Lyudmila était complètement perdue. Depuis quelques jours, elle n’avait pas de nouvelles d’Alekseï. Pourtant, d’habitude, ils échangeaient au moins un ou deux messages dans la journée. Mais là rien. Silence radio. Aussi, elle ne cessait de se demander pourquoi. Qu’avait-elle fait de mal ? Pourquoi ne lui donnait-il plus de nouvelles ? Pourquoi ne répondait-il pas à ses appels ? Attrapant son calendrier d’un geste brusque, elle glisse son doigt sur le carton, afin de trouver la date du jour. Mais rien n’est inscrit, aussi, elle est certaine qu’il n’a pas été en compétition. Son cœur se serre à cette simple et unique pensée. Lui au moins, il peut encore remonter sur des patins et affronter d’autres patineurs du monde entier. Mais elle y arrivera un jour et prouvera que les médecins avaient tort ! Elle sait qu’elle pourrait remonter, juste comme ça, pour le plaisir de patiner. Mais elle a peur, il faut bien l’avouer. Dès qu’elle voit une patinoire de loin, c’est l’excitation dans un premier temps. Puis bien vite, la peur lui tiraille l’estomac et elle fait demi-tour, sachant qu’elle n’aura pas le courage de franchir cette barrière. Se redressant, Lyu vérifie sa montre. Il faut qu’elle passe au garage pour récupérer une pièce. Ainsi, elle aura fini une voiture et elle pourra appeler le client pour qu’il vienne la récupérer. Enfilant sa veste, elle grimace doucement en se mettant en route. Son genou est douloureux aujourd’hui et têtue, elle n’a rien pris contre la douleur. Ca attendra. Arrivant au garage, elle salue son ami et vendeur, tout en lui demandant s’il a reçu la pièce. Avec un sourire fier, il lui tend le morceau de moteur, tout en demandant si elle ne veut pas un peu d’aide. Secouant la tête, elle le remercie avant de faire demi-tour. La pièce est plus encombrante que lourde. Et heureusement, son garage n’est pas trop loin de son appartement. Enlevant sa veste, elle remonte les manches de son t-shirt, avant de mettre les mains dans le cambouis. Lyu chantonne doucement, tout en riant toute seule de ses bêtises. Combien de fois depuis qu’elle a ouvert son garage, on lui  a dit que ce qu’elle faisait n’était en rien féminin ? Trop de fois pour qu’elle puisse compter. Mais elle aime ce qu’elle fait. Et puis, si les habitants savaient que normalement, elle est la fille qui patine, ils la laisseraient un peu tranquille ! S’essuyant les mains sur son torchon sale, elle sourit fièrement. Une voiture de réparer ! Attrapant son téléphone dans la poche arrière, elle compose le numéro de son client pour savoir quand est-ce qu’il viendra la récupérer. Notant sur sa main la date, elle le salue. Regardant l’horloge, Lyu se dit qu’il serait peut-être temps d’aller faire à manger. Remontant dans son appartement, elle se lave les mains, avant de se mettre aux fourneaux pour préparer un gratin de pâtes. Mais au moment de mettre le four à préchauffer, ce dernier ne s’allume pas. Pestant, Lyu vérifie tout mais rien. Soupirant de frustration, elle enfile ses baskets, attrape son plat et va toquer chez son voisin de palier. Elle ne l’a vu qu’une ou deux fois dans l’escalier, et n’a jamais pris le temps d’aller se présenter plus que ça. Attendant patiemment, Lyu prend un air contrit lorsque le visage du jeune-homme apparait. « Hum … Bonjour. Je suis Lyudmila, votre voisine et … mon four m’a laissé tomber. Est-ce que vous … pourriez me dépanner ? Et promis, on partage ! »