Forget about us

Mordicus & Cellophane

Mon scalpel me ripe des mains et vient s’étaler à mes pieds. Merde. Encore une fois. Mes mains tremblantes le récupère. Je suis dans la merde jusqu’au cou. Je pensais qu’avoir son beau-frère pour amant était une chose, mais là…là ça dépasse tout. Ça fait une semaine que j’ignore les messages de Mordread, depuis que je lui ai envoyé ce message que Philip m’a forcée à écrire. La rage et la détresse m’habitent. Je ne dois pas lui parler alors que j’en meurs d’envie. En plus de ça l’autre connard me surveille. Je grimace. Ça fait seulement une semaine mais il a réussi à transformer ma vie en enfer. Je pensais haïr Mordread, ce n’est rien à côté de ce que j’éprouve pour Philip.

Le dégoût m’envahit alors que je repense à notre première nuit ensemble. Il a non seulement été abject mais il n’a pas supporté d’être mis face à la vérité. Je suis quelqu’un de direct. Je ne pouvais pas lui mentir. Mon corps ne mentait pas lui, il ne peut pas me dire qu’il a pas remarqué que je n’avais pas pris mon pied. En même temps comment j’aurais pu, dans de telles conditions ? Comment ne pas comparer avec les nuits merveilleuses que j'ai passées avec Mordread ? Quel enfoiré. La rage m’envahit, la rage me traverse encore alors que j’ai ce scalpel dans les mains. J’ai tellement envie de le tuer. Enflure. Mes yeux se posent sur les bleus de mes avant-bras. Je rabats les manches, je ne veux plus voir ça. Dans quelle situation de merde j’ai été me fourrer au juste ? Comment diable a-t-il su pour nous ? Je regrette tellement Jim. Il ne m’a pas reparlé depuis et m’évite comme la peste dans les couloirs. Je n’ai même pas pu m’excuser.

J’imagine que je paie le prix de n’avoir pas su retenir mes pulsions, de n’avoir pas su respecter le seul homme qui ne m’ait jamais respectée. Tout ça parce que je suis accro à un homme que je ne peux pas avoir. Quelle gourde. Si seulement il n’y avait pas autant de personnes en jeu, je lui aurais dit d’aller se faire mettre à l’autre enflure qui me fait chanter !

Je jette le scalpel sur la table de travail. Mon regard passe sur le corps sans vie qui se tient devant moi. Oh si seulement ça pouvait être Philip, je me ferai un plaisir de le disséquer lui et ses intérêts mal placés. J’essaie de me calmer. Mon regard se porte sur l’horloge de la pièce. Il me reste encore du temps avant de l’avoir de nouveau dans les pattes. Il faut que je trouve un moyen de lui faire payer ce qu’il fait. Pour le moment subir est le seul moyen que j’ai trouvé de protéger ma famille du scandale. Et me protéger de l’abandon. Si je ne peux pas voir Mordread, au moins Philip me laisse voir Eli et Victoria. J’ai beau me sentir coupable à propos de Mordread, revoir Victoria me fait un bien fou, même si c’est affreux de devoir lui mentir. De devoir faire comme si j’étais folle amoureuse de ce connard qui me sert de petit ami alors qu’au fond, les qualités que je vante sont celles d’un homme qui n’existe pas ou quand je l’ose, celles de Mordread. Oh non…justement je le vois qui traverse la porte battante.

Mon cœur s’emballe à m’en faire mal. Je suis heureuse de le voir et en même temps effrayée. Si par malheur Philip compte passer par là, s’en est fini de notre petit secret. J’ai envie de pleurer mais mon visage forme un masque aussi froid et dur que possible à l’adresse de Mordread. Il ne doit pas savoir, ça fait partie du contrat de cette enflure.

MademoizelleZ

Forget about us

Mordicus & Cellophane

Je le vois perdre son sourire. Ça me vrille le cœur, mais je dois tenir bon, pour lui, pour les filles aussi. Oh ce serait horrible si notre histoire éclatait au grand jour. Je prends sur moi pour garder le visage aussi fermé que possible. J’ai si peur que mes yeux me trahissent. Alors qu’il ironise sur mon accueil, je lève les yeux au ciel. Comme avant. Comme avant, je croise les bras à son approche. « Tu n’as qu’à pas débarquer sur mon lieu de travail quand ça te chante. C’est une morgue ici. Pas une boîte de nuit. » C’est ça, rester froide, cinglante. Mon cœur me fait mal. J’ai mal d’avoir dit ça. Je suis tellement heureuse de le voir et je ne peux pas le montrer. Le voilà qui me caresse la joue, du bout des doigts. Je frémis et mon cœur, ce fou, accélère la cadence. Comme si ce  n’était pas déjà assez difficile.

Au prix d’un grand effort, je repousse sa main et je me recule d’un pas. S’il me touche un peu trop je vais  perdre mon masque, je vais perdre mon sang-froid et je vais tout lui déballer. Ce sera la fin de tout. Non, je ne supporterais pas. « Je ne te fais pas la tête. J’ai décidé, pour le bien de Victoria, de rester loin de toi. » Utiliser ma chère sœur comme excuse est sûrement le plus logique. Je devrais ajouter que j’ai rencontré un gars, mais je n’y arrive pas. Mentionner cette raclure comme un amour en devenir, je préfère encore boire de l’acide. « Elle va finir par comprendre qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Chez toi comme chez moi. Ça devient trop difficile à gérer. » Et plus on passe de temps ensemble, plus je m’attache. Finalement, peut-être qu’avoir croisé Philip va m’aider à simplement accélérer un processus qui devrait avoir lieu tôt ou tard ? Après tout, on a déjà eu cette conversation au réveil de Vic’. On a pas tenu très longtemps. Mais là c’est différent. Philip est dangereux.

Mes lèvres commencent à trembler à cette pensée. Je sens mon ventre se tordre, mais je dois encore prononcer ces mots que je ne veux pas prononcer, jusqu’à ce qu’il s’en aille. « Qu’est-ce que tu fais ici d’ailleurs ? Tu ne devrais pas être aux côtés de ta femme ? » Mon cœur se serre. Je détourne le regard alors que je poursuis. « Elle est si heureuse de t’avoir retrouvé comme avant, comme quand tout allait bien entre vous. » C’est plus facile que je ne le pensais. J’ai beau être envieuse, voir ma sœur de nouveau heureuse m’empêche de vouloir me faire passer avant pour une fois. J’ai l’impression de lui avoir volé un an de sa vie. Ne devrais-je pas désormais me ranger et me taire ? Ce ne sont pas les hommes et les femmes qui manquent, alors pourquoi je devrais espérer être avec le seul qu’elle ait choisi ? On ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Oh tais-toi fichue voix ! Respirer devient douloureux. « Va-t-en s’il te plait….j’ai encore du travail avant de rentrer… » Et merde, voilà que j’ai le ton las et suppliant. Il risque d’y voir une ouverture. Je lui tourne pourtant le dos pour aller à mon plan de travail. Espérant qu’en me retournant, dans quelques instants, il aura disparu.

MademoizelleZ

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Mordicus & Cellophane

Mon cœur se serre une fois de plus alors que la réplique tombe, cinglante. Il crie, je ne l’entends pas mais je le sens, je le perçois, et puis, et puis je choisis de me détourner. Je n’ai pas le choix, sinon je vais craquer et le prendre dans mes bras, lui demander pardon. Tout lui raconter, et dès lors, il n’y aura plus qu’une suite de problèmes inextricables. Non il est impossible que je mette à mal autant de personnes autour de moi. Je me sens mal, terriblement mal. J’attends, le temps me paraît infiniment long et puis, je ressens un grand vide. Il n’est plus là. J’aurais aimé qu’il insiste, j’aurais aimé qu’il me force à tout lui expliquer. Mais c’est sans doute mieux comme ça. Je n’aurais simplement jamais dû céder la première fois.

Je me retourne enfin vers la porte. La pièce est vide. Il n’y a plus que les cadavres et moi. Mon cœur se fissure un peu plus, et puis, c’est un torrent de larmes qui fait surface. Le sol vient brutalement recueillir mes genoux. Les sanglots me secouent tandis que les souvenirs de tout ce que nous avons vécu depuis plus d’un an me traverse comme autant de lames acérées me rappelant que non, je n’ai pas le droit au bonheur. J’ai volé la vie de couple de quelqu’un d’autre. Ma propre sœur ! Comment pourrais-je prétendre à toutes ces petites joies quotidiennes et à en profiter sans vergogne ? Victoria ne me pardonnera jamais si elle l’apprend. Et il est hors de question qu’elle l’apprenne.


Je n’ai plus de larmes à verser. Je me sens affreusement mal. Le sol se fait implacablement dur et froid sous mes jambes. Je frissonne de dégoût envers moi-même. Je me relève en grimaçant de douleur, tant bien que mal. Je le mérite, je mérite de souffrir. Et pourtant je ne le veux pas. Je soupire. J’ai mal à la tête. Trop mal pour continuer à rester là, et pourtant, pourtant, je préfère ça que rentrer chez moi. Mon téléphone vibre. Ma main tremblante vient le chercher. C’est lui, c’est cette ordure. Il me demande si je veux qu’il passe me chercher pour me ramener chez moi. Je sais très bien ce qu’il attends, je refuse. Je ne veux pas. Il me dégoûte encore plus que moi-même. Je lui réponds que j’ai du travail jusque tard. Je préfère encore m’endormir la tête sur un cadavre que de passer une autre nuit avec lui !

Et tandis que je reprends mon autopsie, je cherche des solutions pour me débarrasser de lui. Sans me salir les mains, même si c’est la solution qui ne cesse de clignoter dans mon esprit, je me refuse d’y céder. Je ne veux pas qu’il puisse me pourrir la vie une fois mort. Lui n’en a pas le droit. Ce n’est qu’un arriviste égocentrique qui veut les éloges de père. Cette constatation me frappe de plein fouet. Et moi alors ? Ce n’est pas ce que je suis ? Une arriviste égocentrique ? N’ai-je pas toujours voulu les éloges de père ? Mes jambes tremblent sous mon poids. J’ai envie de vomir. La soirée va être longue. Très longue.

MademoizelleZ