Cruel Nightmare

Dawn & Néo

Une faim sourde me tenaille le ventre ce soir, alors que je pénètre à l’intérieur d’un Rêve pioché au hasard le plus total. Mes soirées passées avec Jack me tiennent éloignés de mes besoins cauchemardesques. Ils se sont rappelés à moi aujourd’hui. Continuer à graviter autour de mon Rêveur se serait alors avéré bien trop dangereux pour lui dans ces conditions. Il faut que je me nourrisse. Il le faut maintenant.

Une douceur fragile flotte dans l’inconscient de la femme dont je viens de briser l’intimité. Je m’imprègne de l’atmosphère qui règne dans son songe, prenant le temps de découvrir les lieux. Un petit appartement m’entoure. Mes pas s’avancent calmement sur le parquet grinçant du couloir. Deux chiens assoupis relèvent une tête intriguée sur mon passage, non loin de la porte d’entrée. Mais les deux bêtes ne cherchent pas à attaquer. Pas tant que j’en aurais décidé autrement du moins. Le prédateur ici, c’est moi.

Mes yeux avalent posément toutes les informations que je peux déceler dans le décor, mais surtout dans les émotions en latence que je ressens dans le fond du Rêve. Je ne tarde pas à m’aventurer dans les souvenirs de mon hôte, m’infiltrant sans la moindre gêne dans le livre de ses souvenirs pour mieux y trouver de quoi alimenter mon art. Dawn Davis. Enchanté. J’arpente rapidement sa vie alors que j’entre dans un salon éclairé par les rayons chaleureux d’un coucher de soleil. Existence simple, rythmée par la fatalité des habitudes. Une famille explosée, un petit ami particulièrement con dans son genre. Basique. Le genre de repas dont on ne se lasse pas.

La jeune femme apparaît assise sur son canapé, perdue dans ses pensées. Je m’avance sans hésiter, me révélant alors sous le feu de ses yeux. Un sourire d’apparat apparaît sur mes lèvres.

- Bonjour Dawn.

Je lance ça comme si on se connaissait depuis toujours, elle et moi. Peut-être que l’incertitude sèmera le trouble dans son esprit. Peut-être aussi qu’elle va choisir de me mettre à la porte, mais ça, il faudrait encore qu’elle y parvienne. Cette fille semble de toute manière bien trop gentille et rêveuse dans sa manière d’être, pour ne pas se laisser gagner par le mystère de ses songes. Je viens m’asseoir à l’autre bout du canapé, sans m’assurer de son avis préalable. Voyons voir le potentiel que cette Rêveuse détient.

- Comment va ta mère ?

Question simple, facile, prononcée avec une douceur innocente. Première attaque sournoise et destructrice. En voilà, une entrée en matière.