Baby, it's cold outside

William & Gabriel

- Je vois. T'es un peu le mouton noir, c'est ça ? Moins tu vois tes collègues, mieux tu te portes. Je comprends.

Gabriel haussa les épaules. Mouton noir ? Peut-être pas ... Disons qu'on ne venait pas l'emmerder et cela lui allait parfaitement. Il savait bien évidemment rester cordial, sauf quand on lui pompait l'air. Et c'est vrai qu'il lui en fallait peu, il l'admettait. Chacun chez soi et les hippopotames seront bien gardés ... Ou un truc dans le genre.

- Oui, en quelque sorte.

Il était entièrement conscient d'être froid et pas vraiment avenant mais c'était une manière de se protéger des autres. Il aimait son confort et sa tranquillité en réalité. Avec son entourage, comme Jack par exemple, il était plus détendu, plus souriant. Une carapace solide contre les ennuis et les désagréments que pouvaient engendrer les relations humaines.

- Ouais... Je cumule la fatigue. Je dors peu et je bosse beaucoup. Avec mon arrivée ici, ça fait beaucoup de choses à avaler. Mais je me plains pas. La situation pourrait être pire. Au moins je suis pas tout seul dans cette galère.

Les changements n'étaient pas facile. Surtout que d'après ses dires, William n'avait pas fait les choses à moitié. Cela dit, Gabriel sentait que c'était plus profond qu'une simple fatigue suite au déménagement. Il se revoyait un peu lorsqu'il avait appris le coma de Néo. Une fatigue mentale. Celle qui ne s'amenuise pas avec du sommeil mais seulement avec du temps. Beaucoup de temps.

- Je vois. Sans vouloir être médisant, j'aurais largement préféré que tu sois seul dans cette galère. Je ne rêve que d'une chose : Retrouver mon appartement. D'ailleurs, je ne compte pas rester là toute la nuit. Quitte à rentrer à pied, dès que la tempête se calme, je me barre.

Il disait aimer la franchise. C'était un bref aperçu de la sienne.

Gabriel & Will

Une clope et un canapé, que faut-il de plus ?

Baby, it's cold outside

William & Gabriel

- Je comprends. Moi je vais sans doute m'installer dans mon bureau pour passer la nuit. Mon canapé est plus confortable que le lit qui m'attends.

Un sourcil s'arqua sous la surprise et l'incompréhension. Gabriel avait-il bien entendu ? Alors soit il avait effectivement un matelas de fortune, soit la vraie raison était qu'il ne voulait pas rentrer chez lui. Une phrase à double sens, entre autre. Il le fixa pendant quelques secondes avant de secouer la tête :

- Tu es au courant qu'il est strictement interdit d'être dans les locaux après 23 heures ? Sauf cas exceptionnel, comme une tempête par exemple. Mais celle-ci ne va pas durer toute la nuit... Du moins, je l'espère !

Avait-il commencé à mettre le doigt sur quelque chose ? Peut-être. Ou alors, il n'avait simplement pas de voiture et habitait trop loin pour rentrer à pied ... C'était aussi une possibilité. Non, il l'aurait dit directement. Enfin après ça restait un type de Lettres ... Les comprendre relevait parfois de l'impossible.

- Ce sac de couchage va m'être d'une grande utilité. Je ne pense pas que l'électricité reviendra avant demain alors... J'ai au moins ça.

Il est clair qu'il allait se les cailler grave. Un "bon courage" lui effleura l'esprit et brûla ses lèvres avant de s'abstenir de le lâcher. Cela ne se faisait pas en fait.

- Non mais tu comptes sérieusement rester là ? Si c'est un souci de locomotion, je te dépose si tu veux. Tu ne vas quand même pas te les geler dans ce bureau ! Puis tu risques d'avoir des ennuis si cela vient à se savoir.

Non, Gabriel n'allait pas le balancer, qu'il en soit rassuré. L'Université n'était cependant pas un hôtel. Le scientifique tiqua à sa propre pensée. Boucles d'or avait-il vraiment un toit ou non ?

- Rassures-moi ... T'es pas à la rue au moins ?

Gabriel & Will

Une clope et un canapé, que faut-il de plus ?

Baby, it's cold outside

William & Gabriel

- Et quoi ? Ils me virent et après ?

Et bien oui. Mais bon, il semblait s'en foutre alors Gabriel n'insista pas plus même si cela le démangeait fortement. Il s'étira de nouveau, baillant de tout son saoul. Lui aussi était crevé faut croire.

- Non, ça va, ne te donne pas cette peine. J'ai fais pire. Un canapé froid ne me fait pas peur.

Quelle tête de mule celui-là ! Il lui proposait son aide mais monsieur préfère se taper une bonne grippe après une nuit à se les peler. Que grand bien lui fasse ! Ce n'était pas son problème après tout. Lui aussi, il pouvait être borné.

- Ok, comme tu veux !  

Sa réaction face à sa question, pourtant légitime, le fit cligner des yeux.

- What ? Non ! Non, bien sûr que non.... Je suis juste... Disons que je n'ai pas envie de mettre les pieds chez moi, voilà tout. T'inquiète pas pour moi. Sauf si tu veux me dénoncer, y'a pas de raison que ça se passe mal.

Tout doux, Boucles d'Or ! C'était juste une question, pas la peine de s'énerver. Gabriel écarta les bras sur le dossier du canapé, l'observant de haut en bas pendant qu'il était debout. Alors ... Qu'est-ce qui t'empêches de rentrer chez toi ?

- J'vais pas te dénoncer, j'ai plus trois ans. Bon vu que t'as l'air de vouloir rester ici avec ton sac de couchage et ton sandwich ... Je te propose pas mon canapé alors. C'est vrai que celui-là est tellement plus confortable ...
 

Gabriel & Will

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Baby, it's cold outside

William & Gabriel

- D'accord. Si ça te dérange pas. Je te revaudrais ça.

Pourquoi cela le dérangerait-il ? Si Gabriel lui avait proposé, c'était qu'il n'y avait pas de souci. Il était certes un peu connard sur les bords mais pas au point de laisser quelqu'un dormir dans le froid. Collègue ou non. Surtout qu'il ne semblait pas aussi pénible qu'il aurait pu le croire à leur premier échange. Puis, à vrai dire, l'optique de rester seul avant les fêtes de fin d'année ne lui plaisait guère. Il savait que cela allait être déprimant alors il préférait mettre son envie de solitude de côté pour le moment.

- T'inquiète, on verra ça plus tard !

Il cohabitait avec deux chats ... Alors il pouvait largement abriter Boucles d'Or pour une nuit. En espérant juste que ce dernier ne fasse pas ses griffes sur le canapé. A cette pensée, le gardien retint un rire qui ne dépassa pas la barrière de ses lèvres. Au pire, il l'enfermera sur le balcon si c'était le cas ...

- Tu as faim ?

Son interlocuteur le sortit de ses élucubrations internes. Il le regarda avant de fixer le sandwich. Si, il avait faim. Il s'approcha du sacro-saint thon mayonnaise - devinable à l'odeur - et le coupa en deux, lui tendant une moitié.

- Bon appétit ... Prions pour ne pas avoir une intoxication alimentaire avec ce met.

Bien évidemment, il n'allait pas faire de bénédiction à ce repas. Il en avait assez fait plus jeune quand il vivait encore chez ses parents. D'ailleurs, il avait toujours trouvé ça ridicule ... Tout comme la religion en général. Bénir des petits-pois carottes en conserve, très peu pour lui alors un sandwich d'origine inconnue, jamais ! Gabriel se réinstalla correctement sur le canapé pour commencer à manger, vérifiant l'avancée de la tempête :

- Ça à l'air de se calmer dehors ...  

Gabriel & Will

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William & Gabriel

Gabriel prit une bouchée du sandwich et fut agréablement surpris par le goût. Certes, ça restait un morceau de pain et du thon mais ce n'était pas aussi terrible qu'il le pensait. De toute façon, même un truc rassi lui aurait convenu vu la faim qui le tiraillait. Ce repas n'allait pas faire long feu !

- Est-ce que tu vis seul ?

La question qui venait de sortir de nulle part fit avaler de travers le scientifique. Après s'être étouffé quelques secondes et tapoté son sternum comme un abruti, il posa ses yeux sur William. Il ne l'avait pas vu venir celle-ci.

- Oui. Enfin non ... J'ai deux chats. J'avais aussi un poisson combattant avant qu'il ne finisse dans l'estomac du poilu. Triste affaire.

Dit comme cela, ça faisait vraiment mec désespéré qui se console avec des animaux mais la réalité était tout autre. Le premier, sobrement surnommé "Chat", appartenait aux premiers propriétaires de l'appartement. Ils ont cru bon de le lui laisser comme cadeau d'accueil, afin de s'en débarrasser pour pouvoir voyager paisiblement. Belle mentalité, n'est-ce-pas ? C'était un angora blanc, pot de colle et qui foutait des poils de partout. Le deuxième, c'était simplement celui de son frère qu'il avait récupéré suite à son coma, son père étant allergique. Il ne connaissait pas son nom, du coup, il fut renommé "Connard" car la première chose qu'il ait fait en arrivant, ce fut de pisser sur le tapis de sa salle de bain. Tel maître, tel chat ... Un vrai emmerdeur.

On lui avait toujours dit que ces bêtes là étaient des aimants à femmes ... La preuve que c'était un mythe car il n'en avait jamais gardé une plus d'un mois. Bon, peut-être que la faute venait de lui. Probablement même. Mais du coup, les deux félins ne lui servaient pas à grand chose. C'était cependant une compagnie comme une autre, bien que Connard passait son temps à faire chier Chat. Et lui, par la même occasion.

- J'espère que tu n'es pas allergique ou phobique, sinon cela risque d'être un peu compliqué.

Gabriel & Will

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William & Gabriel

- Du tout. J'adore les chats. Ce sont mes animaux domestiques favoris. Mes parents m'en ont offert un quand j'étais ado, je l'ai gardé longtemps. Je n'en ai pas reprit depuis malheureusement.

Gabriel n'avait pas demandé autant de détails mais soit, au moins il n'était pas allergique aux chats. Pour sa part, il préférait largement les chiens mais hors de question d'en avoir un dans un appartement. Surtout qu'il aimait ceux de grosse taille, de type malinois ou husky. Des races qui, pour lui, avait besoin de courir et de se dépenser régulièrement. Il en aura un jour, quand des envies de baraque et de campagne lui prendront. Ce qui n'était pas encore le cas, grand citadin dans l'âme.

- Ce sont des chats de races ? C'est quoi leur petit nom ?

Après réflexion, il ne savait pas si le blanc était racé ou non. Celui de son frère était clairement un chat de gouttière.

- Bonne question. Pour l'un, je suis certain que c'est un bâtard; dans tous les sens du terme, se retint-il de dire; Pour l'autre je ne sais pas. Disons que je n'ai pas vraiment choisi d'avoir leur présence. Pour ce qui est des noms, c'est Chat et Connard.

Certes, à l'oral cela paraissait soit très original, soit très stupide. Voire un mélange des deux. Stupidement original, en somme. Il n'y était pas très attaché même s'il ne leur ferait jamais de mal. Ils sont là, point. Gabriel se releva pour aller chercher des verres afin de boire un peu et faire passer le sandwich qu'il venait de terminer. Il servit le soda puis revint s'asseoir.

- Ce sont deux gros sacs qui dorment H24, ils ne devraient pas t'empêcher de dormir. D'ailleurs, je suis très matinal, donc je risque de faire du bruit assez tôt. Désolé par avance si t'es un lève-tard.

Gabriel & Will

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William & Gabriel

- Ça a le mérite d'être original.

Et le mérite de le faire rire. Pas sûr que Néo ait la même réaction face au surnom de son félin. Enfin faudrait déjà que ce dernier se réveille un jour. Gabriel laissa cette pensée de côté, pas très enclin à avoir l'esprit occupé par cela ce soir. Elle lui pourrissait la vie au quotidien, alors pour une fois, il fallait qu'il oublie.

- Ouais, je n'ai jamais été doué pour donner des noms ...

Heureusement qu'il n'avait pas de gosse, sinon pauvre de lui. Il but une gorgée de soda, le goût sucré annihilant celui du thon. Ce n'était pas plus mal, le gardien n'étant pas un fana de poisson.  

- Ne t'en fais pas, je me lèverais en même temps que toi, ce n'est pas un problème.

Il acquiesça, plutôt satisfait de sa réponse. Puis de toute façon, ils vont devoir revenir ici demain, la semaine étant tout juste commencée. D'ailleurs, c'était une journée chargée qui l'attendait, avec des cours magistraux le matin et des travaux pratiques l'après-midi. Les partiels arrivaient à grand pas, juste avant les vacances de Noël et les étudiants devaient mettre les bouchées doubles pour les réussir. Son écrit était prêt, une bonne nouvelle lui qui avait tendance à laisser traîner ce genre de chose.

- C'est fini ! On va pouvoir sortir !

Gabriel sursauta légèrement à cette annonce ainsi qu'au mouvement inopiné de son collègue. Il le regarda aller à la fenêtre, le suivant de près pour vérifier l'état des routes ainsi que les dégâts potentiels. Manque de pot, eux ils avaient le droit à la vue sur le parc et non sur le parking. Vraiment des privilégiés.

Une épaisse couche de neige recouvrait l'herbe, l’étouffant complètement sous son poids. Cela dit, son pick-up avait vu pire et il lui semblait tout à fait possible de rentrer avec. Prudemment, bien évidemment. Bizarrement, il n'avait pas très envie d'avoir un accident et de finir comme son frère. On oublie, on a dit...

- Cela me semble être une bonne opportunité, effectivement. Mais d'abord, rangeons notre bordel ! Gardons seulement les lampes torches, je les ramènerai demain !

En gros, il devait se taper tout le chemin jusqu'au quartier des sciences juste pour un sac de couchage et une part de tarte. La flemme...

- On va juste ranger ici, je me débrouillerai pour le reste. Pas envie de retraverser tout l'établissement !

Gabriel & Will

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William & Gabriel

- On peut y aller je pense. Je te suis !

Gabriel n'avait pour sa part rien suivit. William s'était tellement dépêché de tout ranger qu'il n'avait même pas eu besoin de bouger du canapé. Efficace le dico sur patte ! Il se releva, prenant ses affaires et rejoignit le parking où se trouvait sa bagnole. Elle n'était certes pas très écologique, surtout en ville, mais lui qui aimait faire du camping sauvage ou des excursions dans des lieux reculés, elle lui était plutôt utile. Généralement, il prenait les transports en commun pour aller bosser, sauf en hiver et il avait bien fait. Sinon, il aurait été obligé de rester dormir dans le froid. La route fut périlleuse et longue, dépassant rarement la seconde, le gardien conduisait prudemment afin de ne pas finir dans une vitrine suite à une glissade non contrôlée.

Ils quittèrent le secteur étudiant pour rejoindre les quartiers plus calmes et huppés. Concentré sur sa conduite, il préféra ne rien dire, laissant la musique d'une radio quelconque combler le silence dans l'habitacle réduit. Le trajet dura une bonne demi-heure, ce qui correspondait au temps normal avec le trafic de début de soirée. Voilà pourquoi il prenait le tram ... C'était un calvaire entre les bouchons et les piétons qu'il fallait éviter.

Gabriel se gara au pied de son immeuble, un bâtiment historique et ancien réhabilité en appartement, tout proche du centre-ville. Il aurait préféré être au cœur de ce dernier mais même s'il était aisé, il n'était pas non plus Rothschild. Il avait donc opté pour un bien rentrant dans son budget sans avoir besoin de manger des pâtes les fins de mois. Il descendit de la voiture, attendant que le littéraire fume son énième cigarette et ils entrèrent dans le hall avant d'emprunter les escaliers. L’ascenseur, c'était pour les faibles ... Ou pour le jour des courses.

Une fois sur le palier, il se tourna vers le bouclé :

- Pas de chaussure et surtout, pas de cigarette à l'intérieur. Il y'a un balcon si tu as envie de fumer !

Il ouvrit la porte et pénétra dans sa demeure, bien content de la retrouver. Il quitta godasses et veste qu'il rangea à l'entrée puis jeta ses clefs dans son bol à bordel. L'appartement s'ouvrait sur une immense pièce regroupant la cuisine, la salle à manger et le salon. Tout était moderne, que ce soit au niveau des meubles ou du High Tech. Le scientifique aimait l'épuré et les nouvelles technologies. La chambre ainsi que la salle de bain étaient elles aussi ouvertes, les portes n'existant tout simplement pas et remplacées par des plaques coulissantes. Il ne supportait pas se sentir enfermé d'où l'importance d'avoir de grands espaces là où il vivait.

Ces deux fauves, étonnement, vinrent se frotter contre ses jambes. Il jeta un coup d’œil à l'horloge au dessus de la télévision. Presque minuit, les deux affreux devaient avoir faim. Il se dirigea donc vers la cuisine pour les nourrir et laissa William prendre ses marques :

- Fait comme chez toi ! Je reviens.  

Gabriel & Will

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William & Gabriel

Gabriel remplissait les gamelles des deux affamés qui miaulaient désespérément pour que ça aille plus vite. Il soupira longuement ayant l'impression d'avoir ses étudiants en face de lui quand il disait qu'il avait presque terminé de corriger leurs copies. "Non mais vous vous rendez compte, ça fait au moins quatre jours qu'on a fait ce devoir.", "C'est trop long, dépêchez-vous M'sieur !". Il est de notoriété commune que les professeurs n'en branlaient pas une et n'avait pas de vie sociale à part leurs chères têtes blondes qu'ils essayaient de rendre intelligent. Personnellement, vu le niveau de cette année et à leur place, il ne serait pas pressé d'avoir sa note.

Il posa la nourriture des fauves sur le sol et remarqua la présence de Boucles d'or. Celui-ci s'approcha des chats en plein repas et le propriétaire par procuration eu tout juste le temps d'attraper son poignet pour stopper son geste. Pauvre fou, tu ne tiens pas à la vie toi ...

- A ta place, j'éviterais de le toucher ... Il ne s'appelle pas Connard pour rien et hors de question que je t'amène aux urgences ce soir.

Le ton de sa voix était moins cassant, moins froid. Gabriel était nettement plus serein et plus abordable quand il était chez lui. L'effet cocon protecteur. Il lâcha sa main et se redressa :

- Tu auras tout le loisir de faire connaissance avec eux après qu'ils aient mangé, en attendant, je vais te sortir des affaires pour la nuit.

Il analysa, plus en détail cette fois-ci, l'homme en face de lui. A peu près le même gabarit que lui, parfait pour le prêt de fringues. Il s'attarda légèrement juste pour profiter de la vue qui était somme toute fortement agréable puis se rendit dans sa chambre. Il prit un bas et un haut, une couverture, un coussin et revint vers lui après avoir posé les affaires sur le canapé :

- Je ne sais pas comment tu dors, donc libre a toi de prendre ou non les vêtements. La salle de bain est là-bas, il montra l'endroit du doigt, si tu veux prendre une douche, des serviettes se trouvent dans le meuble sous l'évier. Le frigo est ouvert si tu as faim et je crois avoir fait le tour. Ah si ! Je peux ouvrir le canapé pour que tu aies plus d'espace !

Gabriel & Will

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William & Gabriel

- Merci. C'est royal, vraiment. Merci pour tout. Je suis sûr que je vais dormir comme un roi.

Cela faisait beaucoup de remerciement et de royauté en peu de temps. Gabriel se contenta de hausser les épaules. Sa maman lui avait toujours dit d'être au petit soin avec ses invités ... Vestige de son éducation qu'il essayait d'honorer le plus souvent possible. Bien que la plupart des personnes qu'il ramenait chez lui ne venait pas juste squatter le canapé, à bon entendeur. Cela dit, ce n'était pas le sujet et il lui répondit sobrement :

- De rien, Monsieur le prince.

Il pouffa légèrement, mimant une courbette grotesque avant d'aller fermer les rideaux pour apporter un peu plus d'obscurité. Il avait pris l'habitude de dormir les volets ouverts mais il savait que peu de monde appréciait ce mode de fonctionnement.

- Bonne nuit alors. N'hésite pas à me réveiller si je dors encore quand tu te lèveras.

Gabriel se retourna pour lui faire face et hocha la tête :

- Ne t'en fais pas pour ça, la machine à café te réveillera ! En espérant que cette fois-ci, tu ne casses pas la tasse ... Bonne nuit !

Après cette petite pique ciblée, il alla dans sa chambre, apercevant du coin de l’œil William qui se changeait. Il ferma la porte coulissante non sans un sourire satisfait et se coucha à son tour. Le sommeil allait être plus long à trouver pour lui. Depuis l'incident au monde des songes et son refus catégorique de remettre un panard là-bas, il avait du mal à s'endormir. Il finira par y arriver, une heure plus tard, laissant son esprit divaguer au rythme de ses envies une fois ses paupières lourdes closes. Les rêves se succéderont, sans réel lien entre eux, puis disparaîtront à son éveil, ne laissant aucune trace palpable dans sa mémoire ...