Elio vient de me repérer. Mon sourire s'élargit, s'attendrit. Il est tellement adorable quand il rougit comme ça. J'ai une folle envie de l'embrasser. Pourquoi est-ce qu'il regarde ailleurs ? Il fuit mon regard. Je ne comprends pas. Après tout ce qui s'est passé cette nuit, il ose faire comme si...comme la semaine dernière. Mon expression s'assombrit. Je le vois rassembler ses affaires et se diriger vers la maison. Ah d'accord, c'est sa manière à lui d'être discret ? De nouveau plein d'espoir et absolument certain qu'il n'y a personne, je m'avance, ravi de l'accueillir.

« Salut toi... »

Mais il m'ignore royalement. Il attrape une pomme sans même m'adresser un regard et se précipite hors de la pièce. Comme si j'allais le mordre. Je n'en reviens pas ! Il ose ? Mais il n'y a personne autour de nous !

« Elio ! Attends ! Pourquoi tu t'en vas ?! »

Ma voix résonne dans le hall mais j'entends ses pas qui s'éloignent et aucune réponse. Il va vraiment me faire le coup du timide qui fuit maintenant ? J'ai une moue d'incompréhension. Il a sûrement ses raisons...je soupire. J'ai cru comprendre qu'il a du mal à accepter que je lui plaise. Et monsieur n'est plus assez sous le coup de substances illicites pour me considérer. Quel gamin ! Mon ventre se remet à grogner.

Je décide de laisser Elio tranquille pour jeter mon dévolu sur une banane. Un fruit pour attendre le repas du soir est une excellente idée. Plus qu'un paquet de ces biscuits addictifs... Soupirant, l'âme en peine d'être ainsi délaissé par le bel Elio, je sors me promener dans le jardin. J'ai cruellement envie de le câliner... Après avoir tourné en rond pendant quelques minutes, je me rends de nouveau dans la cuisine pour jeter ma peau de banane, après quoi, je remonte l'escalier, pour aller me chercher un livre.

Avant d'entrer dans ma chambre, je marque un temps d'arrêt derrière la porte de la chambre d'Elio. Ma main s'apprête à frapper et puis, finalement, je renonce. Je suis trop fatigué pour me prendre la tête, il reviendra, n'est-ce pas ? Au petit jeu de qui se fait désirer, je suis souvent le grand gagnant. Je me glisse dans ma chambre, récupère mon téléphone, mon casque et un bon bouquin puis je redescend. Je m'allonge dans le hamac placé dans l'endroit le plus à l'abri des regards avant de lancer ma musique et d'ouvrir mon livre. J'imagine qu'il sait où me trouver s'il daigne m'accorder son attention...Ah Elio...j'ai encore envie de sentir tes mains explorer ma peau... Je me mordille la lèvre inférieure avant de me souvenir que je ne suis pas dans un lieu où tout est permis. J'ouvre de nouveau mon livre. J'en étais où déjà ? Ah oui, l'inspecteur Dawson interroge le suspect numéro quatre.....

Je traverse la pièce sans lui accorder le moindre regard, l’évitant tandis qu’il s’avance vers moi pour me saluer. Non, ne pas tomber dans le piège. Il se montre adorable alors que je suis certain qu’il est déjà passé à autre chose. Je fais le plus vite possible, aussitôt reparti, tentant d’ignorer les paroles qu’il me lance alors que je suis déjà dans les escaliers. Je ne cours pas, mais c’est tout comme, droit vers ma chambre. Ce n’est qu’une fois la porte refermée derrière moi que je m’arrête, appuyant mon dos contre celle-ci en reprenant mon souffle. Non Elio, n’y pense plus. Ne te fait pas avoir. Et pourtant, il avait l’air sincère. Ou bien c’est juste moi qui l’ai imaginé. Il a voulu me retenir juste parce qu’il n’a pas encore eu ce qu’il voulait. Pourquoi faut-il que ce soit si difficile ? J’ai juste envie de redescendre pour fondre dans ses bras, l’embrasser avec la même passion qu’hier, avant que ma famille ne rapplique. Je ferme les yeux, décolle enfin mon dos de la porte. Mon regard se pose sur ma pomme. Je n’en ai plus envie. Je n’ai plus faim. Mes yeux se déplacent vers le sol, là où étaient les vêtements d’Axel lorsque je me suis levé, avec les miens. Un nouveau soupir passe mes lèvres. Il a tout emmené, il ne reste plus de trace de lui dans ma chambre. Sauf peut-être... J’avance vers mon lit, m’empare de l’oreiller sur lequel il a dormi, le portant à mon visage pour le sentir. L’odeur qui y réside m’empli tout entier, me faisant doucement sourire. Si, il est encore là, un peu.

Reposant l’oreiller à sa place, je prends un nouveau boxer, direction la salle de bain. J’ai horriblement besoin d’une bonne douche. Froide de préférence. Mes parents ne vont s’en doute pas tarder en plus. Retour à la réalité Elio. Le repas de ce soir risque d’être encore plus difficile que d’habitude. Lorsque je sors enfin de la douche, je retourne de suite dans ma chambre, essuyant mes cheveux à l’aide de ma serviette tout en me dirigeant vers la fenêtre. Mon regard observe le jardin, essaie de voir si mes parents sont rentrés mais non, ils ne sont pas encore là. En revanche, lui y est, confortablement installé dans le hamac, à l’abri des regards. Je m’appuie à ma fenêtre, ne pouvant m’empêcher de l’observer, même si je ne le vois pas bien. Pendant de longues secondes, je ne fais que ça, le regarder lire, à essayer de comprendre toute l’étendue du problème Axel. La douche ne m’avait pas aidé. L’eau froide non plus. Je te hais, de provoquer tout ça en moi, de faire battre mon coeur bien trop vite en un seul regard, de me faire perdre mes moyens avec tes sourires. Tu me brûles, tu n’as même pas besoin de me toucher pour ça. Ca m’horripile, me déstabilise comme jamais. Je te déteste Axel.

Un crissement reconnaissable se fait entendre, me faisant sortir de ma contemplation d’un coup. Ca y est. Ils sont revenus. La voiture de mon père déboule dans l’allée, pour s’arrêter à quelques mètres de la porte d’entrée. Ils descendent tous de l’habitacle, faisant résonner leurs rires à travers le silence de la fin de journée. Je soupire avant de quitter mon point de vue, me rappelant alors que je suis toujours en serviette de bain. Et bien sec depuis le temps. Je me glisse dans mon short de tout à l’heure, enfile un t-shirt avant de descendre pour accueillir tout le monde, mon sourire habituel peint sur mon visage alors que ma mère me serre dans ses bras. Aller Elio, tu peux le faire.

END