Lyudmila avait le cerveau en pleine ébullition. Si ça continuait comme ça, elle allait exploser, pire qu’une cocote minute. Depuis hier, elle ne tenait pas en place. Elle rangeait ce qui avait déjà été rangé. Elle n’arrêtait pas, elle voulait que tout soit parfait. Son réveil raisonne dans sa chambre, elle l’éteint machinalement. Elle a déjà les yeux bien ouverts depuis de longues minutes, se répétant mentalement tout ce qui lui reste à faire. Aujourd’hui, c’est le jour qu’elle attend depuis plusieurs semaines maintenant. Et elle ne veut pas qu’il y est un faux pas ; elle veut simplement que tout soit parfait. Enfilant un vieux jean délavé et un top noir tout simple, elle se sert une tasse de café, avant de se mettre en route. Elle doit nettoyer l’appartement de fond en comble pour qu’il brille. Lyu sait dans le fond qu’elle en fait trop, mais elle s’occupe surtout pour cacher son angoisse grandissante. Elle sait qu’ils sont tous les deux d’accord, mais elle ne cesse d’appréhender. Elle a pris la décision, mais n’en a pas parlé à Alekseï. Mais bien qu’elle prenne ses décisions seule, c’est la première fois qu’elle n’en parle pas à son ami de toujours. Elle sait que ça l’aurait blessé, car les sentiments du jeune-homme sont toujours présents. Lyu en a conscience, mais elle ne peut pas l’aimer. Elle l’aime comme un frère, comme un meilleur ami. Il fera partie d’elle a jamais, mais leur relation ne prendra jamais le tournant que le russe attend. Perdue dans ses pensées, elle ne fait pas attention et donne un coup de coude dans le vase posé sur la petite table de salon. L’eau se répond partout et les fleurs tombent, comme sur un champ de bataille. « Mais ce n’est pas possible ! » Ruminant contre elle-même, elle se dépêche d’essuyer l’eau et de ramasser les fleurs. Deux mains gauches aujourd’hui. Continuant de râler, elle va dans la cuisine et l’heure la frappe en plein visage. Elle n’a pas fait la moitié de ce qu’elle doit faire et il arrive dans un peu plus d’une heure ! Remettant rapidement les fleurs dans le vase, elle range le balai et la serpillère. Puis elle sort un plat et commence à faire un gratin. C’est simple, mais bon, elle ne sait pas trop ce qu’elle doit faire pour une telle occasion ! Après avoir mis le four à préchauffer, elle va vérifier que tout est à sa place dans la chambre. Elle a mis des draps neufs dedans. Ils sont sobres, mais elle ne se voyait définitivement pas lui mettre une parure à fleurs ou un truc rose bonbon, qu’elle trouvait elle-même hideux. Quoi que, juste pour voir sa tête, l’idée était tentante ! Chassant ses pensées bien vite, elle regarde l’heure une nouvelle fois. Merde ! Elle est vraiment en retard. Filant dans sa chambre, elle a juste le temps de changer de t-shirt, qui parait moins abîmé, que l’horrible mélodie de la sonnette se fait entendre. « J’arrive ! » Refermant la porte de sa chambre brusquement, elle se dépêche d’aller ouvrir, un sourire idiot aux lèvres. « Salut beau gosse ! » Le prenant dans ses bras, elle se recule ensuite et attrape, sans lui laisser le choix, le sac qu’il tient à la main. Se déplaçant pour le laisser entrer, elle referme la porte derrière lui, avant de lui faire signe de la suivre. « Viens je vais te montrer tes appartements ! » Du coin de l’œil, elle vérifie qu’elle n’a rien laissé trainer. Ouvrant la porte, elle se dégage pour le laisser entrer en premier. « Eh voilà. Bon l’appart’ est petit, mais je ne prends pas de place, promis … Enfin pas trop quoi. » Hochant les épaules, elle pose le sac dans l’entrée de la chambre, contre le mur. Elle a envie de sauter partout comme une petite fille. Au moins, elle ne sera plus toute seule. Enfin il y avait Esteban mais … c’était différent ! « Alors comment vas-tu ? Je nous ai préparé à manger pour midi. Ce n’est pas du grand art, mais moi et la cuisine, ça fait douze d’accord ? Et interdit de se moquer. » Lui lançant un clin d’œil, Luy ne peut s’empêcher de rire. Cette coloc’ va être parfaite, elle n’en a aucun doute !

Lyu est contente d’avoir un colocataire. A ses yeux, cela veut dire qu’elle aura toujours quelqu’un avec qui parler, partager un bon film. Puis bon, au moins, elle sait que ce quelqu’un n’est pas une personne mauvaise ou une qui laisse trainer ses chaussettes sales partout dans l’appartement. Enfin ça, elle n’en a aucune certitude mais son petit doigt lui dit qu’Abel ne sera pas comme ça. Et puis, si jamais ça devait arriver, Lyu lui planquera partout les puanteurs dans sa chambre, pour le forcer à ranger ! Ouvrant la porte, elle le prend dans ses bras. Lui lançant un clin d’œil, elle se moque que le sac soit lourd, car elle veut l’aider. « T’inquiètes donc pas, je ne te l’ai pas dit, mais je suis Hulk en fait. » Lui faisant signe de la suivre, Lyu veut lui montrer la chambre qu’elle a préparé depuis des jours. Elle voulait que tout soit parfait pour le nouveau venu. Ouvrant la porte, elle le laisse passer avant d’observer les traits du jeune-homme. Elle veut être sûr que ça lui plaise et qu’il ne dise pas oui, alors que ce n’est pas le cas. Lyu désire vraiment qu’Abel se sente chez lui, et non pas chez elle. Enfin voilà, maintenant, ça va être chez eux et il a autant son mot à dire qu’elle, sur la décoration de l’appartement. Après, Lyu n’est pas là depuis très longtemps non plus, si bien que son appartement est assez sobre, dans les tons gris, noirs et blancs. Elle aime ce qui est simple et qui ne fait pas trop criard. Se tournant vers lui, Lyu annonce que de toute manière, elle ne prend pas trop de place. Lorsqu’Abel lui répond, l’ancienne patineuse lui donne un coup de coude, avant de rire. « Oh ça va ! Je te jure, je serais aussi discrète qu’un troupeau d’éléphants dans un magasin de porcelaine. » Elle exagère largement, mais elle a envie de le charrier. Déposant le sac contre le mur, Lyu se tourne vers lui pour lui annoncer qu’elle a fait à manger. Sauf que la chose qu’il ignore, c’est que la grande cuisine, elle ne sait pas faire. Mais pourtant, pour l’arrivée de son nouveau colocataire, elle avait voulu faire les choses correctement. Sauf qu’il ne fallait pas qu’il se moque ! Lâchant un éclat de rire, elle est vraiment ravie de cette colocation, même si elle vient tout juste de commencer. « Ça va très bien ! Ne rêve pas, dès demain, tu t’y colles aux fourneaux, autant que moi ! » Lui lançant un clin d’œil complice, elle rit avec lui avant de se demander ce qu’il va chercher. Il en a déjà marre de sa compagnie ? Mais lorsqu’elle revient avec un paquet, Lyu le regarde avec des yeux ronds. « Oh mais fallait pas ! J’ai rien moi pour toi … Je peux ouvrir ? C’est quoi ? » Elle avait l’air d’une petite fille, avec des étoiles dans les yeux. Elle lui embrasse la joue, heureuse. « Merci beaucoup ! Un gratin, c’est la seule chose de potable et qui sort des pâtes, que je sais faire ! » Elle rit mais ce n’est pas une blague. S’il voulait de la grande cuisine, il allait devoir lui apprendre. Ouvrant le four, elle sourit. « Ton vœux va être exhaussé, on va pouvoir passer à table ! » Se mettant sur la pointe des pieds, Lyu attrape deux assiettes, qu’elle pose sur la banque, face aux tabourets de bar. Puis elle sort des couverts et verres, avant de se tourner vers Abel. « Prends ce que tu veux à boire dans le frigo, j’ai pris un peu de tout, ne sachant pas ce que tu préférais ! » En attendant, elle sort le plat et en sert une part à Abel.