’est-ce que je vous disais ? », repris-je d’une voix moqueuse.
Me plantant dans son salon, il disparut pour revenir presqu’aussitôt à moitié nu pour me balancer des vêtements. Je roulais des yeux comme lui lorsqu’il me parla de fouiller son antre. Je n’étais pas idiote de croire qu’il m’aurait emmené chez lui si des choses compromettantes s’y trouvaient.
« Ne vous inquiétez pas Damian. Jamais sans mandat. Je ne suis pas comme certains qui entrent sans permission chez autrui ! »
Puis je disparus à mon tour dans la salle de bain. Me débarrassant de mes vêtements poisseux, je me glissais avec délice sous le jet d’eau brûlant. Je n’avais qu’une hâte, faire partir toute cette puanteur de mon corps et de mes cheveux. Cette tignasse me rendait folle parfois mais je ne me résolvais pas à la couper. D’une parce que ma mère en ferait une crise cardiaque et de deux, je l’aimais bien ma tignasse. Quand je prenais la peine de les coiffer, ils paraissaient même presque bien… Si j’avais été chez moi, je serais restée sous le jet bienfaisant pendant au moins une heure mais malheureusement je ne l’étais pas et dus quitter le confort de la cabine de douche à contre cœur. En enfilant les vêtements si généreusement prêtés par Damian, je dus rouler plusieurs fois le pantalon et le sweat pour pouvoir voir mes pieds et mes mains. Je devais ressembler à un de ces enfants qui essayait les vêtements de leurs parents… Mine de rien 20cm c’est quand même beaucoup ! D’autant plus que l’on ne faisait pas la même corpulence. Une de ses chemises aurait été bien plus seyante sur moi que ces vêtements… Je sorti quand même de la pièce m’attendant au pire de la part du brun…
« Merci Damian. »
J’avais été élevée dans la politesse et je comptais bien rendre justice à l’éducation donnée par mes parents.
« Même si un peu trop grand mais on ne va pas s’en plaindre n’est-ce pas ? »
Oui bon, je n’ai pas pu m’empêcher de rajouter une petite couche à la Emma…
WILDBIRD
lieutenant
Shin Lee
INSCRIT DEPUIS LE : 05/08/2014 MESSAGES : 2335 POINTS : 10664
Sujet: Re: Please leave me alone [Emman ♥] Sam 17 Juin - 13:29
Leave me alone Emman ♥
L
e jet d'eau de la douche se fait encore entendre à travers les murs de la salle de bain. L'inspectrice est probablement encore en train de se remettre de son spectaculaire plongeon dans la rivière froide et poisseuse. À ce souvenir, un léger sourire perce encore une fois la barrière sérieuse et sévère de mes lèvres sans que je ne parvienne vraiment à y faire quoi que ce soit. Cette rencontre avec Emma restera longtemps gravée dans ma mémoire comme l'une des joutes les plus comiques de mes trente années de vie.
Profitant de l'absence de mon invitée, je ne tarde pas à appeler l'accueil du luxueux immeuble pour demander à ce qu'on sorte ma voiture devant l'entrée. J'ai à peine le temps de raccrocher le téléphone et de me plonger comme à mon habitude dans la vue imprenable que m'offre la baie vitrée, que la porte de la salle de bain s'ouvre presque timidement de l'autre côté de la pièce. Je me retourne pour découvrir une Emma Rosebury presque méconnaissable. Les vêtements sont deux fois trop grands pour elle, ce qui a le don de la rendre plus petite qu'elle ne l'est mais surtout de lui bousiller tout éventuel air de molosse mal léché qu'elle voudrait prendre. Un sourcil narquois et surprit se hausse sur mon front face à ses remerciements. Encore quelques mots en plus, et on aurait juré que ça lui aurait écorché la langue. Bien que fidèle à son éducation et déterminée à faire bonne figure, je reste néanmoins persuadé que la situation lui fera grincer des dents encore longtemps.
- En effet, approuvais-je avec un léger sourire moqueur. Vous avez presque l'air attendrissante vêtue de la sorte.
Je ne pousse pas le vice jusqu'à la comparer à quoi que ce soit. En vérité je suis plutôt pressé de la réexpédier chez elle, et ainsi loin de chez moi. Il y a beau n'avoir aucun élément compromettant dans cet appartement, la savoir évoluer entre ces murs me met légèrement sur les nerfs. Ce n'est pas un terrain de jeu que j'apprécie. Alors je n'en attends pas plus pour faire quelques pas dans le salon et venir enfiler une veste propre abandonnée sur le dossier du canapé.
- Rassemblez vos affaires Cendrillon, il est largement l'heure de rentrer à la maison.
Je suis déjà dans l'entrée, occupé à ouvrir le tiroir du meuble positionné là, afin de choisir les clés de voiture appropriées. Le trajet en sens inverse se fit dans un silence presque religieux. Ce n'est que lorsque Emma franchit le seuil du hall de l'immeuble et que la portière de la Lamborghini Miura se referma derrière elle que je retrouvai enfin la sensation de pouvoir respirer pleinement.
Un soupir m'échappe par mégarde alors que je viens prendre place du côté conducteur. Bientôt le ronronnement paresseux du moteur envahit l'habitacle. Je prends quelques courts instants pour savourer cette douce mélodie italienne avant de lancer un coup d’œil rapide dans le rétroviseur et de m'insérer sans plus attendre au cœur de la circulation animée de Manchester.
- Je ne vous demande pas l'adresse. Je commence à connaître la route.
Je manque de rire dans ma barbe. Cette pique éternelle me démange les lèvres à chaque fois que je me retrouve en sa présence. Ce souvenir est toujours là. Cette première rencontre brève mais intense entre elle et moi. Cette fameuse nuit où je suis venu la cambrioler. Cette fameuse nuit où elle était pratiquement sûre de m'avoir reconnu. N'est-ce pas trop tentant ? La narguer encore une fois, et lui rappeler toutes ces occasions que j'ai eu par la suite de venir troubler l'intimité de son logis. Aujourd'hui, c'est bien la seconde fois que je raccompagne l'inspectrice chez elle pour lui rendre service.
- Madame est arrivée, déclarais-je bien plus vite que prévu après deux ou trois excès de vitesse en me garant devant la maison Rosebury.
Et tel le prince charmant que je ne suis pas, je désigne d'un geste élégant et théâtral le château de ma belle princesse en survêtements.