« Néo ! »

Mon cri perça le silence de ma chambre plongée dans le noir. La sueur dégoulinait de mon dos alors que je me relevais avec fracas dans mon lit. Tremblant, j'ouvris grand les yeux sur la pénombre qui m'accueillait, loin du monde des rêves. Je n'avais rien compris. Rien du tout. Néo avait disparu, d'un coup, en pleine explication. Il s'était volatisé comme rien, ne laissant derrière lui qu'un voile de fumée. Comment avait-il pu ? Pourquoi ? N'était-il pas capable de me faire face, après tout ce qu'il m'avait jeté au visage ? Je pris une grande inspiration, tentant de reprendre mes esprits déboussolés. Je glissais mes mains sur mon visage, puis dans mes cheveux. Je n'y comprenais plus rien. Les paroles de Néo tournaient en boucle dans ma tête. Il avait voulu se suicider bordel. C'était pas un putain d'accident. La révélation me toucha en plein coeur. J'étais en état de choc. J'avais du mal à respirer, à avoir les idées claires. Je quittais mon lit pour rejoindre la salle de bain, titubant jusqu'au lavabo où j'activais l'eau, que je projetais rapidement sur mon visage. C'était un cauchemar. Un putain de cauchemar.

Une sonnerie stridente se fit entendre dans la chambre. Je tournais la tête en sa direction en coupant l'eau avant de me précipiter sur le portable. Mon coeur accéléra ses battements dans mon torse alors que je lisais le nom inscrit sur le combiné. C'était Rose, la mère de Néo. Je décrochais sans attendre, fébrile. Je n'eu pas le temps de dire quoi que ce soit. La vérité m'éclata au visage. Il était réveillé. Mon esprit s'arrêta face à la nouvelle. Mon coeur explosa dans ma poitrine alors que la joie me transperçait. Il est réveillé putain. « J'arrive tout de suite. » Je ne lui avais pas laissé le temps de dire quoi que ce soit, j'avais raccroché pour sauter dans les premiers vêtements qui me tombaient sous la main tout en composant le numéro de ma voisine, qui fini par décrocher d'une voix endormie. Deux minutes plus tard, je déposais mon fils chez elle avant de prendre ma voiture, direction l'hôpital.

Je ne sais pas combien de feux rouges j'ai pu griller lorsque j'arrive finalement sur le parking de l'hôpital. Je prends à peine le temps de me garer correctement, guidé par l'adrénaline qui pulse dans mes veines. Les portes de l'établissement s'ouvre devant moi. Je me dirige vers le secrétariat tout en avertissant Rose de ma présence. Evidemment, ils refusent de me laisser entrer dans la chambre. Il est en plein examens, je dois prendre mon mal en patience. Je me retiens d'incendier la secrétaire pour aller sagement m'asseoir sur l'un des sièges à ma portée. Cette attente va me tuer.

La patience fini par atteindre ses limites. Cela fait des heures que j'attends, patiemment, que l'on m'autorise à rentrer, mais rien y fait. Je ne suis pas un membre de la famille, blablabla. Je n'en peux plus. J'ai besoin de le voir, d'arrêter de me passer en boucles le fil de ses derniers mois où nous avons passé toutes nos nuits ensemble, ou presque. J'ai besoin de le toucher, réellement. De croiser l'éclat réel de son regard, même si je n'y verrais sans doute que de la colère. Tant pis. C'est plus fort que moi.

Je finis par décoller mon cul du siège. Je fins d'aller me reprendre un énième café pour m'infiltrer derrière les portiques. Rapidement, je trace ma route jusqu'à sa chambre. La porte se dessine devant moi, j'y entre avant que qui que ce soit ne me voit, avant même d'hésiter à le faire. Ce n'est que lorsque le cliquetis de la poignée se fait entendre que je relâche enfin mon attention. Ma tête se tourne vers le lit. La silhouette de Néo s'y dessine. Il est réveillé. Il est conscient. Putain de merde.

« T'en as mis du temps. »

C'est tout ce qui arrive à sortir de ma bouche à cet instant. Un sourire mal assuré étire mes lèvres. Un sentiment de soulagement m'envahi en un coup. Il est vivant. C'est réel putain.