Enfin, nous y sommes, sur le toit de cette magnifique villa. Le fait qu’il aime la vue me rassure dans mon choix tout en faisant redoubler le sourire que je lui offre. J’aime entendre son rire, juste avant que je ne l’emmène au plus près du bord pour que l’on s’y assois. Il ne tarde pas à me reprendre la main, alors même que je m’excuse de l’avoir abandonné. Je ne peux pas m’empêcher de rougir lorsqu’il me fait un baise main, me faisant doucement rire d’une gêne que je n’arrive pas à contenir. Si je m’attendais à ça de lui...

Bien vite seulement, sa question vient sur le tapis, me bombardant de compliments sur mon art au passage. Au final, il me semble qu’il a tout de même aimer m’entendre jouer et chanter avec Enzo. Il aime ma musique, plus que je pouvais le penser au départ et mon coeur lui, ne peux pas s’empêcher de battre à nouveau comme un fou dans ma poitrine. Mes doigts se serrent sur les siens, les caressant avec douceur alors que mon sourire se fait sincère, en réponse à ses joues rouges totalement adorable.

« Merci... Je suis vraiment heureux qu’elle te touche à ce point. »

Mon sourire ne décroche plus de mes lèvres alors je cherche soudain mes mots pour répondre à sa question, mon regard se perdant sur l’horizon. Je ne m’attendais pas à une question pareille maintenant mais, pourquoi pas après tout. Ca me permet d’échapper un peu au stress de la situation.

« Rappelle toi les paroles de mon père, le premier soir. « Nous sommes médecins de générations et génération ! » Il en est très fier. Tellement que ça passe avant tout. Pour lui, être artiste n’est pas un métier. C’est une passion, tout au plus. Malheureusement pour moi. En vérité je n’ai pas le choix. »

Mon sourire s’est quelque peu estompé, laissant place à une légère nostalgie. Lui parler de tout ça était loin d’être facile pour moi. Parler de mon père était toujours un sujet épineux mais au final, j’étais content de pouvoir lui en parler, ne serait-ce qu’un peu.

« Quand j’étais ado, j’étais vraiment à fond dans la musique. Je jouais tous les jours et je composais tout le temps. Mes notes en avaient pris un sacré coup à l’époque, tellement je n’en avais plus rien à faire d’aller en cours. Tout ce que je voulais, c’était jouer et composer. J’ai écrit des dizaines de morceaux à l’époque. Et puis... Un jour mon père en a eu marre. Il a jeté au feu la plupart de mes compositions.»

Un soupir traversa mes lèvres alors que je me plongeais dans mes souvenirs. Celui de cet instant où j’avais vu les flammes dévorer mon travail en quelques secondes. Des heures et des heures de travail acharné, la plupart du temps nocturne, réduit en fumée en un claquement de doigts.

« J’ai compris que je ne pourrais jamais poursuivre mon rêve de devenir compositeur. Que j’aurais beau tout faire, avoir tout le talent du monde, il n’accepterait jamais que je m’éloigne de la tradition familiale. Alors, sale hypocrite qu’il est, il se contente de me prendre pour son jukebox, seulement bon à divertir ses amis et ses invités. Tu l’a bien vu, il n’est pas fan de ma musique, juste fier comme un paon d’avoir un fils qui sait jouer correctement. »

Mon ton est mauvais alors que je fini ma phrase. Je le déteste, pour toute cette vie qu’il me fait vivre, pour ne pas me laisser choisir ma voie et pour être aussi égoïste. Je soupire néanmoins, presque résigné par la force des années, fatigué de me battre contre lui.

« Ca fait partie des raisons pour lesquelles je t’ai tout de suite détesté, lorsque tu es arrivé chez nous. Monsieur Plusqueparfait. Tu n’étais pas seulement beau, cultivé et romantique, non non, ce n’était pas suffisant, tu menais surtout la vie que je rêvais d’avoir. Tu vis tes rêves, tu ne laisse personne décider à ta place. Exactement ce que je n’ai jamais été capable de faire. Et je t’envie pour ça. Horriblement. »

Je suis incapable de le regarder dans les yeux en lui déballant tout ça. Je sais que c’est ridicule et puéril, de l’avoir détesté pour ça. Et malgré tout, ça n’avait été qu’un prétexte pour le fuir, encore et encore, pour ne surtout pas qu’il m’approche. Le détester avait été plus facile que d’essayer de comprendre pourquoi est-ce qu’il me faisait autant d’effet, c’était aussi simple que ça.

« Et puis, j’étais certain que tu étais hétéro aussi. Et j’en avais ras le cul d’entendre mes soeurs me rabâcher tout le temps toutes tes qualités. »

Un léger rire s’échappe de mes lèvres alors que j’ose enfin plonger mon regard dans le sien, essayant d’effacer ma gêne de mes dernières révélations.

Mes mots le touchent mais visiblement l'obligent aussi à penser à des choses plus négatives. Ma question le chamboule, je le vois bien. Mais j'ai envie d'en apprendre plus sur lui. J'ai envie de comprendre son fonctionnement, j'ai envie de connaître ses rêves, ses passions, ses envies.... Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive ? Dès que je plonge dans ses yeux, je perds mes moyens. Elio...

Il me ramène à notre conversation, me demandant de me souvenir de notre première rencontre. Lorenzo n'a pas le beau rôle. C'est bien ce que je pensais, il est étouffé par les ambitions de son père...tiens, ça ma rappelle quelque chose.... Mes doigts se serrent un peu plus sur les siens, l'encourageant à continuer, mais pour lui montrer que je suis là aussi. Il commence à me parler du temps où il se sentait encore libre de créer, de vivre pour sa passion. Je suis outré quand il explique l'acte abominable de son père.

« Oh l'enfoiré.... pardon. »

C'est son père tout de même. Mais...c'est....je crois que j'aurais quitté la maison avec un coup pareil. Un travail acharné qui part en fumée, ça doit faire enrager. Elio poursuit et je sens toute la colère qu'il éprouve à évoquer son père qui l'utilise pour simplement se faire bien voir. C'est dommage d'avoir une telle mentalité, mais ça ne m'étonne pas. Quand les familles sont attachées aux traditions, ceux qui ne veulent pas suivre deviennent des outsiders.. J'imagine qu'Elio ne s'est pas vu quitter la famille, vivre totalement par lui-même à ce moment-là. Il poursuit et c'est à mon tour d'en prendre pour mon grade. Alors qu'il explique pourquoi il me détestait au départ, je rougis, mais lui-même n'ose pas me regarder, je me mordille les lèvres par stress. Il finit par une remarque qui m'arrache un petit rire.

« Non...je suis loin d'être parfait Elio. »

Mon regard se plonge dans le sien aussi. Puis je regarde vers le ciel, cherchant comment aborder les choses, finalement mon regard se repose sur lui.

« On a finalement pas mal de choses en commun. Avec mon père aussi c'est conflictuel. »

Je reprends ma respiration. Au final, ça me fait du mal d'y repenser, mais je crois qu'il a le droit de savoir. Après tout.

« Mon père refuse de me parler depuis que j'ai décidé d'emprunter une autre voie que la sienne. Je n'ose même pas imaginer s'il savait que je suis gay... et ma mère...elle ne sait pas non plus. Je leur cache ce que je suis vraiment. Alors oui, peut-être que je vis comme j'en ai envie, mais je mens à ceux que j'aime le plus. Et puis... »

J'hésite. Mais j'ai entamé la phrase, autant la terminer.

« … des fois je me demande si j'ai bien fait. Si ça valait le coup de tenir tête à mon père, de partir si loin. Il m'arrive de tout remettre en question et de me sentir affreusement seul et inutile. »

Je ne parle pas de la solitude physique, mais de celle qui nous prends aux tripes, nous donne l'impression qu'on a notre place nul part.

« Et puis, heureusement, on tombe sur des gens qui nous donnent l'impression d'être à notre place. La vie prend un nouveau sens. »

Je lui adresse un regard timide accompagné d'un sourire. Encore une fois, je sais pas ce qui me prends de dire un truc pareil....mais en même temps, c'est ce que je ressens maintenant. Pourquoi mentir ? Mais il va croire que je le baratine... Je détourne les yeux, presque honteux.

« Désolé. Je m'emballe. Tu me fais beaucoup trop d'effet. Je...au départ...je voulais seulement... enfin..tu sais...et puis.... j'ai t'ai découvert un peu plus et j'ai voulu te connaître encore mieux... »

Je le regarde de nouveau dans les yeux, frissonnant.

« Je suis désolé pour mon comportement au début. De t'avoir fait si mauvaise impression...d'avoir été con avec toi. Je...Je suis très heureux de t'avoir rencontré. Et je vais me taire maintenant. »

Bon sang que je me sens con.

Sa réaction à propos de mon père me fait sourire. Je suis content qu’il me comprenne autant que je ne regrette pas tout ce que je viens de déballer. Je lui porte toute mon attention alors qu’il commence lui aussi à se livrer, à me raconter ses conflits avec son père. Je baisse les yeux lorsqu’il parle du fait que sa famille ne le connait pas réellement. Personne ne pouvait mieux le comprendre que moi. Ce sentiment, cette solitude, je la connais par coeur. On était dans le même bateau au final. Puis il enchaine avec des mots qui me font vibrer. Est-ce qu’il est vraiment entrain de dire tout ça ? Mon regard cherche le sien qui regarde ailleurs, semblant à nouveau gêné. Je ne sais pas quoi dire alors qu’il s’excuse et s’emballe encore plus. Il est juste adorable. Où était donc passé le Axel si sûr de lui ? Son regard me fait littéralement fondre. Alors, pour toute réponse, je lui souris avant de venir capturer ses lèvres des miennes, me faisant tendre en glissant ma main dans sa nuque. C’était un de ces baisers sincères et puissants, dégageant tous les sentiments qu’il pouvait provoquer en moi à cet instant. Je ne lâchais ses lèvres que quelques secondes, le temps d’un murmure.

« Chaque fois que tu te sentiras seul et inutile, tu n’auras qu’à penser à ce moment. »

Je lui offris un sourire sincère avant de l’embrasser encore, bien plus intensément cette fois. Tant pis pour les doutes, les questions, pour les prises de tête et pour tout le reste. A cet instant, je me sentais à ma place et j’avais envie de le lui prouver.

« Eliooo ! T’es là mon pote !? »

Oh non. Non pas maintenant ! Je me détachais d’Axel à regret, reprenant contenance en me tournant vers Sam. Je lui offrais un sourire forcé alors qu’il approchait avec son grand sourire et son verre à la main.

« Ah je savais que je te trouverais ici ! Bah alors on dit plus bonjour à son meilleur pote ? »

« Salut Sam. Désolé, on prenait un peu l’air. »

Il était déjà à notre hauteur, se glissant entre Axel et moi en posant ses bras sur nos épaules avec un équilibre précoce. Il se tourna alors vers Axel, l’air curieux, puis vers moi, un grand sourire aux lèvres, avant de se retourner vers lui à nouveau.

« Je te présente Axel. Axel, voici Sam, un ami d’enfance. »

« Enchanté Axel ! »

Puis il se tourna à nouveau vers moi, me présentant cette fois son verre que je m’empressais de prendre avant qu’il ne le laisse tomber.

« Goûte moi ça. »

« C’est quoi ? »

« Fais moi confiance un peu ! »

Le sourire aux lèvres, je me laissais tenter, buvant une gorgée du liquide qui m’arracha aussitôt une grimace. Rapidement, je lui rendais son verre en toussant un peu, ne pouvant m’empêcher de pouffer.

« Ouff, je sais pas ce que t’as mis là dedans mais ça réveillerais un mort. »

« C’est le but mon cher ! Aller venez, vous manquer toute la fête ! Et Aurore a très envie de danser avec toi ! »

Souriant, mon regard chercha alors celui d’Axel. Il était vrai que maintenant, après toutes ses émotions, j’avais très envie de danser. Et avec lui, bien entendu, même si ça allait être très différent de la dernière fois, à la Démence. J’en avais vraiment envie.

« Aller ouais, faudrait pas la faire attendre. »

Sam me tendit sa main pour m’aider à me lever, entrainant Axel à ma suite. Je ne manquais pas de reprendre possession de sa main dès que Sam eu le dos tourné, ouvrant la voie en descendant l’échelle le premier. Nous retracions notre chemin dans le sens inverse, jusqu’à finalement retrouver Aurore et Camille sur la piste, au rez-de-chaussée. D’un oeil, j’avais déjà repéré mes soeurs non loin de nous, dans un état d’euphorie totale. Tant mieux, au moins, elles s’amusaient bien. J’entrainais Axel avec mes amis, accordant sa danse à Aurore sans pour autant lâcher mon beau blond des yeux, me laissant entrainé par le rythme des basses qui faisaient vibrer le sol. Je me sentais tellement bien en cet instant, avec mes amis et avec lui, même si je ne pouvais pas l’approcher. Ce serait pour plus tard. Les regards, les effleurements, eux, restaient bien présents. Je savourais cet instant comme jamais.

Mon cœur fond alors que je capte toute la compréhension dans les prunelles d'Elio, toute la douceur dans son sourire, mais encore plus alors qu'il dépose sur mes lèvres un baiser lourd de sens. Je tremble presque. C'est une drôle de sensation qui me traverse le corps, grisante, tellement impressionnante qu'elle me ferait presque peur. Les doigts d'Elio derrière ma nuque me font frissonner de plaisir, je lui rend son baiser avec ardeur. Il se détache doucement pour me murmurer des mots d'une résonnance toute particulière à mon oreille, faisant galoper mon cœur comme un fou. Je suis saisi de vertige, je suis si heureux en cet instant. La bouche d'Elio se colle de nouveau à la mienne, toujours avec douceur mais aussi une nouvelle passion. Ma main accroche le col de sa chemise pour le rapprocher, j'appuie mon baiser, lui montrant toute l'émotion qui me gagne. Tu me rends fou Elio...

Je grimace alors que nous nous écartons précipitamment l'un de l'autre. Un ami d'Elio l'appelle depuis l'échelle, bien éméché celui-là. Je soupire en lançant un regard résigné à Elio. Tant pis, ce sera pour plus tard... C'est vrai qu'on est à une soirée après tout. Je me promets d'inviter Elio pour une sortie plus intimiste, loin des gens qui prennent un malin plaisir à nous interrompre. Le dénommé Sam se glisse entre nous m'adresse un regard curieux lorsqu'Elio fait les présentations.


« De même, enchanté Sam. »

Je lui en veux tout de même de nous avoir interrompus. Mais en ai-je le droit ? Je souris malgré tout avant d'observer l'échange entre les deux amis. De fait, ils ont l'air de bien se connaître. De nouveau je me sens bien étranger. Elio connait presque tout le monde ici, moi je le suis comme un petit chien n'espérant que son attention. J'ai vraiment une attitude ridicule. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Il faut que je me reprenne. Je ne suis pas aussi dépendant d'ordinaire !

Il est tant de quitter le cocon de la nuit pour retrouver les festivités. Je dois reconnaître que je suis rassuré alors qu'Elio reprend ma main le temps du trajet, le temps que personne ne regarde. Soudain j'ai envie de me rebeller contre le fait de se cacher. Pourtant je trouvais ça excitant au début. Je crois que je suis trop frustré. Je soupire contre moi-même alors que nos doigts se détachent. Aurore veut une danse avec son précieux Elio.

Finalement l'ambiance festive me happe aussi et mon corps se remet à bouger au rythme de la musique. Je danse plus ou moins seul sans quitter Elio du regard. On est bien loin de l'ambiance sulfureuse de notre première danse mais nos regards échangés en disent long. Et puis finalement, nous trouvons le moyen de nous rapprocher, de laisser nos corps s'effleurer. Je dois prendre sur moi pour ne pas lui voler un baiser dès que son visage est tendu vers le mien.

Les minutes -peut être des heures ?- s'écoulent alors que nous dansons comme des fous. Je finis par rendre les armes. Ma main vient doucement attraper l'épaule de mon beau brun pour attirer son attention et ma bouche vient se glisser près de son oreille pour l'informer.


« Je vais me chercher à boire, tu veux quelque chose ? »

C'est seulement lorsqu'Axel pose sa main sur mon épaule que je reprends un tant soit peu pieds avec la réalité. Depuis combien de temps dansons nous ainsi ? L'un contre l'autre en faisant en sorte de ne pas éveiller le moindre soupçon sur nous ? Trop longtemps pour que je résiste à l'envie de le suivre lorsqu'il me propose un autre verre. Je lui réponds d'un doux sourire, m'assurant que personne ne prête attention à nous alors que je me glisse vers son oreille.

" Je viens avec toi."

Sans attendre, je le suis jusqu'à la cuisine. Faire une pause me fera le plus grand bien. Je ne sens même plus mes pieds tellement je me suis laisser aller à danser comme un fou. Mon sourire ne décrochant pas de mes lèvres, je me glisse sur un élément de la cuisine, m'asseyant dessus pour soulager un peu mes pieds. Je suis mon blond du regard, l'attirant amoureusement à moi dès que je le peux, loin du regard des autres. Osant glisser mes bras sur ses épaules, je l'entraîne entre mes jambes, souriant malicieusement.

" Je veux bien la même chose que toi."

Je le relâche avec regrets après un baiser volé, les yeux pétillants d'envie à son égard.

" Ça te dirait de faire une pause là haut ?"

Je le dévorais littéralement du regard en me glissant vers son oreille, faisant mine de la mordiller avec toute l'envie qu'il provoquait dans ma chair. Pourvu qu'il dise oui, je n'en pouvais plus de me retenir.

Ma requête trouve son chemin dans l'oreille d'Elio qui ne se contente pas de me commander une boisson mais préfère m'accompagner. Je reconnais que ça m'arrange. Je lui offre un sourire éblouissant puis le laisse prévenir ses amis s'ils le veut. De toute façon, ils sont déjà tous tellement éméchés et à fond dans la danse qu'ils ne remarquent pas grand chose. Nos pas ne s'arrêtent qu'une fois dans la cuisine. Elio s'empresse de s'asseoir sur le premier meuble libre venu. Je souris de nouveau, on dirait qu'il a bien besoin d'une pause en réalité. Contrairement à ce que j'aurais cru, il ne prévoit pas de me lâcher tout de suite. Il m'attire sensuellement à lui.

Je me mords la lèvre avec envie alors qu'il glisse ses mains sur mes épaules et que ses jambes entrainent les miennes, me rapprochant de lui. Il joue un jeu terriblement dangereux... Il me laisse choisir la boisson pour nous.

« Je nous prépare un mojito alors, restons sur du rhum. »

Je lui adresse un clin d'oeil complice avant de redevenir sérieux pour me pencher chercher ses lèvres. Je ne sais pas qui vole un baiser à l'autre mais cela décuple mon envie. Alors qu'il me libère et que je m'attèle à la préparation de la boisson, il me fait une proposition qui étrangement résonne comme indécente à mes oreilles. Il est de nouveau très près de moi. Je le regarde, brûlant soudain de désir en réponse à ses prunelles enflammées.

« Hum... ça me semble être une proposition intéressante. »

Je termine d'écraser la menthe et le citron un peu brusquement. Luttant contre l'envie qui essaie de se faire place dans mon pantalon. Pas dans un endroit aussi public... J'ai vraiment très chaud. La boisson préparée, je lui tends son verre, les yeux brillants, m'empêchant de l'imaginer nu sous mes mains, ou d'imaginer la douceur de sa peau sous ma langue. C'est presque impossible....

« Je te laisse me guider, tu es celui qui connait la maison. »

Ma proposition semble faire mouche. Mais plutôt que de l’entrainer tout de suite à l’étage, j’attends sagement qu’il finisse de préparer nos boissons, observant ses gestes avec attention et curiosité. Lorsqu’enfin, il me tends mon verre, les yeux brillants autant d’envie que les miens, je ne résiste pas, mordillant ma lèvre inférieure en le récupérant. Mes yeux ne se décrochent plus des siens alors que je bois une première gorgée du liquide, puis une seconde, m’accrochant à la fraicheur des glaçons sur mes lèvres. J’adore ça, cette sensation diablement excitante de chaud et froid. Bientôt, mon regard le quitte pour m’assurer à nouveau que la voie est libre avant de venir glisser furtivement mes doigts dans les siens, lui lançant un regard sans équivoque, direction l’escalier où à nouveau, je n’ai d’autre choix que de le relâcher. Nous évitons savamment plusieurs personnes sortant et rentrant dans les chambres de l’étage. Visiblement, personne ne fait attention à nous et tout le monde a la même idée derrière la tête. Rien d’étonnant en même temps, vu la soirée. Alors que tous se battent pour les premières chambres accessibles de la villa, j’entraine mon beau blond plus loin, presque au fond d’un couloir que je connais bien. Ici nous serons bien plus tranquille.

Choisissant la chambre, je l’ouvrais en passant ma tête par l’entrebâillement, souriant en la découvrant vide. Rapidement, j’entrais dans la pièce en tirant Axel à l’intérieur, refermant la porte derrière nous en appuyant mon dos contre elle, prenant soin d’actionner le verrou, juste par sécurité. Et maintenant ? J’étais stressé, mais j’avais surtout très envie de lui. Tout entier. J’en frémissais presque tellement j’avais pu être frustré d’avoir été autant interrompu précédemment. Mais peut-être qu’au final, c’était mieux comme ça. Faire monter la tension entre nous, jusqu’à ne plus en pouvoir. L’idée me plaisait assez pour que j’en joue encore, reprenant une gorgée du Morijto qu’il m’avait si bien préparé avant de le glisser sur une petite table, juste à côté de la porte. Mes yeux le cherchèrent à nouveau, plongeant dans les siens pour ne plus vouloir les quitter. Mon corps se rapprocha du sien avec sensualité, le dévorant du regard avant de me jeter enfin sur ses lèvres avec ferveur, n’en pouvant plus de tant de retenue. Bon sang, qu’il pouvait me rendre fou rien qu’avec ses lèvres, avec ses baisers fiévreux et son corps qui semblait réclamer le mien. Mon corps tout entier brûlait pour lui, avide de sa peau contre la mienne, d’enfin pouvoir le découvrir comme j’en rêvais depuis qu’il était arrivé. Axel, tu me fais complètement perdre la tête.

La tension installée entre nous me rend fébrile. Nous buvons sans nous lâcher du regard. Je rêve désormais d'être ce verre qui touche ses lèvres. Le liquide glacé fait frissonner mon corps brûlant d'envie. Mon respiration se saccade. Mon beau cavalier se met alors en mouvement, m'invitant du regard à le suivre, puis lorsque la voix est libre, sa main s'empare de nouveau de la mienne. Un jeu de discrétion s'engage alors avec les autres invités, au détour des escaliers, des angles de couloirs, des portes qui s'ouvrent. Je viens seulement de me rendre compte de la taille de cette villa. Elio a l'air de savoir où il va en tout cas. Je le suis en refoulant toutes les questions gênantes qui pourraient venir gâcher le moment. De bêtes questions de jalousie.

Il finit par jeter son dévolu sur une porte en particulier., jetant un regard à l'intérieur avant de m'indiquer que la voie est libre. Mon cœur s'emballe. Je manque de renverser mon verre alors qu'il m'entraîne à sa suite dans la pièce. Il s'empresse de refermer la porte et de la verrouiller. Le dos contre la porte, il m'observe comme s'il allait me manger. Non que l'idée me déplaise, mais je n'ai pas l'habitude d'être dans cette position. D'un mouvement synchronisé nous déposons nos verre sur une petite table à notre portée. Puis nous nous rapprochons, comme aimanté l'un à l'autre. Mon regard ne cesse d'osciller entre ses prunelles animées de désir et sa bouche sensuel qui semble m'appeler. Sans attendre davantage, nos lèvres se joignent de nouveau, avec une ardeur libérée, délicieuse.

Ma main se glisse derrière sa nuque, lui agrippe légèrement les cheveux alors que l'autre vient se lover dans le creux de son dos pour mieux le rapprocher de moi. Je finis par le pousser contre le mur le plus proche, lui dévorant le cou, m'arrêtant juste un instant pour lui murmurer dans l'oreille :

« Tu me rends fou Elio... »

Mes lèvres s'étirent en un sourire avant de venir attraper le lobe de son oreille que je mordille tendrement. Puis ma bouche glisse vers son cou avant de poursuivre sur son torse que je m'applique à découvrir, ma main libre déboutonnant chaque bouton de sa chemise. Sa peau se dévoile peu à peu, mes lèvres la parcourent avec envie, tendrement d'abord, puis avec plus de passion. J'ai envie d'en découvrir plus...

Impossible de me séparer de lui, de me séparer de ses lèvres une seule seconde, alors qu’il me fait frissonner de sa main dans ma nuque qui s’accroche à mes cheveux. Mon corps se colle au sien avec avidité, mes doigts s’accrochant à lui dans son dos, cherchant déjà la moindre parcelle de peau à conquérir. Mais il ne m’en laisse pas l’occasion, me plaquant contre le mur avec autorité, me rendant extatique. Je soupire déjà alors que sa bouche se glisse dans mon cou, que chacun de ses baisers m’électrisent. Il ne s’arrête que pour venir me chuchoter ses délicieux mots à l’oreille de sa voix vibrante, provoquant mon excitation déjà bien présente contre son bassin. Il reprit sa douce torture, s’en prenant à mon lobe en me faisant gémir de plaisir. Oh fuck, j’allais vraiment pas tenir le coup si il continuait à me faire autant d’effet. L’une de mes mains s’agrippa à ses cheveux alors qu’il s’attaquait de nouveau à mon cou, descendant bien vite sur mon torse alors que j’avais déjà fermé les yeux, profitant de chacune de ses caresses, ressentant chacun de ses baisers comme si il marquait mon corps un million de fois. Je ne voulais pas qu’il s’arrête, mais j’avais encore plus envie de le dévorer à mon tour, de retrouver ses lèvres et de le débarrasser de sa chemise devenue bien trop gênante.

Alors je le tirais par les cheveux doucement, reprenant ses lèvres une fois de plus, cherchant sa langue avec ardeur. Mes doigts tirèrent sur le tissu blanc, cherchant à le lui enlever avant de lui faire passer au dessus de sa tête, l’envoyant quelque part au sol tout en repoussant mon Apollon doucement en direction du lit. Je le dévorais de mes lèvres, ne lui laissant aucun répit jusqu’à le pousser sur le matelas, me plaçant à califourchon sur lui pour reprendre sa bouche une fois encore. Cette fois seulement, je la quittais pour la redécouverte de son cou, que j’avais tant voulu marquer la fois précédente. Le suçon c’était bien estompé, il n’en restait presque plus rien. Et ça me donnait juste envie de recommencer. Je me laissais aller à l’embrasser, glissant ma langue dessus pour mieux repartir vers son oreille.

« Je vais te rendre encore plus fou...»

Le sourire aux lèvres, je repartais sur ses clavicules, descendant sur son torse, traçant mon chemin jusqu’à la lisière de son pantalon décidément bien trop serré pour lui. D’un regard, je fixais la bosse qui c’était formée avec une envie dévorante, puis revenait chercher les prunelles de son propriétaire, mordant ma lèvre pour exprimer tout ce que j’avais en tête. Ma main vint caresser son entrejambe qui ne demandait qu’à être libérée, s’amusant de son enfermement avant que mes mains ne cherchent à l’en défaire avec doigté, sans le lâcher du regard une seule seconde. J’en frissonnais tellement son corps était un appel à la luxure.

L'entendre soupirer de plaisir, glisser ses doigts dans mes cheveux m'encourage à poursuivre, me guide, fait monter le désir. Oh Elio, j'ai envie de m'appliquer, prendre le temps d'explorer chaque parcelle de ta peau avec lenteur, savourer le goût salé au parcours de ma langue. M’enivrer de toi.

Je suis déjà à genoux, ma bouche embrassant son nombril lorsque la main d'Elio s'empare de mes cheveux avec plus de ferveur pour me rappeler à lui. L'excitation monte d'un cran avec la pression qu'il exerce ainsi. Pourtant si mon objectif est plus bas, je remonte docilement quérir ses lèvres. Nos langues se retrouvent pour une danse passionnée. Ma main vient retrouver la joue d'Elio, l'autre le creux de son dos pour le coller à moi, pour ressentir son envie de moi. Je n'accepte de m'écarter que pour le laisser me débarrasser de mon inutile vêtement.

Alors que je pensais pouvoir retrouver possession de son corps, il en décide autrement, me poussant vers le lit, s'invitant au-dessus de moi, me provoquant un délicieux bond dans le ventre. Je me mords la lèvre avec envie sans quitter ses prunelles ardentes. Mes mains viennent se glisser dans son dos de nouveau, parcourant ses hanches, puis de nouveau le creux de son dos, en remontant avant que mes caresses ne redescendent sur ses fesses, les agrippant avec envie alors qu'il m'embrasse à nouveau, me faisant soupirer d'aise.

Sa bouche s'écarte déjà pour s'aventurer sur ma mâchoire, se glissant dans mon cou, me chatouillant, me provoquant de délicieux frissons alors que son souffle parcourt les zones humides laissées par sa langue. Il me murmure des paroles diablement excitantes dans le creux de l'oreille, m'arrachant un soupir languissant, son nom comme une supplique et un appel à la volupté.

« Elio.... »

Mon souffle est de plus en plus erratique à chaque baiser, mes mains se promènent sur lui au gré de ses mouvements. N'ayant plus que ses épaules puis ses cheveux sous mes doigts, je joue avec ses boucles. Mes yeux l'observent, le dévorent. Je suis tendu par le désir, d'autant plus qu'il se fraie un chemin jusqu'au niveau de la ceinture et que de sa main habile il commence à déboutonner mon pantalon. Je ne peux plus le quitter des yeux, va-t-il vraiment ? Oh bon sang, j'en ai tellement envie....

Il ne m'arrête pas, bien au contraire, ne me lâchant pas du regard une seule seconde alors que mes mains finissent leur œuvre, se glissant à la lisière de son pantalon pour enfin libérer son entrejambe. Enfin, presque. Il lui reste encore son boxer, d'une jolie couleur pourpre. Avec lenteur, mes doigts se glissent sur l'élastique de part et d'autre de ses hanches alors que mes lèvres se joignent à la fête prêt de son membre gonflé par le désir. Lentement, je le lui enlève enfin, embrassant son aine, toute parcelle de peau qui se trouve à ma portée en prenant soin d'éviter sa verge. Enfin, le voilà nu, entièrement à ma mercie. Et j'adore ça, j'en frissonne même de plaisir en relevant une dernière fois mon regard vers le sien alors que ma main se glisse sur sa base.

"Elio !! ELIO !!"

J'arrête mon mouvement soudain, prêt à le prendre en bouche. Oh non, c'est Marina. Pas encore ! Je refuse d'être à nouveau interrompu ! Pas maintenant !

" ELIOOOOO !"

Je prête une oreille attentive à ce qui se passe dans le couloir. Elle frappe à toutes les chambres, essaie de rentrer dans chacune d'elles. Dans 2 minutes, elle sera juste derrière la notre. Je me félicite d'avoir pensé à verrouiller la porte. Je n'avais qu'à l'ignorer tout simplement, elle finirait bien par s'en aller ! J'en était où déjà ?

" Elio! Elio ci sei ?! "

Elle est déjà là, essayant de forcer la porte, me faisant me redresser sensiblement. Elle va s'en aller, elle va s'en aller...

"Elio! So che sei dentro! È Rosa, è intrappolata con un ragazzo! Lei ha bisogno di te!"

Je grognais, atrocement agacé, me maudissant soudain d'avoir des sœurs. Pourquoiiiii ?

" Sono occupato Marina! Vai a prendere Sam!"

" Oh oh! Sei con una ragazza? Sam non è stato trovato! Rosa sta andando davvero male Elio! Se n'è andata con questo tizio ... ho paura di cosa potrebbe accadere! "

Je soupire désespérément, posant mon front sur la peau nue du ventre d'Axel. Fait chier. Fait vraiment chier. Lentement, je relève alors la tête vers mon Apollon, aussi désolé que frustré, une fois de plus.

" Rosamaria a des ennuis... Il faut que j'y aille."

Je soupire encore, résigné en me relevant un peu. Bordel je n'ai jamais été aussi frustré qu'à cet instant, je n'ai jamais autant détesté avoir des soeurs sur lesquelles je devais veiller. J'avais pas le choix. Vraiment pas le choix.

" J'arrive ! "

A contre coeur, je quittais définitivement le lit pour tenter de me reprendre, de diminuer drastiquement toute envie de lui et me remettre les idées en place. Soupirant encore, mon regard le cherchait, toujours aussi désolé, alors que je reboutonnait ma chemise.

" Tu... Tu me rejoins ?"

Ca avait vraiment intérêt a être une question de vie ou de mort. Sinon, j'allais définitivement étrangler ma soeur. A regret, je déverrouillais la porte, me glissant a l'extérieur en la refermant dans mon dos.

" T'étais vraiment avec une fille ? C'est quiii ?"

Elle tenta de regarder par dessus mon épaule mais je la repoussais vivement.

" Ca ne te regarde pas ! Aller conduit moi à Rosa."

D'un geste, je la pris par les épaules avant de la retourner, la forçant à faire demi-tour. C'était vraiment pas comme ça que j'imaginais la suite de la soirée.

Elio me déshabille avec habileté, me faisant frémir des pieds à la tête. Une torture et à la fois un délice. Ses doigts qui se glisse sous l'élastique de mon boxer, la douceur de sa bouche qui s'amuse de mon bas-ventre, cela me rend complètement extatique. Mon membre libéré est plus tendu que jamais, n'attends plus que lui, lui qui se fait attendre. J'aime cette nouvelle tension. Nos regards se croisent un instant, je brûle pour lui, je me consume à petit feu. Sa main vient m'entourer, juste un peu, me donnant un avant goût de ce qu'il va me faire subir, j'en frissonne de plaisir, le fixant, ne voulant pas en perdre une miette et puis....

La voix de Marina résonne dans le couloir, appelant son frère. Je repose la tête en arrière, dépité. Pourquoi fallait-elle qu'elle vienne nous déranger ? Mon excitation redescend au fur et à mesure que monte la tension désagréable de l'entendre actionner la poignée de la porte de notre chambre. Je vois bien qu'Elio essaie de faire comme si de rien était, répondant à sa sœur à travers le bois, mais c'est de plus en plus difficile pour lui aussi. A tel point que mon ventre lui sert de support pour un facepalm en bonne et due forme. Je pouffe un peu, lui caressant les cheveux.

« Je crois que tu n'y couperas pas... »

Mieux vaut en rire n'est-ce pas ? Il s'excuse auprès de moi, je lui indique d'un mouvement de tête que ce n'est pas grave. Je n'attends pas longtemps avant de me rhabiller le bas. Puis mon regard cherche ma chemise. Je chuchote.

« Où est ma chemise ? Ah c'est bon, je la vois... »

Je me précipite dessus et l'enfile sans attendre afin de reboutonner tout ça rapidement alors qu'Elio me demande si je le rejoins.

« Oui. »

J'ai envie de lui voler un baiser mais il est déjà dehors, refermant la porte sur lui. Je me sens tellement con. Est-ce que j'attends avant de sortir ? Non c'est impossible, surtout que si Rosamaria a vraiment des problèmes, être deux ne sera pas de trop. J'entendais toujours la voix de Marina questionner avec insistance Elio. Et bien, pour une sœur inquiète, elle est très très curieuse de la vie sexuelle de son frère....Je soupire. Mon regard se tourne vers la fenêtre, peut-être que....

Je m'avance et ouvre la porte-fenêtre qui donne sur un balcon. En bas dans la piscine, la fête bat toujours son plein. Voyons voir....Un balcon se trouve de chaque côté, mais trop éloigné pour une tentative de passage de l'un à l'autre. Me penchant, je me rends compte que descendre sur le balcon d'en-dessous est bien plus simple. Heureusement pour moi, l'interruption de la sœur et la réflexion intense que me demande la situation m'ont bien calmé.

Mes bras vérifient la solidité de la rambarde avant que mon corps ne s'engage par-dessus. Je me réceptionne comme un chat en dessous. Je débarque sans gêne en plein milieu d'un ébat hétéro. Mhm joli fesses....

« Ah ah, désolé je ne fais que passer, j'ai rien vu, continuez ! »

Bon, ils semblent trop bourrés pour me calculer plus que ça, la fille est morte de rire et me propose de les rejoindre.

« C'est gentil hein, mais non merci. »

Je me glisse dans le couloir, cherchant du regard Elio et Marina. Comme un con, je n'y ai pas pensé, je ne sais absolument pas où ils se dirigeaient...merde merde merde... Je commence à demander autour de moi si personne n'a vu Elio et sa sœur, on me fait non de la tête, on me propose à boire, on me pince les fesses, mais personne jusqu'à ce que je me retourne brutalement pour me prendre Marina de plein fouet, suivie de son charmant frère. Je souris à Elio avant de faire le surpris.

« Oh tiens vous êtes là ? »

Heureusement, Marina laisse vite tomber ses questions pour me conduire jusqu'à notre soeur alors que je fini de reboutonner ma chemise correctement. Je suis méchamment a cran alors que nous traversons la villa, évitant comme il se doit les invités pour nous diriger droit vers le jardin. J'espère de tout coeur qu'Axel ne va pas tarder à nous rejoindre, sentant comme un mauvais préssentiment de ce qui nous attends. Pourvu que rien ne soit arrivé à Rosa.

C'est au détour d'un mur que Marina heurte presque Axel de plein fouet. Je lui rend son sourire alors que Marina lui explique rapidement le problème. C'est alors à trois que nous repartons de plus belle. Il ne sera pas de trop, loin de là.

Enfin, j'aperçois la scène qui se profile de loin. Rosa est bel et bien avec un homme qui la colle bien trop à mon goût, tout occupé a tenter de la déshabiller tandis qu'elle essaie visiblement de se défaire de son emprise, sans succès. Rapidement, ma colère monte alors que mes sourcils se froncent, dépassant Marina sur sa lancée.

" EH ! Tu vas la lâcher maintenant !"

Je l'apostrophe d'une voix porteuse de mauvaise augure, mais il ne se retourne même pas. Il m'ignore même royalement avant que je n'arrive à sa hauteur, m'emparant rapidement de son bras retenant Rosa.

" J'ai dit : tu la lâches maintenant ! "

Enfin, il se retourne et je peux voir son visage. J'avoue être choqué en le reconnaissant. C'est Enzo. Le musicien, celui avec lequel j'ai joué et chanté il y a a peine quelques heures. Mais bordel qu'est-ce qu'il fou ?

" Oh tiiiiens te voilaaa toi ! "

Il est complètement déchiré. Et ça ne me plait pas du tout. Ma main s'accroche toujours à son bras, que je m'efforce d'écarter de ma soeur visiblement complètement dans les vapes. Elle tient a peine debout, me regardant d'un air absent. Mais bordel qu'est ce qu'il lui a fait ?

" Oh eh lâche moi hein ! Tu vois pas que je suis occupé avec cette chaudasse ?"

Mon poing se serre en même temps que mes dents alors que je me retiens de le frapper. Garde ton calme Elio.

" Cette chaudasse c'est ma soeur !"

" Ah ouais ? Je croyais que c'était une pute !"

Mon poing est parti tout seul, en plein dans sa face, le faisant lâcher prise sous le choc. Rosa s'effondre presque sur moi alors que Marina fait son apparition pour la prendre sous son aile.

" Répète un peu pour voir !? "

Je suis hors de moi alors que lui a volé à terre, me regardant avec un mélange de rage et d'incompréhension, le nez en sang alors qu'il essaie de se lever sous mon regard rempli de haine. Qu'il se relève vite, que je lui casse sa sale gueule d'enfoiré !

Mon visage blêmit alors que Marina m'explique la situation en quelques mots. Nous n'attendons pas pour repartir, chaque minute compte. Le souffle extérieur achève de me dégriser, puis la semi-obscurité du jardin nous enveloppe. Mon visage est fermé, emplit de colère. Je ne supporte pas qu'une personne profite d'une autre ou la force de quelques manière que ce soit. Si Marina est venu chercher Elio, c'est bien parce qu'elle a senti le danger.

Lorsque j'aperçois dans l'ombre deux corps proches et que je reconnais la magnifique chevelure de Rosamaria, une haine soudaine m'envahit à l'égard de cet enfoiré qui la maintient coincée. Elio n'attends pas pour réagir, je me précipite derrière lui, au cas où cela pourrait mal tourner, mais ce n'est pas à moi de porter la sentence.

Lorsque Elio provoque enfin l'attention de l'agresseur, la surprise m'en décroche la mâchoire. Cet enfoiré de musicien... et dire que c'est moi qui ai poussé Rosamaria vers lui. Je m'en veux. L'échange qui suit est rapide et violent. Je voulais éviter qu'on en vienne aux mains mais la situation est différente de ce que j'avais imaginé et le coup de poing d'Elio est on ne peut plus mérité.

Enzo est à terre, arguant sa haine envers la fratrie. Je ne supporte plus qu'il insulte Rosamaria, je viens l'attraper par le col pour le relever brutalement et maintenir son visage près du mien. Il se met à rire.

« Oh tiens, mais c'est le petit copain jaloux ! »

Je me retiens de lui mettre un poing moi aussi et je le retourne vers Rosamaria, lui maintenant la tête en lui tirant les cheveux.

« Aucune femme ne mérite d'être traitée comme tu l'as fait ! Excuse-toi! »

Ma voix gronde tandis que ce déchet ne se maintient debout que parce que je l'y oblige.

Enzo est salement amoché lorsqu'Axel intervient à son tour sous mon regard. Je suis prêt à revenir à la charge et les mots qu'il emploi à l'encontre d'Axel ne font qu'envenimer les choses. Quand je pense que j'avais conseillé à Rosamaria de tenter sa chance avec lui, ça me rendait malade. Malade et coupable. Quel connard ce gars.

D'un regard vers Rosamaria, je comprends que les efforts d'Axel sont inutiles. Elle est complètement stone, ne réalisant sans doute pas vraiment ce qui se passe autour d'elle. Heureusement, Marina la maintien contre elle comme elle peut, tentant de lui remettre sa robe correctement. Je m'en veux tellement de l'avoir jetée dans la gueule du loup.

Enzo lui ne fait que rire, visiblement hilare de la situation, me faisant redoubler de rage. Il ne s'excusera jamais, même si Axel lui enfonce sa sale gueule à même le sol. Résignée mais autoritaire, ma main se pose alors sur l'épaule d'Axel, tentant d'avoir son attention.

" Viens, on va chercher Camille. La sécurité fera ce qu'il faut avec lui."

Je me retourne alors, découvrant toute l'attention des invités sur nous, visiblement choqués de ce qui se passe, sans doute sans vraiment comprendre. Agacé, je me tourne alors vers Marina en tentant d'ignorer les larmes de Rosa qui vient d'exploser dans ses bras.

" Va à la voiture avec elle. On vous rejoins dès qu'on en aura fini avec lui. "

Rapidement, je m'engage à la recherche de Camille, m'assurant qu'Axel me suit bien avec l'agresseur. Je ne peux pas m'empêcher d'être satisfait en le voyant trainer le musicien par le col à même le sol, nous rapprochant de plus en plus de la maison. Heureusement, nous n'avons pas à aller bien loin, j'aperçois Camille arriver en courant avec deux de ses agents.

" Elio ! Mais qu'est ce qui se passe bon sang ?!"

" Ce connard à essayer de violer Rosamaria, voilà ce qu'il se passe !"

Je pointe l'accusé du doigt en m'arrêtant, totalement hors de moi tandis que notre hôtesse le dévisage d'un air grave.

" Mais enfin... "

" Tu devrais vraiment mieux choisir tes amis Cam ! Si nous n'étions pas arrivés à temps qui sait dans quel état nous l'aurions retrouvée !"

Je lui gueule presque dessus alors qu'elle n'y est malheureusement pour rien. Je ne supporte plus d'être ici, en présence de cet enfoiré en sachant ce qu'il s'apprêtait à faire. C'est trop pour moi.

" Emmenez-le, je vais appeler la police... Vraiment désolée Elio."

" Ce n'est pas à moi que tu dois des excuses."

J'ai presque craché mes mots alors que les agents prennent enfin la relève. D'un regard, je cherche les yeux d'Axel, essayant d'arrêter de trembler de rage.

" Viens, on y va."

Ma main le cherche par automatisme, avant que je me rappelle de notre secret. Je n'ai pas le droit de le toucher, pas maintenant, pas ici. Alors à la place, j'entame juste mon mouvement, direction le parking pour retrouver Rosa et Marina. J'espère réellement que les flics s'occuperont de son cas comme il le faudra.

Ce n'est qu'une fois sur le parking que j'accélère mes pas, droit sur ma voiture où attendent les filles. Toujours inquiet, j'essaie d'avoir l'attention de ma soeur, visiblement toujours dans les vapes.

" Rosa ! Rosa tu m'entends ? Bordel mais qu'est ce qu'il t'as donné pour que tu sois dans cet état."

Je l'ausculte rapidement, vérifiant son pouls et ses yeux. Impossible que ça soit de l'extasie ou quelque chose dans le genre, elle est totalement incapable de me répondre.

" Est-ce qu'elle a vomit ? Elle a dit quelque chose ? "

" Non, rien du tout, elle ne fait que pleurer depuis tout à l'heure. Elio, il faut la conduire chez les flics."

" Non... Pas la police..."

Enfin, Rosamaria ouvre la bouche. Je serre les dents, ne sachant pas quoi faire face à la situation.

" Rosa, il faut que tu portes plainte, sinon il va s'en tirer. "

J'ai à peine fini ma phrase qu'elle s'effondre encore. C'est à l'hôpital que je dois la conduire avant tout.

" Grimpez dans la voiture, on va à l'hôpital."

Sans attendre, je déverrouille la voiture, ouvrant la portière pour laisser Marina se glisser sur la plage arrière avec Rosa. Puis, d'un regard entendu, j'invite Axel à prendre place à mes cotés. En quelques minutes à peine, nous sortons de la propriété.

Je ne le répèterais pas suffisamment, le gars que je tiens par le col est décidément un déchet. Je suis dégoûté. Finalement, la main d'Elio se pose sur mon épaule, je relève la tête vers lui alors qu'il me propose une solution là où je meurs juste d'envier d'enfoncer la sale petite gueule du chanteur dans l'herbe. Je le redresse et l'entraîne avec moi, ignorant les regards. Qu'ils regardent ce gros con avec attention, qu'ils retiennent bien sa tête d'enfoiré !

Entendre Rosamaria pleurer me fait plus mal au cœur que je ne l'aurais cru et si Marina ne lui faisait pas un câlin, probablement que je l'aurais prise dans mes bras pour la consoler. Je me sens vraiment bête de lui en avoir voulu et de lui avoir suggéré le premier venu pour me débarrasser d'elle. Elio finit par conseiller à Marina d'emmener sa sœur dans la voiture. Bien évidemment, pour nous, la fête est terminée.

Je continue de trainer Enzo derrière moi, peut importe comment et lui, lui n'a pas l'air de comprendre grand chose à ce qui l'entoure. J'avoue que je ne suis pas mécontent de livrer le colis puant aux agents qui arrivent vers nous, entourant la maîtresse de maison qui s'inquiète de la situation. Elio monte sur ses grands chevaux sans attendre. Lâchant Enzo, je pose une main sur l'épaule d'Elio, soufflant discrètement :

« Elio, elle ne savait pas.... »

Mais rien à faire, il avait déjà craché sa colère sur Camille qui se ratatinait devant lui, honteuse, confuse. J'essaie de calmer Elio du regard, mais rien à faire, bon je comprends après tout. C'est sa sœur, et ce que ce gars allait faire était irréparable. Je le suis, adressant un dernier signe de tête à Camille avec un pauvre sourire alors que ses deux gorilles emportaient sans mal l'agresseur derrière elle, vers la maison.

Elio a le pas rageur et je fais de mon mieux pour le suivre à travers le jardin, en direction du parking improvisé. Il ausculte rapidement Rosamaria, questionnant Marina sans trouver davantage de réponse. Je me sens comme un con. Incapable de faire quoi que ce soit. Marina suggère la police, mais vu l'état de sa sœur, autant dire que ça ne sert à rien tout de suite. Nous finissons par opter pour l'hôpital.

Le trajet se déroule silencieusement, entre les sanglots de Rosamaria et les paroles apaisantes de Marina à son égard. Une fois garé, je viens récupérer Rosamaria dans mes bras, pour la porter jusqu'aux urgences.

« Ça va aller Rosamaria. »

Mes pas ne s'arrête que lorsqu'un médecin rapplique, nous demandant d'expliquer la situation. Je laisse le soin à Elio et Marina de faire leur rapport en déposant doucement leur sœur sur le brancard. Je replace une mèche de ses cheveux sur son visage bouffi de larmes. Bordel, ça me fait mal au cœur de la voir comme ça. J'espère qu'elle n'a pas pris quelque chose de trop fort... Mon regard la suit alors qu'ils l'emmène pour l'ausculter, n'autorisant qu'un membre de la famille à l'accompagner. Mon regard cherche Elio, s'il a besoin d'y aller, je peux attendre.

Je suis à cran en quittant la propriété de Camille. Bon sang, j’avais encore du mal à y croire. Comment est-ce que je n’avais rien vu chez Enzo ? Comment est-ce que je n’avais rien remarqué d’anormal chez cet enfoiré ? Je m’en voulais, salement, même si nous étions arrivés à temps, avant qu’il n’ai eu le temps de faire quoi que ce soit. J’avais ma petite idée sur ce qu’il lui avait donné, mais le mieux était quand même de foncer à l’hôpital, pour en avoir le coeur net autant pour qu’elle reçoive les soins nécessaires. Oh Rosamaria je suis tellement désolé...

Arrivé à l’hôpital, nous fonçons à la rencontre d’un médecin alors qu’Axel se charge de la déplacer. Marina et moi expliquons rapidement la situation, sous le regard réprobateur du médecin. Un regard qui ne me plait pas du tout mais qu’importe, l’important c’est qu’ils s’occupent d’elle. Le reste n’a pas d’importance. Ils la prennent alors en charge, n’autorisant qu’un seul membre de la famille à l’accompagner. Alors que mon regard se pose sur le brancard qui l’emmène déjà, Marina se tourne vers moi sans attendre.

« Je m’en occupe. Rentez. Je t’appelle dès qu’il y a du nouveau. »

Je serre les dents. Je sais qu’elle a raison, ça ne sert à rien de rester ici à attendre des heures d’avoir des nouvelles. A contre-coeur, d’un signe de tête, je lui donne mon accord, non sans soupirer en la voyant courir rejoindre Rosa. Je ne pouvais plus rien faire pour l’aider à présent, ça ne dépendait plus de moi. Enfin alors, mon attention se portait sur Axel. J’avais besoin de prendre l’air, d’une clope, de digérer tout ce qui venait de se produire. J’avais besoin de lui, aussi. Presque plus que le reste.

« J’ai besoin de prendre l’air. »

D’un sourire forcé, je l’invitais à me suivre jusqu’à l’extérieur, prenant un bon bol d’air une fois dehors, me laissant presque tomber sur le trottoir pour m’asseoir. Mes mains cherchèrent mes cigarettes par habitude, alors que j’attendais qu’il me rejoigne, le regard perdu devant moi.

« Merci. Pour elle. »

J’allumais ma dose de nicotine, tirant dessus en soupirant encore. Quel bordel cette soirée.

« C’était pas vraiment comme ça que j’avais imaginé la soirée. »

Un fin sourire s’invita sur mes lèvres, accordé au regard que je lui lançais à cet instant.

« Comment j’ai pu passer à côté Axel ? Comment ? J’ai rien vu bordel. J’ai passé du temps avec ce connard et j’ai rien vu. Comment j’ai fais pour ne rien voir hein ? »

Ma culpabilité refaisait surface, violente et totalement justifiée, serrant mon coeur déjà bien secoué par toutes ses émotions.

« Je te jure, si les flics le laisse partir, je m’en occuperais moi-même de ce gars. Il s’en tirera pas comme ça. »

Ma main se serra en poing, celui que je lui avais justement envoyé en pleine face un peu plus tôt. Maintenant que l’adrénaline s’était essouflée, la douleur commençait à poindre doucement mais c’était supportable. Le prix à payer pour avoir été un si mauvais frère ce soir.

Finalement, c'est Marina qui s'octroie le rôle de la gardienne. Je regarde Elio qui hausse légèrement les épaules, impuissant. Il est à cran, il ne sait pas où regarder depuis que les médecins ont emmené sa soeur. Son autre soeur disparaît à leur suite. Mais avant que je n'ai le temps d'essayer de dire des choses rassénérantes, Elio assène son besoin de prendre l'air.

« Je t'accompagne. »

Certes il m'a fait un signe pour que je le suive, mais....bon. Il s'installe lourdement sur le rebord d'un trottoir, je m'assoie à ses côtés alors qu'il sort machinalement de quoi fumer. Je soupire. J'ai envie de le prendre dans mes bras, mais je ne sais pas si je peux. Il me remercie. Je secoue la tête avant de souffler doucement. Je me sens tellement coupable...

« Ne me remercie pas... »

Il continue de s'énerver. Je l'écoute sans rien dire. Les imprévus, ça arrive, plus ou moins sympathiques....mais en attendant, on a évité le pire. Je crois. Il commence à se blâmer pour ce qui est arrivé à sa soeur.


« Elio, tu ne pouvais pas savoir ! Les gens cachent très bien leur jeu quand ils le veulent...et puis, il était tellement défoncé que je ne suis même pas certain qu'il s'est rendu compte de ses actes.... ça ne les excuse pas bien sûr, mais s'il te plaît ne te culpabilise pas pour ça, il avait l'air sympa. Beaucoup de gens sympas sont des connards profonds. »

Je hausse les mains, le plat vers le haut, un peu fataliste avant de regarder de nouveau Elio qui à présent s'inquiète qu'il n'y ait pas représailles.

« Si Rosamaria accepte de porter plainte, avec tous les témoins de la soirée, il n'y aucune raison qu'il y échappe. Et si jamais ces flics sont des loosers, je serais ravie de te le tenir en sac de frappe. »

Je souris à Elio, essayant de détendre l'atmosphère avant de finalement lui passer un bras autour des épaules et de le caler contre moi. Mon menton s'appuie sur sa tête.

« Pas trop mal au poing ? »

Ma main libre vient doucement chercher la sienne. Je voulais lui proposer de rentrer et en même temps, je pense qu'il est préférable d'attendre qu'il se calme un peu. En tout cas, je pense lui proposer de conduire. Il a besoin de se détendre à présent.

La réplique d’Axel me fait lâcher un nouveau soupir. Oui, évidemment, il y a des connards partout mais.... Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que si j’avais fait plus attention, j’aurais pu m’apercevoir qu’il était dangereux, plutôt que d’être égoïste et de ne vouloir que passer du temps avec lui. Je m’en voulais et je sentais que lui aussi. Au final, on avait merdé tous les deux et maintenant, je priais juste pour que Rosamaria se remette vite. Et que ce connard paie, d’une manière ou d’une autre.

Je lui réponds d’un sourire lorsqu’Axel me parle de sac de frappe, amusé. Au moins nous sommes sur la même longueur d’ondes. Et ça me plait, ça à le pouvoir de me rassurer un peu alors que je tire une fois de plus sur ma cigarette. Je le laisse glisser son bras par dessus mes épaules, me caler contre lui alors qu’il pose sa tête sur la mienne. J’en profite pour fermer les yeux, juste quelques secondes, le temps de profiter de son parfum et de tenter de me calmer un peu, de profiter de ses bras pour m’apaiser. Et ça fonctionne, un peu.

« Ca va, c’est pas grave. Je pense que c’est plutôt demain que j’aurais bien mal. Ou même cette nuit. C’est un maigre prix à payer pour Rosamaria. »

Mon poing se serre, puis se relâche alors qu’il s’empare doucement de ma main meurtrie. Il se fait doux, tendre, une fois de plus. Est-ce que je m’y ferais ? Et si on nous surprenait ? Tant pis, pour le moment je m’en fiche, je veux juste en profiter un peu. Affichant un sourire, je fini tout de même par relever la tête, cherchant son regard. Au final, Axel était bien différent de tout ce que j’avais imaginé au départ et cette attention qu’il me portait, je la chérissais chaque seconde un peu plus.

« Ca te dit qu’on aille faire un tour ? J’ai pas la foi de rentrer maintenant. »

Mon sourire était à la fois gêné et sincère. J’avais besoin de me reposer mais j’avais surtout besoin d’être tranquille, avec lui, quelque part où personne ne pourrait venir nous interrompre d’une quelconque manière. Peut-être là où je l’avais emmené à notre premier matin ensemble ? L’idée me paraissait assez séduisante pour qu’il accepte.

« On pourrait retourner à la vieille tour, l’endroit est splendide même si on reste dans la voiture. »

Le voir sourire un peu me rassure. Il a encore un peu d'humour noir, c'est bien. Il finit par accepter de se caler contre moi. De toute façon, à cette heure-ci, à cet endroit, il n'y a personne pour nous voir et quand bien même, je m'en fou. Le plus tendu serait sa sœur, mais il n'y a aucune raison qu'elle revienne, elle doit déjà s'imaginer qu'on est partis. Bref, aucun risque pour ça à l'horizon.

J'apprécie ce moment à sa juste valeur. Le silence entrecoupé par la cigarette qui se consume, le souffle d'Elio qui expulse la fumée. Sa chaleur contre moi, mon cœur qui entame une course rapide, l'odeur de ses cheveux qui me chatouillent le nez. Rien que nous deux. Bien sûr, dans un coin de ma tête, il y a toujours cette inquiétude pour Rosamaria, mais je sais qu'elle est entre de bonnes mains et si quoi que ce soit changeait, Marina ne manquerait pas de nous contacter.

Alors qu'Elio commente l'état de sa main, je soupire un peu avant de caresser doucement ses doigts pour ne pas lui faire mal. Il finit par chercher mon regard. Je retrouve notre complicité, je le sens un peu plus détendu. Je lui souris presque timidement alors qu'il me propose d'aller faire un tour.

« Avec plaisir. »

Je plonge dans son regard, cherchant l'autorisation de l'embrasser. J'ai cruellement envie de le faire d'un coup. Mais il reprend la parole, proposant un lieu. Je souris alors plus franchement. Les baisers attendront donc la magnifique vue. J'essaie de repousser les idées lubriques qui me traversent de nouveau l'esprit à l'évocation de la voiture. D'un autre côté, je me dis qu'il serait peut-être préférable d'attendre un autre moment pour reprendre où l'on en était, si tenté qu'il veuille recommencer. Je me détache doucement d'Elio pour me relever, puis je lui tends la main pour qu'il m'accompagne jusqu'à la voiture, à deux pas.

« Tu conduis ou je conduis ? »

Ma proposition lui plait, il accepte d’un sourire timide qui se mue plus franchement à l’évocation du lieu dit. Cet endroit lui plait visiblement autant qu’à moi, même si cette fois, nous n’irions pas grimper en haut de cette magnifique tour. Alors, sans attendre, il se détache de moi, m’invitant de sa main à l’accompagner jusqu’à la voiture. Il a raison, autant ne pas perdre de temps. Rosamaria me reste dans la tête, si bien que d’un mouvement, je vérifie que mon téléphone est bel et bien dans ma poche. Si jamais il y a la moindre nouvelle, je le saurais. Autant essayer de penser à autre chose et se remettre de ses émotions.

« Je conduis. Après tout je connais le chemin. »

Je lui offre un doux sourire. Ca risque d’être un peu douloureux avec ma main mais tant pis, il n’y en a de toute façon pas pour très longtemps. D’un même mouvement, nous prenons à nouveau place dans le véhicule. Cette fois, aucune de mes soeurs n’est présente pour nous déranger. Il n’y a que lui et moi. Et rien que cette pensée fait battre mon coeur à nouveau un peu plus vite. Concentré sur la route, je ne manque néanmoins pas de le regarder dès que l’occasion se présente. C’est quelque chose que je me prends à aimer faire de plus en plus. Juste, le regarder. Admirer ses traits, ses expressions, essayer de deviner ce qui se passe dans sa tête. Tenter de capter son regard me donnant toujours autant de frissons. Une fois encore, je me demande pourquoi est-ce qu’avec lui, tout me semble si différent, pourquoi chaque geste me parait aussi naturel que de respirer, maintenant que j’ai arrêté de vouloir à tout pris repousser mon attirance pour lui. Je me sentais petit à petit plonger dans un océan bien trop profond et immense, capable de m’engloutir en une fraction de seconde, mais plus je m’en approchais et moins j’en avais peur.

Je serrais le frein à main une fois arrivé à destination, au pied même de la tour. La vue était évidemment moins belle que de là-haut mais nous étions tout de même en haut de la colline, surplombant une nouvelle fois la ville. Bientôt, le petit matin se lèverait, entrainant sans doute le peu d’énergie qu’il nous restait après une nuit pareille. Soupirant, j’ouvrais les fenêtres en me calant un peu plus dans mon siège, me mettant à mon aise sur le beau cuir de ma voiture. A nouveau, mes yeux le cherchèrent, un sourire s’invita sur mes lèvres. J’étais bien ainsi, enfin détendu, loin de toute agitation. Avec lui. Et ça me faisait un bien fou.

« Merci d’être venu avec moi ce soir. Malgré mes soeurs et... tout le reste. J’ai aimé le temps qu’on a passé ensemble. »

Je me sentais rougir à la fin de ma phrase. Comme quoi le trac d’être seul avec lui ne s’était pas estompé longtemps. Fuyant son regard, je fixais l’horizon en essayant de reprendre contenance. J’espérais qu’il y aurait une prochaine fois, cette fois rien qu’à nous deux, loin des amis, de la famille et de toute soirée plus ou moins arrosée. A croire que j’étais devenu insatiable.

Bon visiblement je n'aurais pas l'occasion de conduire sa belle voiture... J'aurais essayé. Elio prend les commandes après avoir accepté mon aide pour se relever. Rapidement nous quittons le parking de l'hôpital, non sans lancer un regard vers le bâtiment faiblement éclairé dans l'obscurité. Lorsque nous sommes un peu plus engagés sur la route, je lui demande si je peux mettre un peu de musique. J'ai l'impression que cela nous fera du bien, de diriger nos pensées vers autre chose. D'autant qu'encore une fois, je ne sais pas quoi dire. J'ai..peur d'être maladroit. Et puis est-ce qu'on va devoir en parler aux parents ? Oui forcément..comment cacher ça...

Nous arrivons bien plus vite au sommet de la colline que la fois où nous l'avions gravi à pieds. De cette nuit là, je me souviens avoir gardé la main froide d'Elio dans la mienne, mais aussi d'avoir outrageusement regardé ses fesses à la moindre occasion. On ne se refait pas. Mais cette nuit et ce lever de soleil promettent d'être tout à fait différents. Je me surprends à sourire un peu, battant le rythme de la musique du plat de ma main sur ma cuisse.

Une fois garés, je baisse le son puis l'éteint complètement, respectant le calme alentour. C'est un silence si apaisant que je n'ai aucun mal à le supporter. Elio se met à l'aise, j'en profite pour le regarder avec un petit sourire jusqu'à ce que ses prunelles viennent se ficher de nouveau dans les miennes. J'aime beaucoup trop l'effet que ça me fait. Bientôt je pourrais admirer les différentes couleurs qui habillent ses iris et je suis sûr que sous le lever du soleil, ce sera magnifique. Les paroles d'Elio résonnent alors dans l'habitacle, presque comme une confession, se terminant par d'adorables couleurs sur ses joues, du moins, je pense, vu la petite moue gênée qu'il aborde.

« Moi aussi. »

Alors qu'il détourne le regard, je me penche vers lui, pour quérir un baiser, doucement, ma main se glissant sur sa joue, puis recouvrant sa mâchoire. Mes lèvres se déposent doucement sur les siennes, puis de nouveau je le regarde.

« J'aime chaque instant passé avec toi. »

Ma bouche se repose sur la sienne, plus intensément cette fois. Ma langue cherche une ouverture pour venir rejoindre la sienne, avec douceur. C'est incroyable cette envie de l'embrasser, encore et encore... Quel sort m'as-tu jeté Elio ?

En un baiser, Axel réussi a faire s'envoler la gêne de mes joues. Il a aimé, lui aussi, passer ce temps avec moi, malgré tout ce qui a pu se produire pendant la soirée, toute cette frustration accumulée. Lorsqu'il relâche mes lèvres pour mieux les reprendre ensuite, j'ai l'impression de sentir mon coeur fondre pour ses paroles. Le beau parleur semble être de retour mais... Ça me plait. Énormément en cet instant. Sa main sur ma joue me fait frissonner alors que ma langue accueille la sienne contre elle avec envie, soupirant contre ses lèvres. A nouveau, il me fait un effet de dingue rien qu'avec ses baisers, ses lèvres autoritaires et sensuelles contre les miennes. Mes mains s'accrochent à lui dans sa nuque, à son bras, tentant de le rapprocher encore, de ne surtout plus le lâcher. J'adore ça, tout ce qu'il provoque en moi en seulement quelques coups de langue et je ne fais qu'en redemander, encore et encore.

Il ne m'en faut pas plus pour provoquer mon envie, revenue bien vite à la charge. Il y a quelques heures, je n'avais même pas eu le temps de lui prouver mes dires, de ne serait-ce que d'essayer de le rendre plus fou de moi qu'il ne l'était déjà mais cette fois, rien ne semblait pouvoir m'en empêcher, à part peut-être cette envie brûlante de sentir ses baisers sur mon torse à nouveau, de sentir à quel point lui aussi avait envie de moi. Alors je me contentais de le provoquer, de mordiller ses lèvres si tentantes, de m'amuser à le chauffer rien qu'avec nos baisers, avec mes mains qui parcouraient déjà son corps comme elles le désiraient, accrochant son dos, sa nuque, ses bras, tout ce qu'elles pouvaient pour le faire mien, pour qu'il m'appartienne enfin.

Mon cœur s'emballe au fur et à mesure que notre échange se fait de plus en plus intense. Sa langue vient rejoindre la mienne avec une sensualité qui ne me laisse pas de marbre. De nouveau mon pantalon se tend et mon souffle se saccade. Entendre ses petits soupirs entre chaque baiser me rend complètement fou. Ses mains viennent s'accrocher à moi, me parcourent où elle le peuvent alors que je me maintiens comme je le peux en équilibre au-dessus de lui, dans l'habitacle de la voiture.

Mes lèvres se détachent un instant des siennes pour se plonger dans ses prunelles. Mon front posé contre le sien. Je lui souris, légèrement essoufflé.

« Ça te dirait de sortir admirer le soleil levant, sur l'herbe ? »

Mon ton est lourd d'ambiguïté. Il est évident que je sous-entends des activités lubriques loin de la sage admiration du ciel d'été. Mais je trouve ça plus élégant que de lui proposer de s'allonger sur l'herbe pour que je puisse le dévorer à mon aise. Je n'ai pas besoin d'attendre longtemps pour avoir l'approbation de mon bel italien. Je l'embrasse de nouveau avant de reculer pour sortir de la voiture. Je fais le tour, aussi rapidement que me le permet mon érection avant de lui ouvrir la porte pour l'attirer à moi. Je referme la portière derrière lui avant de le repousser doucement contre le capot pour l'embrasser plus passionnément. Mes mains se glissent dans son dos, le rapprochent de moi. Je le désire tellement...

Mes mains reviennent vers l'ouverture de sa chemise pour en défaire les boutons. Je veux de nouveau explorer son torse, son ventre, le couvrir de baiser jusqu'à descendre plus bras et le faire monter au septième ciel. J'ai oublié le reste, il est ma seule obsession, lui, sa bouche, ses prunelles qui me veulent.

Ses baisers me font peu à peu perdre la raison, me faisant oublier jusqu’à l’endroit où nous nous trouvons jusqu’à ce que finalement, il nous offre un peu de répit, nous laissant reprendre notre souffle en venant poser son front contre le mien. Je devine son sourire alors qu’il me fait sa proposition, invitant le mien sur mon visage, me mordant la lèvre avec envie. Où il voudra, quand il le voudra, je suis déjà tout à lui avant même que nous reprenions où nous nous étions arrêté il y a quelques heures. Je lui réponds dans un souffle, accueillant une dernière fois ses lèvres avant qu’il ne sorte rapidement dans la voiture, m’arrachant un rire à sa démarche alors qu’il vient m’ouvrir.

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