Ces journées qui me semblaient vraiment nulles ne me plaisaient absolument pas. Il fallait vraiment qu'il se passe quelque chose pour que j'arrête de tirer la gueule. On avait commencer à me faire chier avec de la comptabilité, je suis tatoueur pas comptable bordel ! Et après je finissais sur le joli tatouage d'une elfe. Le truc que je détestais le plus au monde. Je calculais plus rien, me concentrant juste sur mon taf. J'avais envie de parler à personne, et puis tous mes collègues s'étaient barrés. Il me restait plus que Opium, on faisait la fermeture ensemble. Ma cliente se cassa finalement, très heureuse de son tatouage de merde. Fallait que je me barre. Je rejoignis Opium dans l'arrière salle, elle se faisait un thé, comme d'habitude. « Putain j'en peux plus ! » Je me laissais tomber sur une chaise, étirant mon long corps osseux. J'ouvrais finalement les yeux pour fixer la brune, souriant à moitié. « Tu bosses encore ? » Elle était très à fond dans les choses, les heures supp ça ne la dérangeait pas. J'aimais bien ça chez elle, la passion. Je m'allumais une clope et déboutonnais les premiers boutons de ma chemise, laissant mon cou respirer. J'avais bien envie de me coller en pyjama dans un plaid et me laisser mourir devant un film.

J'étais toujours heurté par cet amour du travail qu'avait Opium. J'aimais mon boulot, oui, mais je ne voulais pas y passer ma vie. J'aimais pas faire des dessins pour des potes, des choses comme ça, trop de conséquences et on m'en demandait tellement ! J'avais déjà assez de boulot comme ça au salon. Sa question me fit lever les yeux au ciel, ironiquement. « Faut bien que je trouve quelqu'un pour me plaindre ! » Je lui adressais un grand sourire, toujours amusé de mes conneries. Ouais j'aimais bien me plaindre, je le savais, et je finissais par m'en amuser. C'était plus simple comme ça. Un projet "un peu particulier ?" Sa réponse me fit arquer un sourcil et je me rapprochais d'elle, me mettant à califourchon sur ma chaise. J'observais son dessin avec intérêt. J'étais toujours épaté par son superbe trait de crayon. « C'est pour quoi ça ? » Je me redressais, la toisant avec intensité. Je me demandais bien qui pouvait mériter autant d'attention. Jaloux ? Non, pas vraiment. J'étais juste une grosse fouine qui voulait tout savoir, et tout le temps. Elle me proposait du thé, la garce ! « Merci mais sans façon, ce genre d'herbe c'est pas trop ma tasse de thé ! » Nouveau grand sourire, insolent. J'étais putain de lourd mais moi ça me faisait rire.

( désolée du retard, bcp de taf cette semaine )

Je n'étais jamais de mauvaise humeur, toujours entrain de me plaindre mais c'était le genre de trucs qui me faisaient exister. Et puis j'aimais bien avec Opium parce qu'elle trouvait toujours le moyen de faire en sorte que j'arrête un peu. Elle comptait beaucoup pour moi, une de mes rares amies mais je ne lui dirais pas. Fallait pas qu'elle pense que je lui porte de l'intérêt non plus ! « Je t’enivres déjà bien assez comme ça ! » Je lui fis un clin d'oeil accompagné d'un grand sourire, passionné par mes superbes jeux de mots. Faut pas croire, c'était tout un art de faire ça ! Mais c'est vrai que je l'aurais bien alcoolisée un peu, je n'avais jamais vraiment passé de "soirées" avec elle. C'aurait pu être drôle ! Mon attention s'était rapidement portée sur son dessin, qui était en phase de devenir un vrai chef d'oeuvre sur peau. Elle était très douée, presque autant que moi, mais pas encore bien entendu ! Malheureusement je touchais un point sensible en en parlant, sans vraiment le vouloir. Naturellement, je lui serrais doucement l'épaule avec un sourire triste. Je n'aimais pas vraiment voir les gens mal à l'aise et je sentais bien que ça lui pesait sur le coeur. Je n'allais pas lui demander pourquoi, c'était son affaire et pas la mienne. Je me contentais de sourire, ça valait bien toutes les excuses et toute la gentillesse du monde non ? La réponse suivante d'Opium me surprit, je ne la voyais absolument pas entrain de fumer un joint. Un grand sourire étira mes lèvres, moi qui était un grand consommateur, ça me faisait bien plaisir ! « Ah bah c'est merveilleux alors ! » Je sortais mon paquet de clope, sortait mon joint post travail et l'allumais. J'en avais un peu rien à foutre de fumer dans l'arrière boutique, j'étais pas le seul à le faire de toute façon. Je me levais pour ouvrir la fenêtre, c'était le minimum quand même. Je me tournais vers Opium, l'observant avec un éternel sourire en coin. « T'as quelque chose de prévu ce soir ? » Une invitation ? Peut-être. Un rencard ? Surement pas !

(désolée, j'ai énormément de boulot en ce moment, même pas le temps d'allumer mon ordinateur ça me rend dingue :( )

Je ne la lâchais pas du regard, finalement. Quoi qu'il arrive tout revenait à elle mais en même temps je n'avais rien d'autre pour m'occuper. Lui payer un verre ? Je répondis par un sourire énigmatique, l'idée me trottait déjà dans la tête depuis un moment mais ça je n'allais pas lui dire. Pas encore. Je me contentais de faire passer les mauvaises choses, les petites bourdes avec des vieilles vannes, un grand sourire et beaucoup d'initiatives. Y'avait que comme ça qu'on pouvait se sortir du cafard. Je voyais ses yeux vitreux, vide. Pendant quelques secondes elle était malheureuse, profondément et je ne voulais pas voir ça. Ni le savoir. Il fallait que ça change, que je trouve quelque chose d'autre. « Il faut se préparer à toutes les éventualités ! » Et puis elle en était une après tout. Je la suivais des yeux, l'observant venir à moi avec un intérêt à peine camouflé. J'avais pas besoin de cacher ce genre de choses, ça allait toujours avec moi. Je regardais tout, tout le monde, je fixais tout ce qui allait et ce qui n'allait pas. Et on s'y habituait. Ou pas. Ce n'était pas mon problème, je m'en fichais totalement. Mais Opium avait un physique pour le moins plaisant, malheureusement pour moi. Je hausse un sourcil à sa question, la laissant prendre mon joint. « C'est pas faux. Mais maintenant t'as quelque chose de prévu. » Je lui retirais le oinj des mains avec un sourire espiègle, m'éloignant pour aller vers mon casier et récupérer mes affaires. Principalement ma veste, ma casquette et mon skate. Je glissais deux trois trucs dans mes poches du genre porte-monnaie et lunettes avant de retourner vers la fenêtre. Je tendis le oinj à la demoiselle, souriant. « J'espère que t'es pas trop fatiguée aujourd'hui ! » Elle était pas sortie de l'auberge.

Le début de la conversation avait tourné au désagrément et j'avais eu du mal à faire basculer le tout. Heureusement, la demoiselle était de bonne composition et elle savait retomber sur ses pieds. Sa réplique m'arracha un grand sourire : c'était superbement nul, mais elle n'avait pas besoin que je lui dise pour qu'elle se rende compte. Elle devait bien s'en douter d'elle même. Je lui tirais la langue lorsqu'elle fit l'enfant, essayant de me faire croire que ça ne l'intéressait pas de sortir avec moi. « Tu sais qu'il y en a qui donnerait cher pour être avec moi ! » J'étais convaincu, dans ma tête, que c'était vrai et que beaucoup de filles voudraient boire un verre avec moi. C'était peut être pas le cas en vrai mais dans ma tête j'étais un grand tombeur et je plaisais à tout le monde. Opium également, bien entendu ! Mes affaires en main, je glissais ma casquette sur la tête et jetais un regard malicieux à la brune. « Alors on y va beauté ? » Je lui fis un clin d'oeil, merveilleux charmeur que j'étais. Je fermais la fenêtre, me dirigeant tranquillement vers la porte du salon, qu'on puisse se casser enfin. Oui, en fait je devais être un peu pressé mais ça je ne l'avouerais jamais. C'était juste une nana parmi les autres après tout, non ?

Je lui jetais un regard noir à sa réplique, faisant semblant de le prendre au sérieux. « Jalouse va ! » C'était ce qu'elle était après tout, promis un jour je lui apprendrais à être aussi séduisante que moi. Quoi que, elle se débrouillait déjà pas si mal. Je la laisse se détendre, elle va finir par s'y habituer, petit à petit. Elle n'avait pas eu encore droit à toutes les beautés de la personnalité d'Amadeus Peterson. Oui, j'adore parler de moi à la troisième personne, ça me donne encore plus d'importance ! J'étais à peine sortit de la boutique qu'elle se moquait de moi. Elle avait raison, mais je n'allais pas lui avouer ça. « Non j'ai juste trop soif ! » Une bonne petite pinte serait la bienvenue. Je fermais rapidement la boutique, je ne comptais pas m'éterniser, encore moins avec une demoiselle à mes côtés. Je m'allumais une clope et lui en proposais une. « En vrai, je sais pas grand chose de toi. Je sais même pas si tu fumes. » Je faisais pas attention aux gens, trop obnubiler par ma belle personne. Et des fois, ça me prenait, je m'intéressais et il fallait tout donner sinon je m'énervais. Un mec en carton, oui, probablement.

Elle me donne presque l'impression qu'elle pourrait se jouer de moi, mais non, il fallait que je reste dans mon personnage. C'était plus drôle comme ça. « Des 364 autres soirs où je suis à d'autres ! » Quelle catin je faisais ! Je lui adressais un grand sourire, niais et présomptueux. Comme si je me tapais une nana différente par soir, je n'avais que ça à faire. Je fronçais les sourcils et la bousculais légèrement lorsqu'elle me traitait de menteur. « Sachez que je ne mens jamais madame ! » Je la voyais se refroidir, petit à petit, alors j'accélérais le pas, je pouvais faire que ça de toute façon. Je m'allumais ma clope, la laissant prendre la sienne en la regardant avec intérêt. « On me dit pas souvent que je suis une exception dis donc. » Je lui souriais, amusé, bête, et j'aimais ça. Je me décidais à la taquiner un peu, l'attrapant vivement contre moi comme elle semblait avoir froid. Je voyais ses joues rosir et ses lèvres s'illuminer. « Bah alors, t'as perdu ton feu ? » J'en profitais pour lui allumer rapidement sa clope, galant que j'étais. Non, elle n'allait pas avoir le temps de faire quoi que ce soit avec moi.

Elle me cherchait et ça m'agaçait, ça m'émoustillait. Je ne savais pas sur quel pied danser, si elle jouait vraiment ou si il y avait un fond de vérité là dedans. Est-ce que, au fond, elle était comme moi ? Je me contentais de garder mon beau sourire et de rester arrogant, comme d'habitude. « Fais pas ton intéressante ! » Je détournais le regard, tirant une grosse latte sur ma clope. Je sentais à peine la fraîcheur de l'automne s'engouffrer dans ma nuque, elle me tenait bien trop occupé. Je lui jetais un regard en biais. « Donc je fais partie de la situation donc je suis exceptionnel ! » Toujours le dernier mot ? Oui, en effet. Je n'aimais pas laisser quelqu'un finir et encore moins quand c'était une petite femelle comme elle. Aussi mignonne soit-elle. Je la sentais chamboulée lorsque je la collais contre moi, son visage se décomposait légèrement. Et je savais pourquoi, je lui plaisais donc un peu. Beaucoup, peut être ? Je lui allumais sa clope et la vilaine m'embrassais, au coin des lèvres. Elle ne savait pas à quoi elle jouait encore celle-là. Je lui jetais un regard vif. « De rien vilaine ! » Je glissais ma main dans ses cheveux pour la décoiffer, taquin comme à mon habitude.

« C'est bien ce que je dis, qui t'a dit que je m'intéressais vraiment à toi ? » Je lui jetais un regard faussement acerbe. Elle aurait tout aussi bien pu comprendre que je m'intéressais à elle uniquement pour certaines choses et qu'après je ne la verrais plus. Heureusement, ce n'était pas le cas mais je n'allais pas lui dire, elle était beaucoup trop sure d'elle. Les rues s’enchaînaient, nous ne marchions pas vraiment vite, trop occupés à dire des conneries et à se chamailler. Comme des ados, sans les boutons et la voix plus grave. J'affichais un grand sourire naïf quand elle déclarait, ENFIN, que j'étais une exception. « Ah bah tu vois quand tu veux ! » Les attouchements s’enchaînaient, ça devenait presque intéressant tout ça. Le bar se rapprochait aussi, finalement. Le début d'une phase pour arriver dans une autre. « Oui t'es une vilaine fille ! » Si elle continuait à me chercher comme ça, elle allait vraiment finir par me trouver et elle risquait d'être surprise. Pourtant, elle continuait et moi je me tenais un minimum. Je n'aimais pas spécialement ça mais je ne voulais pas la traumatiser, pas tout de suite. Elle n'avait même pas bu encore. Jusqu'à ce qu'elle hurle à cause de ses cheveux. « T'as pas fini de te venger alors ! » Je lui lâchais un sourire moqueur, ce n'était vraiment que le début. Je la poussais vers le bar, mon squat un peu, lui ouvrant la porte pour la laisser rentrer. « Bienvenue chez moi ! » De la musique hyper active, de l'alcool partout et des camés en série. Ce soir, elle allait être servie la pauvre.

Je ne voulais plus savoir ce qu'on pensait de moi, où allait ni pourquoi. Pour l'instant j'étais obnubilé par sa présence, son parfum, toutes ces petites choses qui paraissaient insignifiantes. J'avais eu la douceur de ses cheveux entre les doigts et j'avais envie de recommencer. Sagement, la bonne partie de moi me muselait, m'obligeant à rester sage. Ça ne durerait pas longtemps, je le savais, mais au moins elle verrait qu'un côté de moi n'était pas si mauvais. Une fois dans le bar, je fus heureux de voir son visage s'éclairer d'un vrai sourire, ses yeux brillants de mille feux. J'en restais inconscient pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'elle me traîne jusqu'au bar. Très bien. J'avais envie de la plaquer contre moi, pour que personne d'autre ne l'approche. Mais je ne pouvais pas. « A la tienne ! » J'attrapais mon shot de tequila, plongeant mon regard de crooner dans le sien. Je trinquais, avalant cul sec avant de me lécher rapidement les lèvres. Et ce n'était que le début. « Deux de vodka, merci ! » J'adorais haranguer les serveurs. Elle avait attaqué au shot, ça allait vite tourner au drame parce que je n'allais pas la laisser se reposer tout de suite. Ça me changeait de d'habitude, j'étais plus du genre à me droguer plutôt qu'à boire. Mais elle n'était pas ce genre de fille.

Je ne savais pas vraiment si j'étais déjà enivré par l'alcool où si c'était Opium qui m'inhibait avec son sourire. Je vous laisse choisir la version que vous préférez. Sa déclaration pendant qu'on trinquait m'arracha un grand sourire. « Promis je ne regarde que tes yeux ! » Jusqu'au moment où je ne regarderais plus ses yeux mais ce n'était pas encore arrivé, j'avais un minimum de tenue. Tant que j'avais pas trop d'alcool dans le sang, elle n'avait pas besoin de s'inquiéter pour sa petite personne. Pour une fois, je ne pensais pas à la musique, aux autres personnes autour de moi, j'étais vraiment concentré sur elle. D'habitude, ici, je regardais partout, cherchant une future proie, sans regarder ceux qui m'accompagnaient. Elle en avait de la chance ! La saouler ? Oui, j'avoue, un peu... « Fais pas trop la maligne quand même ! » Toutes les filles étaient comme ça, et la plupart du temps l'alcool se retournait contre elle. Sauf que je n'avais pas du tout envie de tenir les cheveux d'Opium si elle vomissait. J'arquais un sourcil quand elle me disait qu'elle devenait "folle" en contenant de l'alcool. « Je suis pressé de voir ça ! » J'imaginais déjà la sage petite Opium sauter partout, danser sur le bar. Sans me douter que, avec l'emploi incorrect du mot, ce n'était pas du tout ça qu'elle voulait me dire. Mais je n'étais pas très réfléchi alors je restais sur mon idée du mot. Les deux autres shots arrivés, j'en tendais un à la demoiselle, souriant. « Allez, c'est ton jour de gloire ! » Bah oui, elle sortait avec moi, c'était surement la plus belle récompense de sa vie ! Tout le monde n'avait pas cette chance, ou du moins, tout le monde n'avait pas la chance d'avoir mon intérêt.

Je n'avais pas autant souris depuis un petit moment. Je n'avais plus l'habitude d'être aussi à l'aise et sincère, je m'amusais toujours des autres. Avec elle ça ne marchait pas si bien puisque je savais très bien qu'elle jouait autant avec moi. Ça se voyait dans ses yeux. Je souris de plus belle à l'image de la voir saoule. « Dans tous les cas je compte pas te laisser la possibilité de t'enfuir. » Je lui fis un clin d'oeil, me détournant d'elle rapidement. Je n'étais pas gêné, je voulais juste éteindre ce contact visuel qui allait me rendre fou très rapidement. Puisque j'avais envie de l'approcher et qu'une petite partie de moi me disait de ne pas le faire. Alors sagement, j'attendais les verres, me concentrant sur autre chose, les mâchoires serrées. C'était pas évident, pour un mec comme moi, d'être patient. Je savais pas faire ces choses là, c'est tout tout de suite ou rien du tout. Dangereusement ? Je lui jetais un regard en coin, un sourire amusé étirant mes lèvres. Je lui tendais son shot. « Taise-toi et bois ! » Avec un grand sourire, je me retournais vers elle, mon shot à la main. On trinquait encore, ça commençait à brûler un peu, mais j'allais survivre. « Tu veux boire autre chose peut être ? » Je nous voyais mal faire une soirée de shot, et ça ne me plaisait pas plus que ça cette idée.