Klaus entra dans la voiture sur le siège avant côté passager d'une lenteur qui m'affligea quelques peu. Il semblait épuisé, comme s'il venait de vivre la journée la plus périlleuse de toute sa vie. Je l'ai observé longuement d'un regard interrogateur qui inspira alors l'enfant dans le récit de sa journée. " Tu sais papa, je crois que comprendrais jamais les filles. " Bouche bée, je ne répliquai pas. Préférant démarrer la voiture afin de rentrer à la maison. " Elle m'a donné un mot en classe en disant qu'elle me trouvait mignon. Mais quand je suis allé la voir à la récrée, elle est partie en courant. " D'une main, je tapotais l'épaule de mon garçon. Je ne savais que trop bien que les femmes, à n'importe quel âge, avancé ou non, étaient des créatures étranges et complexes dont jamais aucun homme ne saisissait le moindre sens. " Les filles c'est comme ça Klaus. " Il soupira. " Elle t'a dit quoi quand tu lui as parlé la dernière fois ? " Il se racla la gorge, puis regarda par la fenêtre tout en passant son index sur la fermeture éclair de son sac à dos. " Je lui ai parlé d'Ilsa Koch. " Je m'arrête au feu rouge, puis me tourne vers le gamin. " Mais tu parles de ça à longueur de temps ou quoi ? " Il me regarde, de son regard innocent et pur, qui me semble alors si étrange en sachant dans quelle condition il grandissait. Parmi un père assassin et une mère psychopathe. " Mais c'est mon idole ! " Je ris, redémarre la voiture. " Peut-être oui, mais tu sais bien que notre famille, est très loin d'être comme les autres. Tu sais bien que les autres ne peuvent pas comprendre. Si tu veux avoir une vie sociale normale, évite de parler d'Ilsa Koch ok ? " Il fait oui de la tête et se tait. Je me gare dans l'allée de garage ornée de fleurs resplendissantes. Je ne peux m'empêcher de me dire que le jardin est tellement plus beau depuis que le connard de chat n'est plus de ce monde. Je souris, car Klaus se dit exactement la même chose. Il ouvre sa portière avec hâte. Mais avant qu'il ne parte, je l'attrape par le bras. " Oublis pas qu'oncle Dust vient dîner ce soir. " Il rit " T'inquiète p'pa. "
J'entre dans la maison, et vois Avy sortir de la cave couverte de sang. Je fronce les sourcils. Elle me sourit, m'embrasse tendrement sur les lèvres, et se dirige dans la cuisine sans aucune explication. Je la suis machinalement. " Heu... tu m'expliques ? " Elle termine de farcir un poulet rôti, toujours le sourire aux lèvres. " Ah le sang ?! Je suis allée faire des courses aujourd'hui ! " Je fronce les sourcils. " Et ? " Elle met le plat dans le four, et prend les couverts qu'elle a posé sur le plan de travail afin d'aller dresser la table tranquillement. Je la suis. " Et, il se trouve qu'un jeune m'a suivi, et du coup, ça m'a pas plu. " Je prend les couverts et l'aide à finir de dresser la table pour ce soir. " Donc tu l'as tué. " Elle éclate de rire. " Eh oui ! " Je pose les verres. " Et tu l'as mis où ? " Elle soupire. " Dans le congélateur de la cave. " J'écarquille les yeux. " Mais faut que t'arrêtes hein ?! Il n'y aura bientôt plus de place ! " Elle soupire de nouveau. " Je sais bien, c'est pour ça que je les ai tous sortis et que je les ai découpés ! " Je souris, elle est intelligente ma femme. Je l'embrasse sur le front pour monter à l'étage saluer Keira. Je l'aime cette gamine. J'entre dans la salle de bain pour prendre une douche. Klaus entre dans la pièce avec un grand sourire. " M'man a encore tué quelqu'un ? " Je grogne. " Oui ! " Je l'entend s'exciter derrière le rideau de douche. " Cool, je peux aller voir ?! " Je sors la tête de la douche pour apercevoir mon fils plein d'espoir. " Oui mais te salis pas, ta mère les as découpés alors ça pisse le sang. " Il dévale les escaliers et claque la porte de la cave derrière lui. Je finis donc ma douche agréablement, jusqu'à ce que l'on sonne à la porte. Je ferme l'eau, me sèche, m'habille, prend ma fille dans mes bras et va ouvrir la porte. C'est Dust. Je souris. " Hey ça va ? "
Je recule la chaise et soupire, tout en croisant mes mains derrière ma nuque. Enfin j’ai réussi à finir ce chapitre et j’avoue que ce n’était pas gagné. Je lève les yeux vers l’horloge accrochée au mur et soupire. Ma fiancée va rentrer d’une minute à l’autre et je ne sais pas si je dois en être ravi ou non. Aussi, je ferme mon ordinateur et me dirige vers la salle de bain, pour prendre une bonne douche. Mais alors que je passe dans ma chambre, je remarque que j’ai un rappel sur mon téléphone. Je regarde et souris ! C’est vrai que ce soir je suis invitée chez les Wagner ! Et lorsque je vais les voir, je n’emmène jamais ma compagne, afin qu’elle ne soit pas trop traumatisée. Mais un jour, je l’emmènerai sûrement afin de lui faire croire qu’elle perd la tête. Ça pourrait être une excellente solution finalement, de l’emmener dans quelque temps.
Lorsque ma fiancée entre chez nous, je finis d’enfiler ma chemise noire. Elle me sourit, heureuse de me voir. Ce qui n’est pas mon cas, elle m’agace fortement. Mais je me force à jouer mon jeu et avance pour l’embrasser. Elle me demande où est-ce que je vais alors que je me dirige vers la cuisine pour prendre une bouteille de vin. Je soupire et lève les yeux au ciel, et heureusement, elle ne peut pas le voir. Je pose la bouteille à côté de mes clefs de voiture et de mon téléphone, tout en sentant les bras de ma fiancée autour de ma taille. Je pose mes mains contre ses bras, et la rassure. Elle ne veut pas rester seule ce soir, sauf qu’il est hors de question que je ne sorte pas. Surtout que je vais pouvoir voir ma filleule ce soir et ça, ce n’est pas négociable. Je me tourne vers elle et pose mes mains autour de son visage.
-Je vais chez un éditeur ce soir et on dîne ensemble. On doit parler de mon futur livre, c’est pourquoi tu ne dois pas venir, d’accord ? Surtout que ça va être ennuyant à souhait.
Elle me sourit tristement, m’assurant qu’elle comprend entièrement mais qu’elle aurait préféré que je la prévienne avant. Un sourire et un baiser plus tard, elle accepte mes excuses qui sont complètement fausses. J’attrape ma veste et mes affaires ainsi que la bouteille, avant de sortir. Elle m’accompagne jusqu’à ma voiture et je me retiens de l’envoyer balader. Je lui assure qu’elle peut s’endormir sans moi et que je ferai attention sur le retour. Ainsi, quand je rentrerai, je pourrais hanter ses rêves comme j’aime énormément le faire. Je lui fais signe de la main et me mets en route pour le dîner de ce soir. Je suis dans les temps, même légèrement en avance. Je vais pouvoir ainsi passer acheter un petit cadeau à ma filleule, vu que je ne l’ai pas vu depuis quelques temps. Lorsque je passe à la caisse, la jeune-femme me regarde bizarrement lorsque je lui demande de m’emballer le cadeau avec un papier pour enfant. En même temps, ce n’est pas commun d’acheter un ours en peluche tueur pour un gamin. Je lui souris et la rassure, prétextant que c’est un cadeau pour un ami qui provient d’une bêtise entre nous. Apparemment je suis convainquant, puisque son regard change automatiquement. Je glisse la peluche sur la banquette arrière et me glisse ensuite derrière le volant. Je me gare et sonne à la porte, la peluche à mes pieds. C’est Hans qui m’ouvre, Keira dans les bras. Je souris, heureux d’être dans un univers où je peux être moi-même.
-Ca va très bien et toi ?
Je tends mes bras pour pouvoir prendre ma filleule. J’adore cette petite et suis certain qu’elle sera à la hauteur de ses deux parents plus tard. Je tends le cadeau à Hans, en lui faisant un clin d’œil.
-Tiens c’est pour Keira. La caissière m’a regardé bizarrement, je n’ai pas spécialement compris pourquoi.
Alors que son visage change soudainement d'allure, devant plus aimable, plus sympathique, il tend les bras pour recevoir sa filleule. Je la dépose dans ses bras avec le sourire. C'est plutôt appréciable de voir qu'il n'a pas que du mauvais en lui, ça fait même plaisir d'ailleurs de le voir ainsi. Je sais que sa fiancée n'est pas de tout repos, peut-être qu'un jour, Dust trouvera sa Avy. Mais en échange il me tend un cadeau, que je regarde avec amusement tandis que je l'écoute. " Moi je vais bien. Je suis sur le point de faire craquer une patiente. J'en suis à deux doigts. Elle m'a dit qu'elle avait pris tout pleins de cachets y'a quelques jours, mais que sa mère est entrée dans la salle de bain avant qu'elle ne puisse tous les avaler et qu'elle l'a obligée à faire un lavage d'estomac. Pas d'bol. " J'observe le paquet qui semble assez mou, tandis que je me pousse afin de laisser entrer mon ami. Je ferme la porte derrière lui tandis que je soupèse l'objet. " Je me demande ce que c'est. Si on l'ouvre et que Klaus n'est pas là, il va encore râler. " Je le fais entrer dans la salle à manger où Avy commence à poser l'apéritif, une bouteille de vin dans la main, elle observe le nouveau venu avec un sourire. " Quel charmant tableau ! Je te vois bien père un jour Dust ! Ta fiancée n'est pas là ? " Je me racle la gorge. Pour Avy, ce n'est pas évident de comprendre que la vie des autres ne ressemble pas à la notre. Elle se demande certainement pourquoi Dust refuse de venir avec sa compagne, malgré le fait que nous en ayons déjà expliqué, encore et encore. Elle sait qu'au fond, ici, rien est normal. Et elle sait que Dust cache certains aspects de sa vie à la face du monde. Mais c'est ainsi, Avy est optimiste, et croit que toutes les femmes sont comme elles, compréhensives. " Assieds-toi enfin reste pas debout ! " S'écrit-elle avec son éternel sourire. Je l'invite à s'asseoir et appelle Klaus, qui s'empresse de remonter, recouvert de sang. Je l'observe longuement. Tandis que ma femme se met en colère immédiatement, reposant la bouteille de vin sur la table d'un coup ferme. " KLAUS ! Je t'ai déjà dit de ne pas jouer avec les cadavres qui viennent d'être découpés ! Tes vêtements sont neufs bordel ! Je vais devoir les brûler désormais ! On est pas riches tu sais ? Je n'ai pas la possibilité d'aller t'acheter autant de vêtements ! " Mais il n'écoute pas, la seule chose qu'il voit, c'est Dust. Il sourit et se jette sur lui, cependant je l'arrête. " Klaus ne salis pas ton oncle ok ? N'oublis pas que ce qu'il y a dans la maison ne sort pas de la maison. Si tu le tâche, ce serait mal venu. " Il sourit timidement avant de faire demi tour pour aller se changer. " Alors ta fiancée ? Quoi de neuf ? "
Commentaire
Dernière édition par Hans Wagner le Mer 13 Juil - 12:24, édité 1 fois
Je prends ma filleule dans mes bras, le sourire aux lèvres, faisant un échange avec le cadeau que j’avais ramené. Je pense que la peluche plaira à Keira, restant dans l’ambiance familiale. Lorsque j’ai la petite dans les bras, je me dis que ça ne me gênerait pas plus que ça d’avoir un enfant comme Keira. Sauf que je retombe très vite dans la réalité, car je n’en veux pas avec ma fiancée actuelle. J’ai déjà bien du mal à la supporter elle, ce n’est pas pour avoir un bambin à charge qui lui ressemblerait ! Je rejette ses pensées bien vite lorsque je vois le regard de Hans changeait en prenant le paquet.
Je l’écoute me parler de sa patiente et me retiens de rire. J’ai toujours admiré cet homme qui est un gardien, mais qui se comporte comme un cauchemar. Comme certains disent, on ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis. C’est la même chose pour Hans. Il n’a pas voulu sa nature, mais il a trouvé seul la nature qui lui correspond parfaitement. Je sais pertinemment qu’il arrivera à faire craquer sa patiente ; il a ça dans le sang. Mon ami se pousse pour me laisser entrer, et Keira dans les bras, je passe le seuil de la porte, Hans derrière moi.
-C’est vrai que c’est la chance à pas de bol là … Mais tu réussiras à la faire flancher, j’en suis persuadé.
Hans précise qu’il faut mieux attendre son fils pour ouvrir le cadeau. J’hoche la tête, montrant ainsi que je suis d’accord. Après tout, maintenant qu’il est là, Keira peut bien attendre quelques minutes avant de l’avoir. Je ne donne aucun indice à Hans, me demandant comment il réagira en voyant ce que j’ai acheté à sa fille. J’avance dans la maison qui ne m’ait plus inconnue, Hans non loin de moi. J’arrive dans la salle à manger et souris. Avy, la femme d’Hans, est en train de préparer l’apéritif, une bouteille de vin à la main. Mon sourire se fige lorsque j’entends la question de la jeune-femme. Elle connait pourtant ma situation, mais elle reste toujours optimiste. Mais elle n’a peut-être pas tort, il faudrait que j’emmène un jour ma fiancée.
-Je l’emmènerai un jour, quand elle sera prête à vous voir, c’est promis.
Soit dit, quand elle sera encore plus bas qu’actuellement, et que je pourrais la faire passer pour folle. Mais je me retiens d’ajouter ce détail à voix haute, sachant qu’il ne servira à rien. Ma fiancée ne comprendrait pas le mode de vie des Wagner, c’est une certitude. Elle est trop fleur bleue pour le supporter. Avy me sort de mes pensées en m’indiquant de m’asseoir. Je prends donc place sur une chaise, Keira toujours dans les bras. Je crois bien qu’elle commence doucement à s’endormir. Hans appelle Klaus et je me rends compte que le jeune-homme n’est pas dans la pièce. Il arrive, couvert de sang. Avy se met en colère et je regarde Klaus avec amusement. Il n’écoute pas sa mère, mais s’apprête à me sauter dessus pour me saluer. Je souris lorsque son père lui rappelle que la vie qu’ils mènent ici, doit rester à l’intérieur de ces murs. Klaus part se changer et je me tourne vers Hans.
-Ma fiancée ? Elle est impossible à vivre ces derniers temps. Je suis content qu’elle soit à la maison, uniquement quand elle dort, si tu vois ce que je veux dire. Sinon, j’ai fini un nouveau chapitre, ce dont je suis fier. Et toi, hormis ta patiente qui était prête à flancher ?